Débarqué à Montréal il y a quatre ans avec un seul titre en poche, Zach Zoya a lancé cet été Misstape, un mini album créé de concert avec High Klassified, un des beatmakers les plus populaires du moment. Surnommé par certains le «Drake québécois», l'artiste de 19 ans originaire de Rouyn-Noranda montera samedi prochain sur la scène du MTelus. Entrevue avec la sensation de l'heure du rap anglophone québécois.

Il s'était donné un an pour se faire un nom à Montréal. Sinon, il reprendrait la route en direction du Cégep de Rouyn-Noranda, sa ville natale. Zach Zoya a relevé le défi avec succès. En faisant écouter son tout premier enregistrement à Remington Bienaimé, son premier manager, il convainc ce dernier de le faire enregistrer professionnellement en studio.

«J'avais enregistré ma première chanson sur l'ordinateur de mon père. J'avais mis des oreillers autour du micro de l'ordinateur et ma robe de chambre par-dessus ma tête! Le tout, sur mon bureau ! Mais ça ne sonnait pas pire!», s'amuse Zach Zoya, repéré rapidement par Disques 7e Ciel, sa maison de disques actuelle, grâce à un premier mixtape publié sur Soundcloud. Après son premier succès Who Dat, le rappeur lance cet été Misstape, un mini album créé en collaboration avec High Klassified, le beatmaker lavallois qui a travaillé avec des pointures comme The Weeknd et Future.

«Un jour, il m'a envoyé un message privé sur les réseaux sociaux m'invitant à rapper sur un de ses morceaux. Le lendemain matin, je suis allé en studio. Il a aimé ce que je lui ai envoyé.»

«Atteindre un gars comme High Klassified était un de mes objectifs. Je suis allé chez lui, et on a enregistré Misstape», explique un rappeur emballé qui voit ce mini album comme un amuse-gueule, puisqu'il a déjà deux autres albums prêts à être lancés.

Rouyn hier, Los Angeles demain

L'ambitieux artiste rêve déjà de gagner des Grammys, de vivre la belle vie aux États-Unis et espère un jour collaborer avec Kendrick Lamar, Frank Ocean, Ariana Grande, Earl Sweatshirt, Drake ou encore Party Next Door. «Je suis à la fois réaliste et ultra ambitieux. Je travaille pour être à L.A. dans un domaine demain, mais je m'attends à ce que rien ne se passe avant un bon cinq ans!», s'amuse-t-il. En attendant de conquérir les États-Unis, Zach Zoya travaille encore comme busboy à La Voûte, un club du Vieux-Montréal qui a été une grande source d'inspiration pour créer Misstape. «Je ramasse des verres, parle avec des gens et danse un peu! Ma musique fait du bruit, mais je ne peux pas encore en vivre. Ce boulot est super complémentaire avec ce que je fais. J'y rencontre beaucoup d'artistes et je peux aussi analyser ce que les gens aiment comme musique», explique le rappeur.

«Cent pour cent du contenu dans Misstape est nourri de ce que je vois dans le bar. Je suis témoin de l'excès autour de moi, de la manière dont les gens vivent, de leur perspective dans la vie.»

«Un bar, c'est comme une jungle. Les relations humaines n'y sont pas représentatives de la réalité», ajoute-t-il.

Mais comment un petit gars né et élevé à Rouyn par une mère médecin et un père au foyer a-t-il choisi de rapper en anglais?

«Mon père est sud-africain. Il a débarqué au Québec comme réfugié à l'époque de l'apartheid dans le cadre d'un échange d'études. On parlait français à la maison, car à la place de nous élever bilingues, ma mère a choisi de le faire en français pour que mon père apprenne en même temps que nous», se souvient Zach Zoya, dont le papa crée à l'époque son propre service de traiteur. «On habitait à côté de mon école primaire et au lieu que les jeunes aillent manger à la cafétéria, ils venaient chez nous. Mais on devait parler uniquement anglais! Il y a sûrement des petits jeunes d'Abitibi qui parlent anglais à cause de mon père», s'amuse-t-il.

La musique depuis toujours

Bien qu'il ne commence à rapper qu'à 16 ans, la musique accompagne Zach Zoya depuis son plus jeune âge. Comme il n'y a ni ordinateur ni téléviseur à la maison, elle est sa seule source de distraction en dehors des livres.

«Les gens nous trouvaient étranges: on était la famille africaine sans télé! La musique a toujours fait partie de ma vie. Tu vas quelque part ou tu fais quelque chose, tu écoutes de la musique. J'écoutais surtout du R&B, mais aussi les disques de mes parents, que ce soit des chorales gospel, du Elvis ou du Michael Jackson», précise le jeune homme.

«J'ai toujours voulu chanter, mais je trouvais ça trop gênant. Penser faire une carrière en musique est venu avec le rap qui te permet d'avoir un personnage et d'être plus sûr de toi. Le rap m'a permis de briser ma carapace, et je reviens de plus en plus vers le chant à mesure que j'ai confiance en moi», conclut-il.

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Zach Zoya sera en concert le 29 septembre au MTelus, puis le 10 novembre à l'Annexe 3 de Laval.

Image fournie par Disques 7ième Ciel

Misstape de Zach Zoya et High Klassified