Adulé en Corée, le jeune duo britannique Honne estplus connu en Asie que dans son propre pays. Les deux musiciens étaient de passage à Montréal, mardi dernier, pour un concert à guichets fermés dans le cadre d'une tournée mondiale. Rencontre.

Ils sont aussi britanniques que le gin-tonic. Or, James Hatcher et Andy Clutterbuck sont devenus des citoyens du monde en l'espace d'un album. Avec Warm on a Cold Night, sorti en 2016, le duo est devenu un phénomène musical occidental en Asie avec des millions d'écoutes sur les plateformes numériques. Le duo est d'ailleurs invisible sur la vidéo de sa récente chanson Me & You. Il a préféré mettre au premier plan de jeunes danseurs asiatiques exécutant une chorégraphie rythmée dans les rues d'une petite ville de la Corée du Sud.

«C'est surréaliste! dit James Hatcher. On fait des concerts au Japon et en Corée dans des amphithéâtres devant des dizaines de milliers de personnes... et en Angleterre, on joue dans des salles de 500 places.»

«À Londres, Andy et moi vivons une vie normale, sans nous faire déranger, alors qu'à Séoul, on se faire arrêter constamment dans la rue», avoue James Hatcher, du groupe Honne.

En trois ans et deux albums, leur musique électronique et romantique, actuelle et feutrée, a conquis le coeur de bien des jeunes amoureux de découverte. Si leur carrière est bien lancée en Asie, l'intérêt des musiciens pour la culture nipponne ne date pas de leur dernier succès. Andy a suivi sa blonde et a habité six mois au Japon en 2014. Il a partagé sa passion pour le Japon avec son complice qu'il a connu alors qu'ils étudiaient en musique à l'université. D'ailleurs, «honne» est un mot japonais qui signifie «sentiments profonds, sincères» (true feelings).

Foule sentimentale

Mais qu'est-ce qui explique cet engouement pour Honne en Asie? «Il y a assurément le côté romantique et sentimental de notre musique, répond Andy Clutterbuck. En Corée, les amateurs aiment des chansons qui racontent une histoire universelle. Alors, sans généraliser, dans l'industrie aujourd'hui, il y a bien des compositeurs qui ne parlent que de leur ego ou de leur vécu.»

Les paroles de leurs chansons ont la grande qualité d'aborder les relations amoureuses sans une once de sexisme ou de machisme. «Notre premier album est très romantique, le second parle aussi d'amour, mais de manière plus nostalgique, ajoute James Hatcher. Il est divisé en deux parties: Love et Love Me Not.

«On parle d'amour libre, de sentiments touchant autant les couples gais que les couples hétéros. On ne parle pas de Tinder, de conquêtes sexuelles. Au fond, nous sommes des amoureux traditionnels, vieux jeu [rires].»

Dès le premier album du duo, Warm on a Cold Night, la critique a salué «le tour de force» qui consiste à insuffler de l'émotion vraie, de l'authenticité, à une musique électro et dance. Deux ans plus tard, le duo londonien a lancé son deuxième album à la fin de l'été (Love Me/Love Me Not, Atlantic Records). Honne fait une grande tournée mondiale cet automne, car son succès ne se limite pas au pays du Soleil-Levant.

«On joue devant des salles moins grandes qu'en Asie, entre 500 et 2500 places, selon les villes, mais c'est presque partout à guichets fermés», explique Andy Clutterbuck, du groupe Honne.

La scène londonienne

Selon le duo, l'influence de la musique britannique est encore très forte partout dans le monde. Il donne l'exemple de la scène grime, apparue en 2000 à Bow, dans le nord-est de Londres (où les musiciens habitent quand ils ne sont pas en tournée). Toutefois, même si Honne incorpore des éléments sonores de la dance et de l'électro, sa préférence penche du côté du R&B. Ses inspirations vont de Quincy Jones à Mickael Jackson en passant par Stevie Wonder.

Les deux musiciens adorent voyager et faire des tournées. Et ils sont encore en train d'apprivoiser leur succès. «Ma blonde était dans la salle hier à Toronto. Elle m'a dit qu'elle était entourée de couples d'amoureux qui s'embrassaient durant le concert. Si notre musique provoque ça, on est chanceux de faire ce métier», souligne Clutterbuck.