Véritable nostalgique dans l'âme, l'interprète de La ballade des gens heureux et de Voici les clefs sera du spectacle La tournée des idoles, le 25 mai prochain au Centre Vidéotron, pour célébrer les grands succès des années 60 aux côtés d'artistes comme Plastic Bertrand, Michèle Richard, Sheila, Patsy Gallant, Enrico Macias et Claude Barzotti.

Discussion sur fond de mélancolie avec celui que les médias français ont baptisé le Petit Prince de la chanson.

Êtes-vous de nature nostalgique?

La nostalgie chez moi, c'est très profond. Je trouve que les humains se comportent de façon inconsidérée depuis longtemps pour des miettes de rien, des questions de pouvoir. Dans le monde animal, personne ne cherche le pouvoir, car chacun a sa raison d'être, de compléter le schéma de la vie. Les humains passent leur temps à tout bousiller sans tenir compte des conséquences des guerres qu'ils mènent. Ma nostalgie est liée à mon respect, à ma passion pour la nature. J'avais sorti cet album en 1978, Nostalgies. Ça m'avait pris deux ou trois ans à le faire. J'étais déjà prêt à écrire et à défendre cette idée-là. Je reste un peu le chanteur de ces choses-là, de la nature. On peut toujours se moquer, mais je sais que le public a toujours été très sensible à cette attitude que j'ai vis-à-vis du monde et de ses habitants.

De quelle époque êtes-vous le plus nostalgique?

Ce n'est pas une question d'époque. Je le dis dans ma chanson Nostalgies: «Ma nostalgie est différente/On m'a pas fait de souvenirs». On m'a privé de mes souvenirs, je me les suis faits. C'est bien plus que de la nostalgie. Quand j'étais petit, la Normandie était propre. Il y avait des vaches, il n'y avait pas de blé. On faisait juste assez de céréales pour nourrir nos animaux. Même chose au fond du Cantal ou de l'Auvergne. On était encore des humains qui plantaient des graines et vivaient, replantaient des graines et la vie avait du sens.

Quelle est l'histoire derrière l'écriture de Nostalgies?

Mon ami Didier Barbelivien et moi improvisions chacun de notre côté et on a reconstruit ça à notre façon. Je l'avais entamée avant de la lui montrer. On est plus forts à deux. Ç'a été un énorme succès. Le double album n'existait pas et j'ai conçu Nostalgies. Il y a plus de 20 chansons, dont une de 15 minutes. C'était très osé pour l'époque. En trois mois, on était à 350 000 albums vendus!

Quel regard portez-vous sur la musique d'aujourd'hui? Êtes-vous aussi nostalgique musicalement parlant?

Aujourd'hui, je n'aime pas du tout ce qu'on fait. Il y a des espèces de trucs avec quatre mots idiots répétés en boucle. Ça me rend fou! Les radios chez nous ne passent plus que ça et les Énergie Awards les célèbrent. Avant, les chansons avaient du sens. On fait du bruit aujourd'hui. Je n'ai rien contre, mais ça ne m'intéresse pas. Il y a des gens qui feront toujours des choses formidables, émouvantes et touchantes, bien sûr, comme Vianney qui est dans la nouvelle vague chez nous. C'est un auteur qui aurait pu être de mon époque. Je l'ai rencontré il y a cinq ans et on est devenus très amis. Je n'ai rien contre les nouveaux, mais tout contre ce qui est laid, inutile et exacerbant.

Pourquoi avoir accepté de participer à La tournée des idoles?

J'avais un peu abandonné le Québec. C'était un peu l'idée du producteur de me faire revenir faire La tournée des idoles pour ensuite annoncer ma tournée au Québec. Faire deux chansons comme ça dans le spectacle n'est pas ce qui m'excite le plus, mais si c'est pour raccorder le coeur à coeur avec les Québécois, je suis ravi de le faire. Pendant une vingtaine d'années, j'étais régulièrement au Québec. J'ai fait de grosses tournées. J'ai arrêté, car j'ai travaillé avec des gens pas très sympas. Le public québécois n'a rien à voir là-dedans! Se faire escroquer, une fois, deux fois, trois fois... On se dit: ce ne sont pas des gens sérieux, on va arrêter.