Elle a troqué sa robe noire à col claudine pour la combinaison bleue de travailleuse, mais ses succès pop-world continuent de conquérir le monde: la Française Jain sort vendredi son deuxième album, Souldier, avant une tournée en octobre au Canada.

Pour les artistes qui cartonnent dès le premier opus, le deuxième est généralement celui de tous les dangers: moins plaire, moins surprendre, moins vendre... Dangers forcément proportionnels aux fortes attentes de la maison de disque, des médias, du public.

Jain, dont la trajectoire météorique l'a rapprochée des étoiles de la pop internationale en à peine deux ans, avec les succès Come et Makeba issus du disque Zanaka (2015), en est consciente.

«Je vois bien l'attente dans les yeux des gens. C'est pour ça qu'avoir repris les concerts cet été m'a fait du bien. Ça m'a donné quelques certitudes pour certains nouveaux titres en live», avoue celle qui s'appelle Jeanne Galice de son nom civil.

À voir fans et curieux danser sans retenue sur On my Way, Inspecta, Star ou encore le single Alright lors des festivals où la chanteuse de 26 ans s'est produite - de Solidays à Paris aux FrancoFolies de La Rochelle, en passant par le Québec, Lisbonne ou Madrid - difficile de douter de l'adhésion du public.

En attendant une tournée française, elle donnera 15 concerts en octobre aux États-Unis et au Canada, dont le 25 octobre à Saint-Eustache, puis fin novembre à Manchester, Londres, Amsterdam, Cologne, Milan, Barcelone.

«Là où la pression me rattrape aussi, c'est quand les gens me demandent: "Alors c'est quand le prochain Makeba?" Je sais que c'est inévitable, mais ce n'est pas ce qui m'intéresse. Moi je voulais vraiment faire d'autres choses», dit la globe-trotteuse qui grandi en Afrique et au Moyen-Orient.

Si à l'écoute de Souldier, le style et le façonnage des chansons demeurent familiers, Jain poursuit son exploration des musiques du monde. Après avoir puisé dans la rumba congolaise pour Zanaka, elle a cette fois mis une pincée de reggae et infusé ses chansons de sonorités des Émirats arabes unis. Une région qu'elle connaît bien pour y avoir vécu.

Seule sur scène

Le titre Abu Dhabi, sur lequel se devine le souffle du vent sur le sable, en est l'illustration. «C'est le son du désert, abonde Jain. Dans son livre How Music Works, David Byrne (ex-leader du groupe américain Talking Heads) dit que les lieux, les espaces façonnent les musiques. Au Moyen-Orient, les places de villages font la musique. Et dans le désert c'est pareil, on comprend mieux pourquoi ceux qui y vivent chantent de cette façon.»

De fait, Jain a modifié son chant pour coller aux rythmes orientaux, mais aussi pour des morceaux aux accents hip hop, comme Inspecta sur lequel figure un sample malin du générique du dessin animé Inspecteur Gadget.

En live, ce nouveau titre est un des plus fédérateurs pour Jain qui a choisi de rester seule sur scène, désormais armée d'une télécommande wifi intégrée à l'avant-bras de sa combinaison bleue créée avec la créatrice de mode française Agnès B.

«Elle me permet de lancer toutes mes loops (boucles musicales, ndlr). Avec ça je suis totalement indépendante. Plus ça va, mieux je me sens seule face au public. C'est mon identité scénique. Mon truc à moi c'est d'être dans mon coin, comme une geek qui traficote sa nouvelle machine avec des boutons partout», rit-elle.

Avant de surprendre encore: «ce qui est sûr c'est qu'à un moment je m'éclipserai de la scène. Je ne compte pas chanter jusqu'à 50 ans. Les tournées sont longues, c'est fatigant. Moi ce qui m'intéresse, c'est de produire et réaliser pour les autres. C'est passionnant de prendre un artiste sous son aile. Et il y a tellement peu de femmes qui le font. Ce serait une trajectoire rêvée.»