Vous la connaissez comme la moitié de Milk & Bone. Mais c'est bien avant son duo à succès que Camille Poliquin a commencé son projet solo. KROY lance son album demain à la galerie Artgang, mais elle est déjà retenue dans la sélection officielle du festival South by Southwest. À écouter si vous aimez la pop scandinave, la couleur noire et les élans du coeur de Lykke Li.

«J'ai baptisé KROY en 2012 et j'ai lancé un EP en juin 2014», relate Camille Poliquin. En parallèle, elle s'est consacrée à Milk & Bone avec Laurence Lafond-Beaulne, et le duo a connu le succès que l'on connaît, ici et ailleurs.

Alors que Milk & Bone clôt le chapitre de son premier album Little Mourning, Camille Poliquin prend le temps de lancer le sien, qui a pour titre Scavenger.

L'enfantin et le lugubre

Le son de KROY teinte forcément celui de Milk & Bone, mais l'un ne pourrait se substituer à l'autre. «C'est ma direction artistique à moi», fait valoir Camille Poliquin.

En studio, KROY avait cinq albums qui lui servaient de références: I Never Learn de Lykke Li, Trouble Will Find Me de The National, The Year of Hibernation de Youth Lagoon, Felt Mountain de Goldfrapp et Third de Portishead.

«Avec ma voix, j'aime ce qui est enfantin, et mixer le tout avec des propos sombres. Ma voix donne un autre angle aux paroles, explique-t-elle. Avec du recul, je me suis surprise à être spooky [sinistre], obscure, dans des structures pas nécessairement pop.»

KROY s'est adjoint deux coréalisateurs, Marc Bell et Pascal Shefteshy. Puis elle a confié le matriçage à une femme («ce qui est rare»), la New-Yorkaise Heba Kadry.

Sur plusieurs pièces, KROY a préféré chanter avec retenue. Malgré un son pop et du beatmaking, la structure d'écriture de ses chansons demeure classique. «La plupart des chansons existent piano et voix sans les arrangements», explique KROY, qui a dû refuser des offres de réalisation récemment, mais qui compte bien assurer cette tâche de direction un jour pour d'autres artistes.

De son clip à son site web en passant par son look, KROY révèle son intérêt pour l'architecture et le graphisme minimalistes - et pour le noir. «J'aime les lignes super simples.»

Partir avec une longueur d'avance

En spectacle, KROY partagera la scène avec le claviériste Guillaume Guilbault et le batteur Charles Blondeau.

Elle profitera du réseau et du buzz autour de Milk & Bone (qui termine sa tournée en grand le 10 novembre au Théâtre Maisonneuve avant de se remettre à l'écriture): Scavenger sortira aux États-Unis sous étiquette Honeymoon, le label américain du duo.

La chanson Bones de KROY a aussi eu droit à une mention dans l'influente revue américaine Nylon, qui en vante la mélancolie fragile.

«C'est une carte de visite pour aller jouer aux États-Unis. Et c'est un magazine que je lis.»

Milk & Bone a tracé un chemin pour KROY, mais Camille Poliquin espère que son projet solo fera de même pour le deuxième album du tandem.

Automne chargé

Deux ans ont passé entre le EP et le premier LP de KROY. «Une équipe, cela fait toute la différence», lance l'auteure-compositrice-interprète qui compte sur le soutien de l'étiquette Dare to Care Records (différente de celle de Milk & Bone). KROY pourrait par ailleurs partir en tournée en Europe en première partie de Coeur de pirate.

Son automne au Canada est aussi fort chargé, avec plusieurs dates d'un spectacle qui sera magnifié par de multiples éclairages, dont un carré blanc sur le sol.

«J'ai été confirmée comme artiste officielle au festival South by Southwest», ajoute KROY en fin d'entrevue.

Un autre indice garant de son talent, et sans doute de réussite.

Son parcours

Camille Poliquin «chante depuis toujours». Elle a étudié à l'école longueuilloise à vocation musicale Félix-Leclerc. Deux ans après avoir été retenue en audition pour une tournée au Japon, Camille Poliquin est partie chanter en tournée avec le Cirque du Soleil pour le spectacle Quidam. Alors qu'elle étudiait en musique au cégep de Saint-Laurent, elle a commencé à accompagner David Giguère sur scène (avec son acolyte Laurence Lafond-Beaulne), puis Jason Bajada. Entre-temps, elle a lancé le projet KROY, puis Milk & Bone. «Depuis le cégep, je n'ai jamais vraiment manqué de travail», se réjouit-elle.