Le jeune pianiste chinois Lang Lang et l'ancien chef de l'OSM Zubin Mehta, qui nous visitaient récemment à quelques jours d'intervalle, se retrouvent dans les deux Concertos de Chopin sur un disque Deutsche Grammophon réalisé en juin dernier avec l'Orchestre Philharmonique de Vienne.

Le hasard veut que ce couplage en suive un autre, assez récent, du pianiste russe Boris Berezovsky avec l'Ensemble Orchestral de Paris, que dirige John Nelson, chez Mirare.

 

Jamais deux sans trois: Music&Arts a récupéré le double Chopin que Paul Badura-Skoda avait gravé en 1954, sur 33-tours Westminster, avec Artur Rodzinski et l'Orchestre de l'Opéra de Vienne.

Les trois enregistrements ont des qualités, mais ils sont aussi marqués d'imperfections qui empêchent de les recommander.

Chez Lang Lang, les deux concertos suivent cet ordre: le numéro 2 d'abord, le numéro 1 ensuite. C'est l'ordre chronologique de composition des deux concertos; Chopin les publia en ordre inverse. Le jeu de Lang Lang est, à la fois, extrêmement brillant et affecté de ritardandos gratuits et non indiqués qui rompent le discours et attirent l'attention sur le petit virtuose au détriment de la musique.

Mehta a parfois un peu de difficulté à suivre son capricieux soliste; en même temps, il tire le maximum de la mince orchestration de Chopin et souligne tout ce que le basson vient y ajouter, par exemple. Une prise de son d'une exceptionnelle clarté fait de ce disque un must pour inconditionnels de Lang Lang. Les autres iront au suivant.

Boris Berezovsky, lui, ne fait pas de chichis. Il nous donne un Chopin qui, bien que sans grande originalité, possède une pensée et un lyrisme que soutient un accompagnement adéquat. Cette version des deux Concertos de Chopin ne se distingue en rien d'une quantité d'autres et la prise de son est légèrement inférieure à celle de DG.

La version Badura-Skoda offre un intérêt de rareté: le pianiste - maintenant octogénaire - a toujours été associé aux Viennois, de Mozart à Schubert, et pas du tout à Chopin. Conséquemment, son 33-tours des deux Concertos, réalisé en 1954, avait étonné à l'époque; disparu des catalogues, il était devenu pièce de collection. Music&Arts l'a transféré en compact.

La qualité sonore reste acceptable, un demi-siècle plus tard. L'interprétation est fort intéressante aussi: Badura-Skoda apporte à Chopin beaucoup de caractère, proche de Beethoven parfois, il donne un sens aux innombrables traits de virtuosité et l'orchestre de Rodzinski est fougueux, bien qu'imparfait. Suivant la pratique de l'époque, l'introduction d'orchestre de chaque concerto est écourtée et il y a une coupure au finale du numéro 1.

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CHOPIN: LES DEUX CONCERTOS POUR PIANO

LANG LANG

Deutsche Grammophon, 4 777 984

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BORIS BEREZOVSKY

Mirare, MIR 047

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PAUL BADURA-SKODA

Music&Arts, CD-1206 (1)

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