La chanson-titre du nouvel album que Li'l Andy fera paraître en septembre, All the Love Songs Lied To Us, ne déparerait pas un disque de Leonard Cohen. Le musicien longiligne dans la mi-trentaine pourrait difficilement le nier : son texte en hommage à Cohen est couché sur la musique de la chanson Coming Back To You empruntée à l'artiste disparu.

Andrew McClelland était l'homme tout indiqué pour assurer la direction musicale de la série 5 concerts 5 albums que le Musée d'art contemporain et Pop Montréal consacrent une fois par mois depuis novembre à Leonard Cohen dans l'intimité du Gesù. C'était l'évidence même quand, avec sa tribu à géométrie variable, il a rendu un hommage en musique et en textes à Cohen au Rialto en décembre 2016. Deux mois plus tard, l'institution muséale lui confiait cette série de concerts complémentaires à son exposition Leonard Cohen - Une brèche en toute chose.

Ce rassembleur-né a donc recruté des musiciens de premier plan et il a invité à cette fête en cinq temps des chanteurs qui, en plus d'être des fans avoués de Leonard Cohen, représentent bien la diversité musicale montréalaise, de Martha Wainwright à Thus Owls en passant par Pierre Kwenders et Philémon Cimon.

«J'ai l'impression de faire un doctorat en écriture de chansons dont Leonard Cohen serait le professeur», lance Li'l Andy, attablé dans un resto du boulevard Saint-Laurent où Cohen avait ses habitudes. 

Les deux hommes habitaient le même quartier et il leur arrivait de se croiser à la caisse pop, dans un resto ou au parc du Portugal. Au Gesù, Andy raconte ces rencontres privilégiées avec juste ce qu'il faut d'autodérision et un sens de l'anecdote qu'il a développé en animant une émission consacrée à la musique country le dimanche soir sur les ondes de CKUT.

D'AC/DC à Leonard Cohen

La fascination de Li'l Andy pour l'oeuvre de Leonard Cohen n'est pas nouvelle. À 12 ans, ce fan d'AC/DC et de Stompin'  Tom Connors découvrait les chansons de la compilation The Best of Leonard Cohen, empruntée à sa soeur. Comment est-il possible d'être aussi cool et d'être canadien? s'était-il étonné à l'époque.

«J'ai grandi à Cantley [dans l'Outaouais], où ma famille est installée depuis 200 ans. Si, à 20 ans, je me suis installé à Montréal, c'est parce que je voulais faire de la musique et que l'oeuvre de Leonard Cohen occupait une place prépondérante dans mon univers. J'étais à la recherche d'une communauté artistique que je ne trouvais pas où j'ai grandi et même à Ottawa, où il n'y a pas autant d'endroits où jouer. Même si plusieurs des musiciens que j'ai rencontrés ici font de la musique indie, j'ai toujours été un gars de country.»

Parallèlement, le jeune Andy s'est initié à la poésie et aux romans de Cohen, Beautiful Losers et The Favourite Game, dans lesquels, rappelle-t-il, Montréal est encore plus présent que dans ses chansons.

«Sa musique, sa poésie et sa prose m'ont presque toujours guidé. Nous abordons souvent des sujets différents, mais j'essaie de me maintenir à un niveau où il n'y a pas de mots gratuits et de remplissage en sachant fort bien que je suis 400 étages sous lui dans la Tower of Song. 

«Musicalement, Leonard Cohen est dans un genre à lui seul. Il n'y a pas beaucoup de musiciens de mon âge qui ne sont pas fans de son oeuvre.»

Proche de la constellation Pop Montréal, le festival où il va lancer son cinquième album en septembre, Li'l Andy partage des studios avec ses amis Joe Grass, Katie Moore et Mike O'Brien, de Sin and Swoon. Il est le premier fan des musiciens dont il s'est entouré pour rendre hommage à Leonard Cohen.

«Ils ne sont pas seulement les meilleurs à Montréal, ils sont parmi les meilleurs au monde pour ce genre de musique. Si Joe Grass ou Sarah Pagé [des Barr Brothers], qui jouera de la harpe au concert Songs From a Room jeudi, étaient nés aux États-Unis dans les années 60, ils seraient des légendes de la musique.»

Les billets pour les cinq concerts au Gesù se sont envolés dès la mise en vente. Li'l Andy n'hésiterait pas longtemps si on lui proposait de poursuivre l'aventure, mais il aime le sentiment d'urgence que procure cette formule unique.

«Ça nous garde tous sur la pointe des pieds.»

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Au Gesù: Songs From a Room avec Marie-Pierre Arthur et Laura Sauvage le 18 janvier; The Future avec Dear Criminals, Un Blonde et Ariel Engle le 15 février; Songs of Leonard Cohen avec Coeur de pirate et Ariane Moffatt le 28 mars.