«C'est l'histoire d'un band de hard rock un peu attardé et dont les membres font la connaissance de Looloo. À son arrivée sur la planète, cette créature hermaphrodite extraterrestre se passionne pour la culture américaine, d'où son costume d'Evel Knievel. Au contact de Looloo, le groupe rock élève sa conscience et...»

Fragments de science-fiction et gravats de culture rock s'imbriquent à qui mieux mieux à travers cette rencontre du troisième type, voilà la trame dramatique de l'album Rencontrer Looloo, résumée succinctement par Christophe Lamarche-Ledoux, claviériste et saxophoniste au sein de Chocolat.

Ainsi donc, le doué Jimmy Hunt n'est pas à la veille de reprendre du service comme un seul homme : il préfère fondre sa voix dans Chocolat, le groupe qui l'avait fait connaître une décennie plus tôt. Après avoir repris du service il y a deux ans avec l'album Tss Tss, le quintette rock poursuit sur sa lancée avec Rencontrer Looloo, qui résulte d'un travail collectif et dont la matière insolite se voit propulsée virtuellement dans l'espace intersidéral.

Sorte de navette de l'imaginaire... tablette spatiale, Chocolat oblige!

Des nouvelles de Jimmy

On s'étonne que le chanteur de Chocolat ne soit pas présent à cette conversation dont l'objet est d'expliquer le comment et le pourquoi des chansons dont il est l'instigateur. Semble-t-il que ça s'explique...

«On dirait bien que ça ne lui tente pas d'être un chanteur populaire, d'être associé à la constellation des auteurs-compositeurs-interprètes. Je peux comprendre. Enfin... c'est comme ça pour l'instant», dit Emmanuel Éthier, guitariste de Chocolat et réalisateur haut coté dans la chanson keb, de surcroît réalisateur de cet opus.

«Le nouvel album de Chocolat, d'ailleurs, n'est pas un album de chansons à texte, même s'il y a un concept et une histoire derrière.» 

On apprendra néanmoins que Jimmy Hunt s'est transplanté dans la Baie-des-Chaleurs, du moins lorsqu'il ne monte pas sur scène ou ne travaille pas en studio. Il vit dans une yourte qu'il a plantée sur une terre dont il est propriétaire, quelque part entre Maria et Carleton. En marge de la grande ville, il a posé les bases de ce nouvel album.

«On a d'abord reçu ses maquettes guitare classique et voix de tête. On savait son intention de faire un album de hard rock ou métal. On a voulu entrer dans ces codes, et ça n'a pas vraiment marché. Finalement, ce n'est pas métal pantoute», raconte Emmanuel en gloussant de rire.

«Pour nous, ce n'est pas un échec, bien au contraire, s'empresse d'ajouter Christophe. Le truc au début, c'était de faire un rock qui rentre au poste, limite Black Sabbath. En même temps, ce n'était pas nous, ça allait donc devenir autre chose. Ce n'est pas un pastiche, c'est autre chose.»

Des musiciens occupés

Cet autre chose est un curieux mélange de psyché garage acidulé et de ballades dont les harmonies ne sont pas vraiment rock.

«Ce son n'est pas un accident. La voix et les solos d'instruments font partie du ragoût. Il n'y a pas cet objectif d'intelligibilité, les instruments ne doivent pas être clairement distincts dans le mix», de préciser Christophe Lamarche-Ledoux, dont la démarche créatrice a pris plusieurs directions depuis ses débuts professionnels.

«Les musiques de synthés m'intéressent. Le groupe Organ Mood, que je forme avec Mathieu Jacques, donne en moyenne de 15 à 20 concerts par année depuis sa naissance en 2008. Par ailleurs, je travaille actuellement sur un mixtape assez malade avec Alice & the Intellects [Ariane Bisson-McLernon]. Je prépare aussi un enregistrement du Gary Cobra Orchestra, un projet solo que j'irai enregistrer à Austin en janvier prochain. J'ai passé l'été dans une caravane dans le bois, j'y ai fait tous mes projets», explique ce musicien nomade.

Ce qui excite le plus l'imagination de Christophe, en fait, c'est de partir à zéro avec le matériel brut d'un artiste et d'en faire l'habillage intégral, en jouer tous les instruments.

Quant à Emmanuel Éthier, sa réputation de réalisateur éclectique, talentueux, très sollicité par la scène québécoise, n'est plus à faire. Dire que son horaire est chargé tient de l'euphémisme. 

«Cette année, j'ai travaillé sur sept albums: Bernhari, CO/NTRY, Catherine Durand, Peter Peter, Mauves, Corridor, Chocolat.» 

Rien de moins!

Constitué de Jimmy Hunt (voix et guitare), Ysaël Pépin (basse), Brian Hildebrand (batterie), Christophe Lamarche-Ledoux (claviers et saxo), et Emmanuel Éthier (guitare), Chocolat tourne actuellement en Amérique latine (Brésil, Argentine, Chili). Après quoi, le groupe ne s'arrêtera pas, plusieurs concerts sont prévus au début de 2017.

«Nous jouons plusieurs chansons du nouvel album depuis plusieurs mois, souligne Emmanuel. Nous les avions enregistrées rapidement, Rencontrer Looloo est prêt depuis décembre 2015 et ce ne sera pas long avant que nous passions à autre chose. En fait, nous avons déjà la matière d'un autre. On ne va pas niaiser.»

L'odyssée de la tablette spatiale s'annonce longue...

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Chocolat se produira au Cercle, à Québec, le 16 février, et au Théâtre Fairmount, à Montréal, le 30 mars.

ROCK. Rencontrer Looloo. Chocolat. Dare To Care Records.

IMAGE FOURNIE PAR DARE TO CARE

Rencontrer Looloo de Chocolat