Daniel Boucher n'a peut-être pas sorti de disque depuis quatre ans, mais il a lancé six nouvelles chansons au cours de la dernière année. Il va toutes les interpréter lors du spectacle qu'il présente à la Cinquième Salle de la PDA, en plus de répondre aux demandes du public en puisant dans son vaste répertoire.

«Je ne dis pas que je ne sortirai plus d'album, mais j'ai décidé d'essayer ça», explique un Daniel Boucher fort détendu, rencontré mardi matin dans la salle où il se produira demain et samedi. Le «ça» dont il parle, c'est de lancer des nouvelles chansons à la pièce, en format numérique seulement.

«Pour mettre dans le contexte, je fonctionne seul maintenant. J'ai ma propre maison, je produis mes choses moi-même, et quand je n'ai pas de financement, eh bien... je le fais pareil.» Cette expérience lui a permis de constater que même s'il ne se vend pratiquement plus de disques - physiques ou numériques -, toute l'industrie tourne encore autour de la notion d'album.

«Pour la structure de financement, les producteurs, les médias, les diffuseurs de shows, même le public, ça prend un album. J'avais l'impression qu'on était rendus un peu plus loin dans le virage.» Ce qui ne l'a pas empêché d'y aller à fond dans le numérique et d'avoir bien du plaisir. «Et oui, je gagne ma vie. Sinon, je ne serais pas ici!»

Sortir des chansons à l'unité quand elles sont prêtes lui a aussi permis aussi d'éviter le «cycle» qui le fatiguait de plus en plus. «Écriture. Studio. Mixage. Lancement. Promo. Tournée. Repos. Écriture. J'avais envie de briser ça. Il y a quelque chose qui m'éteint dans ce cycle. Mais c'est moi, c'est mon combat à moi», dit l'auteur-compositeur-interprète, qui ajoute que sortir un disque est toujours un peu une gageure.

«Tu ne peux pas prévoir où les gens sont rendus. Et toi non plus. Tu ne sais pas s'il va y avoir un french, si les gens ont envie de t'entendre encore.»

Surtout quand l'effet de la nouveauté s'estompe - «Ça prend deux ans gros maximum» - et qu'on reste pris avec une image qui est figée dans le temps.

Dans ce spectacle qu'il présentera à Montréal, Daniel Boucher n'a pas l'intention de «virer la maison à l'envers». «Au fur et à mesure que le temps avance, tes tounes te suivent. C'est correct, elles sont là et c'est une chance. Alors tu fais celles que les gens veulent entendre, mais comme créateur, tu as aussi le goût d'en pousser une ou deux nouvelles.»

Ce qu'il a décidé de faire: chanter toutes ses nouvelles chansons en début de représentation - «mais avec beaucoup d'amour évidemment, pas rentrées de force dans la gorge» -, puis de passer aux demandes spéciales du public après l'entracte. «En tournée, on fera ce même concept souvent, précise-t-il. Sinon, on présente un spectacle sans entracte, avec un pacing où on intègre de nouvelles tounes, bien monté, qui rentre au poste.»

Le tout joué en trio guitare-basse-batterie, sans autre artifice. «Ça fait presque 10 ans que je joue en trio et que je me concentre sur les tounes. Bien sûr qu'il a fallu les réarranger et faire un travail de concision. Mais ça rend les chansons vraiment vivantes.»

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Daniel Boucher sera en spectacle à la Cinquième Salle vendredi et samedi.