Ils viennent de lancer un septième album. Ils sont en spectacle ce week-end, à la Place des Arts. Et ils s'apprêtent à faire une tournée du Québec. Depuis maintenant 20 ans, Les Petites Tounes font danser les enfants sur des rythmes rock, électro ou, pourquoi pas, country. Et de plus en plus, ils entraînent aussi... leurs parents. Retour sur une carrière musicale prolifique et dynamique, en quatre temps.

Vingt ans de plaisir

C'est la première question qui saute à l'esprit : qu'est-ce qui peut bien pousser ces quatre musiciens depuis toutes ces années à faire des chansons sur les pirates, le camping, et maintenant l'espace, le thème du tout dernier album (Les Petites Tounes dans l'univers)?

«Ce qui nous tient, c'est qu'on aime la musique, on aime les enfants, et on s'en donne à coeur joie», explique Carlos Vergara, cofondateur des Petites Tounes. Et ça s'entend. «Quand on fait de la musique, enchaîne le musicien, on fait de la musique comme n'importe qui d'autre. C'est avec les textes qu'on s'adresse aux enfants.» Avec des refrains archi-accrocheurs, qui ont le don de parler aux enfants («je ne veux pas de poux» à «moi, j'aime bien le chocolat!»), toujours ludiques, qui ne se démodent pas, et qu'on retient par coeur pour longtemps. Pour eux, c'est aussi une deuxième nature, car tous les membres du groupe ont gravité des années dans le monde de la petite enfance, que ce soit en garderie, en service de garde ou en enseignement de la musique.

De plus en plus populaires

Au fil des années, Les Petites Tounes ont récolté trois nominations à l'ADISQ, en plus de remporter le Félix du meilleur album jeunesse de l'année en 2011. Depuis 2013, Télé-Québec diffuse aussi des capsules de trois minutes les mettant en vedette, eux, leurs instruments et leurs rythmes entraînants. Ça ne fait aucun doute, cette présence médiatique a grandement contribué à décupler leur notoriété. «Ces capsules ont changé la donne», confirme Carlos Vergara. Si, par le passé, pour rejoindre les enfants (rappelons que la musique jeunesse n'est pas diffusée à la radio), il leur fallait distribuer des dépliants dans les garderies (!), aujourd'hui, grâce à la télévision, il n'est pas rare que les musiciens se fassent reconnaître dans la rue! «Dans nos spectacles, il y a de plus en plus de monde!» Ce qui est une bonne nouvelle, quand on sait que, par ailleurs, plusieurs artistes jeunesse en arrachent, comme en témoigne la sortie surprise d'Annie Brocoli, qui a mis un terme à sa carrière jeunesse l'automne dernier.

De plus en plus respectés

Dans l'industrie, le groupe est aussi de plus en plus connu, donc respecté. Les musiciens se souviennent de cette époque pas si lointaine où ils se présentaient à des festivals sans qu'une scène leur soit réservée, à peine une planche de bois, et sans le moindre matériel de son à l'horizon...

«On est déjà arrivés sur une scène et il n'y avait pas de soundman, et juste deux micros accrochés...», se rappelle Carlos Vergara, cofondateur des Petites Tounes. Aujourd'hui, le groupe se déplace à six: avec ses quatre musiciens, un directeur de tournée et un sonorisateur. Quand ils arrivent sur une scène, ils débarquent avec tout l'attirail de n'importe quel groupe musical, sans parler de leurs nombreux (et étranges) instruments: de la batterie (électro) au banjo en passant par la mandoline et le thérémine. «Mais on nous sous-estimait parce qu'on fait de la musique pour enfant...», glisse Claude Samson, cofondateur et guitariste des Vilains Pingouins à ses heures. Si, aujourd'hui, ils ressentent nettement plus de «respect», c'est parce qu'ils ont aussi fait leurs preuves: «Ils voient qu'on assure! On livre la marchandise», dit-il.

De plus en plus rock

Autre nouveauté: Les Petites Tounes ont tranquillement délaissé les comptines (même si on assure toujours chanter l'inégalable Prout-prout en spectacle) pour oser des sons plus rock, voire carrément métal. «On ose davantage faire de la musique que les parents écoutent, parce que les enfants l'écoutent aussi», poursuit Claude Samson. C'est un fait: de nombreux parents lèvent le nez sur la musique jeunesse, et de nombreux jeunes écoutent de facto la musique de leurs parents. Les Petites Tounes rejoignent les deux générations avec brio: les parents avec leur musique, et leurs enfants avec leurs textes. Qui dit mieux? «Si une toune sonne comme AC/DC, les parents voient nos clins d'oeil. Et les générations se rassemblent...»

En spectacle dimanche, à 14 h à la Cinquième Salle de la Place des Arts, supplémentaire à 16 h 30.

En chiffres

- 20 ans

- 7 albums

- 40 000 albums vendus

- Plus de 100 chansons

- 800 spectacles pour 240 000 enfants

PHOTO FOURNIE PAR LES PETITES TOUNES

Martin, Carlos, Éric et Claude, les quatre membres 
des Petites Tounes