En France, son nom est sur toutes les lèvres. On le compare à Stromae et à Pierre Lapointe. Entrevue avec Eddy de Pretto pour la sortie de son premier album, Cure, qui l'amènera aux FrancoFolies le 10 juin.

Il fusionne la brutalité du rap et les grandes mélodies de la chanson française. Il a un look des années 90. Les textes de ses chansons sont charnels. Sur scène, il n'a que son téléphone intelligent dans les mains et un batteur à ses côtés.

Pas de doute, Eddy de Pretto incarne son époque. Et il est la star musicale montante de l'heure en France. « Le nouveau prodige de la chanson française », dixit Télérama.

À Paris, il se produira trois soirs à guichets fermés à La Cigale, avant de monter sur la scène de l'Olympia pour deux soirs en novembre. Fort de sa sélection aux Victoires de la musique dans la catégorie Révélation scène, il lance son premier album demain, après un EP qui a fait grand bruit.

« J'ai toujours eu envie de chanter, souligne-t-il. Petit, je prenais la télécommande de la télé, je me mettais en scène. J'ai pris des cours de chant et développé une technique. Les gens me disaient que j'avais un timbre particulier. »

Sur son tube Fête de trop, Eddy de Pretto rappelle Stromae. Sur sa chanson Rue de Moscou, son timbre de voix se rapproche de celui de Pierre Lapointe.

« Bien entendu, je connais Pierre Lapointe, nous lance-t-il au bout du fil. Je ne l'ai pas énormément écouté, sauf son album Paris tristesse. Mais je dois m'y mettre, car tout le monde m'en parle ! »

AUCUN FAUX-SEMBLANT

Le jeune homme de 26 ans écrit sans pudeur. « Naturellement, je ne me censure pas et je mets mes tripes sur papier, indique-t-il. Jeune, je me souviens de ma prof de chant qui me disait : "Ce n'est pas possible, tu ne peux pas dire tout cela, c'est trop cru, sans métaphore... Les gens ne peuvent pas recevoir cela." Ça m'avait marqué. »

Eddy de Pretto se sert autant de la force verbale du rap que de l'hyperbole de la chanson française. « Le rap, c'est le berceau musical dans lequel j'ai grandi. La chanson française, c'est celle que ma mère écoutait tout le temps. »

« J'étais un enfant qui a un iPod dans la poche avec 200 morceaux piratés la veille. »

- Eddy de Pretto 

Le chanteur a grandi dans la banlieue parisienne, à Créteil. Écrirait-il les mêmes chansons s'il était né à Paris ? « Il n'y aurait pas eu les mêmes frustrations, les mêmes envies de grande vie et de lumière. Cela m'a donné une force, de l'acharnement et l'envie de brûler les planches », répond-il.

On a déjà comparé Eddy de Pretto au personnage de Billy Elliot. Le jeune homme sait danser, chanter et jouer, puisqu'il est diplômé de l'Institut supérieur des arts de la scène, à Paris.

« J'adore la scène », insiste-t-il.

Son spectacle ? « Je suis sur scène avec mon iPhone et un batteur. C'est simple, minimaliste et très frontal pour mettre de l'avant le verbe et les mots à la virgule près, avec un message efficace. »

SUIVRE SES INSTINCTS

Eddy de Pretto est un artiste instinctif. « Je n'ai pas de méthode... J'écris à l'oreille. Il y a des phrases qui sortent de moi par hasard », explique-t-il.

L'auteur-compositeur-interprète a confié les arrangements de son album Cure à Angelo Foley, puis la réalisation à Kyu Steed & Haze, les producteurs des rappeurs Booba et Gucci Mane. Il avait un son en tête. « Quelque chose de lancinant, de profond... qui fait bouger la tête, qui est nuancé, qui est grandiose et grandiloquent », détaille-t-il.

Sa chanson Kid tourne en ridicule la virilité extrême. Mamère le replonge dans son enfance. Eddy de Pretto parle aussi de sexualité, d'ego et de fête.

Il veut par ailleurs normaliser l'homosexualité dans les textes de ses chansons. « Pendant mon adolescence, je n'étais pas conscient que j'aimais les garçons », souligne-t-il. Or, il n'a pas eu besoin de faire de grande sortie quand son orientation sexuelle s'est précisée.

En juin, Eddy de Pretto visitera Montréal pour la deuxième fois. « J'y suis déjà allé en vacances avec des amis. C'est une ville qui me plaît beaucoup », dit-il.

D'ici là, la salle de L'Astral sera peut-être trop petite pour accueillir son public québécois.

« J'aime l'idée que tout est à faire, mais je reçois déjà des messages de gens du Québec », nous disait Eddy de Pretto la semaine dernière.

Le buzz ne fait que commencer.

À L'Astral le 10 juin, dans le cadre des FrancoFolies de Montréal

CHANSON

Cure

Eddy de Pretto

Initial Artist Services

Sortie: le 2 mars 2018

Photo V. Ducart, fournie par l’artiste

Eddy de Pretto est un artiste instinctif. « Je n'ai pas de méthode... J'écris à l'oreille. Il y a des phrases qui sortent de moi par hasard », explique-t-il.

Image fournie par Initial Artist Services

Cure, d'Eddy de Pretto