Elle arrive de nulle part avec un premier album intitulé Dysphorie, armée d'une base de fans qui l'ont hissé au sommet des ventes au Québec. Découvrez qui est Roxane Bruneau, nouvelle venue dans le paysage musical dont vous entendrez assurément parler.

Il est plutôt difficile de nos jours pour une artiste québécoise de réussir à percer sans passer par le circuit des concours et des émissions comme Star Académie ou La voix. C'est pourtant ce qui est en train d'arriver à Roxane Bruneau, 26 ans, une fille de la Rive-Sud qui peine à croire elle-même ce qui lui arrive.

Elle s'est présentée aux bureaux de La Presse casquette bien vissée sur la tête, avec ses bras couverts de tatouages, juste après avoir fini ses heures chez Telus où elle travaille quatre jours par semaine. Quand on vous dit qu'elle est vraiment au début de sa carrière... Elle n'a presque pas fait d'entrevues encore et n'a que très peu d'expérience sur scène.

«Je ne sais pas comment expliquer ça, et tous les jours, je me dis qu'il faut que je le vive, et j'espère que ça va continuer, mais je panique un peu, je dis à mes patrons: mettez-moi pas dehors. Je sais que ça peut avoir l'air big, mais ils sont fins, ils s'adaptent», raconte-t-elle.

Tout de même, l'expression «Ne lâche pas ta job de jour» s'applique plus ou moins bien à Roxane Bruneau, qui a toujours détesté l'idée de travailler dans un bureau 40 heures par semaine, assez pour en faire une chanson. «Je veux vivre de ça. Pis comme j'ai une tête de cochon, je vais vivre de ça.»

Dysphorie, donc, son premier album, a été lancé mardi dernier. Les fans qui étaient à ce lancement connaissaient par coeur les paroles de Notre belle démence, une chanson qu'elle avait partagée avec ses fans sur les réseaux sociaux l'an dernier.

C'est une pure «millenial», fière d'annoncer ses statistiques sur les réseaux sociaux: 82 000 abonnés sur Facebook, 10 000 sur YouTube. Elle alimente tout autant son Instagram et son Snapchat. La jeune chanteuse est allée chercher ses fans un à un, au début par des vidéos comiques. C'est la déprime qui lui a fait commencer ça, il y a quatre ou cinq ans. «Je venais de me faire crisser là», explique-t-elle, sans filtre. D'ailleurs, elle a pensé faire carrière comme humoriste, insérant de temps à autre ses compositions dans ses vidéos. «Mais je n'assumais pas ma musique», note-t-elle, précisant qu'elle n'a jamais été «game» de participer à une émission comme La voix, même si elle écrit et compose depuis qu'elle a 12 ans.

Pas de zone grise

Sa percée, elle sait qu'elle la doit à ses abonnés. Dysphorie est présentement numéro un des ventes au Québec et au quatrième rang des ventes au Canada. 

«Veux, veux pas, quand t'es un artiste et que t'as personne pour t'écouter, tu n'es rien. Le public est important, et, pour vrai, j'ai les meilleurs fans, ils sont excellents, ils embarquent dans mon univers.»

C'est cette popularité sur les réseaux sociaux qui a attiré celui qui allait devenir son imprésario, Raymond Du Berger, qui l'a poussée à faire cet album réalisé par Pascal Mailloux et Mathieu Brisset. Des paroles crues, qui abordent l'amour, la déception, la vie un peu trash, la violence conjugale... Il y a un paradoxe entre ses premières visées humoristiques et cet album plutôt sombre. «Je n'ai pas de zone grise, dit-elle. Autant je peux être drôle, autant mes textes vont être très noirs.»

Roxane Bruneau a quitté l'école à 17 ans, a bourlingué pendant quelques années, a multiplié les petits boulots, n'a jamais eu les moyens de voyager. «J'étais une p'tite tabarnak», affirme-t-elle lorsqu'elle se décrit à l'adolescence. «Et très bonne pour m'auto-saboter.» Elle est maintenant plus sage, en couple avec sa blonde qui a un enfant. La première chanson de l'album, Des p'tits bouts de toi, lui est dédiée. «Je dirais que dans 95 % de mon album, elle danse au travers de mes mots. Elle m'a un peu sauvé la vie.»

Roxane Bruneau estime qu'elle ne peut pas être autre chose que transparente en ce qui concerne son statut, puisque ses fans connaissent déjà plein de petits bouts de sa vie par Facebook. Il lui reste maintenant à se faire connaître du grand public. Et quand on lui demande de faire un petit «pitch» pour se présenter dans ses mots, elle répond: « Salut, je m'appelle Roxane, j'ai 26 ans mais j'ai l'air d'un gars de 12 ans, j'ai plein de tatous, mais je tiens la porte aux madames! [rires] Et il y a encore de la place dans ma maison Facebook.»

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POP. Dysphorie. Roxane Bruneau. Artic.

Image fournie par Artic

Dysphorie, de Roxane Bruneau