Il faut désormais parler de Valaire pour décrire le groupe qui a décidé de retrancher le «Misteur» de son nom. Vendredi dernier, le quintette a lancé son cinquième album, Oobopopop, dont La Presse a suivi le processus de création depuis avril 2015. Entrevue en trois temps.

Studio B-12 de Valcourt

«Nous sommes à Valcourt, au coeur des Cantons, dans le manoir des Bombardier, où est née la motoneige», lance Luis (Louis-Pierre B. Phaneuf), avec l'humour parfois déroutant propre à son groupe.

Le studio B-12 est en effet l'ancienne maison de l'un des fils du célèbre inventeur Joseph-Armand Bombardier. Son petit-fils Louis-Armand assure aujourd'hui la gestion de ce qui est devenu «une résidence créative».

«Nous passons deux semaines à compléter l'enregistrement de l'album après être allés en Louisiane. Nous voulions un album ensoleillé, donc il fallait quitter le froid», indique Luis sous un doux soleil qui annonce le début du printemps.

Deux mois plus tôt, les membres du groupe ont roulé vers le sud dans un camion loué et vécu moult péripéties pour se retrouver dans une maison de Lafayette appartenant à un homme louche. «Après souper, nous sortions le bourbon et nous mettions nos idées individuelles du jour en commun. Et la fin de semaine, nous allions fêter à La Nouvelle-Orléans!», relate Jules (Julien Harbec).

Avant d'écrire de nouvelles chansons, Valaire avait un son en tête. «À la base, nous avons voulu faire un contraste avec notre dernier album, Bellevue, qui était plus introspectif, détaille Tô (Thomas Hébert). Nous avions envie d'aller dans ce qu'on appelle les rythmes du monde avec quelque chose de chaud et de facile à écouter.»

«Qui tombe dans les hanches», ajoute France (François-Simon Déziel).

En avril 2015, Valaire (qui s'appelle toujours Misteur Valaire à ce moment-là) n'est «pas loin d'avoir un album».

«Est-ce qu'on continue à faire plus de matériel ou on a assez de trucs pour piger dedans? C'est la question qu'on aura à se poser en revenant de Valcourt, explique Luis. La dernière étape est d'ajouter des voix.»

Spectacle à C2MTL

Plus de 14 mois ont passé depuis notre visite au studio B-12.

Nous sommes à l'Arsenal pour la soirée de clôture de la conférence C2 Montréal.

Devant un public de gens créatifs et influents, Valaire présente les chansons de son nouvel album, Oobopopop, qui doit sortir en septembre et dont deux extraits ont été dévoilés, Whisky Dew et Apata Palace.

Valaire accueille sur scène les Montréalais Pierre Kwenders et Alan Prater, ainsi que le New-Yorkais Kahli Abdu, qui ont tous le rythme dans le sang et le sens du spectacle (et qui figurent tous sur Oobopopop). Il règne une ambiance funk dans le décor de forêt tropicale animée par des sons de cuivres dansants.

«C'est un public difficile, mais cela a très bien été, se réjouit Luis le lendemain. Nous avons eu un mois pour monter nos nouvelles chansons avec un nouveau set-up d'équipement.»

Pour Valaire, c'est mission accomplie. «Le côté léger et funky, que nous avons vu beaucoup en show en Louisiane, fait du bien au monde. Après l'album Bellevue, nous voulions revenir à cela.»

Alan Prater aura un grand rôle à jouer sur Oobopopop. Le grand public ne le connaît pas, mais il a l'admiration de nombreux musiciens de Montréal. Les mercredis soir, son groupe The Brooks et lui enflamment le club jazz de la rue Saint-Denis, le Dièse Onze.

«Alan, avec qui nous avons tourné, incarne tellement les bonnes raisons de faire de la musique, note Luis. Alors que l'on peut être blasé par la routine en tournée, il nous ramène aux sources et il nous rappelle que nous sommes chanceux de faire cela dans la vie. C'est le chanteur le plus incarné que je connaisse.»

Depuis son séjour au studio B-12 à Valcourt, Valaire a changé le plan de match de la sortie de son cinquième album. «Nous avons décidé de le sortir plus tard, car il y avait l'histoire du changement de nom.»

En avril dernier, Misteur Valaire a en effet annoncé qu'il s'appelait désormais Valaire. «Nous y pensons depuis longtemps. C'est un nom que nous avions choisi au cégep et ça devenait lourd de toujours l'épeler», précise Luis.

Photo fournie par C2 Montréal

Valaire en spectacle devant le public de la conférence C2 Montréal.

Essayage avec Yso

Le mercredi 13 septembre. Valaire s'apprête à lancer Oobopopop, qu'il définit comme «l'abandon du quotidien au profit d'une célébration positive». Deux jours plus tard, le groupe doit donner un spectacle - mis en scène une fois de plus par Brigitte Poupart - au BLVD44.

La Presse rend visite au groupe dans un local du Mile End alors qu'il est en plein essayage avec le styliste et concepteur de costumes Yso (bras droit d'un certain Denis Gagnon).

Chaque membre du groupe aura un habit de style militaire fait d'un tissu léger avec l'article mode de l'heure, un manteau de type «bomber» avec des motifs tropicaux. Le tout colle à l'esthétique de la pochette d'Oobopopop et du nouveau site web de Valaire.

«Il faut de la cohérence», plaide Luis.

Tout l'été, Valaire a pu roder sur scène Oobopopop en prenant part au spectacle Crépuscule de la compagnie de cirque Flip Fabrique à Québec. «C'était le contrat idéal pour nous, car ça nous permettait de jouer nos nouvelles tounes.»

Il s'en est écoulé, du temps, depuis le studio B-12. Et trois ans depuis la sortie de Bellevue.

Groupe formé de francophones dont les chansons, sans chanteur officiel et à forte teneur instrumentale, sont en anglais, Valaire a une formule à succès assez unique au Québec.

La différence, cette fois-ci? La «valeur» accordée à Oobopopop.

«Les gens nous ont souvent dit que notre force était en spectacle. Même si on se pousse à chaque fois, je dirais que là, je suis vraiment, vraiment content de l'album. C'est l'inverse: je veux que l'album soit aussi bon en spectacle», affirme Luis (Louis-Pierre B. Phaneuf).

Valaire a déjà tourné aux États-Unis, au Mexique, en Allemagne et, bien entendu, en France. Des territoires où il compte retourner après une série de spectacles-vitrines.

À court terme, il se produira dans quelques villes du Québec. «Notre rentrée montréalaise aura lieu le 1er mars pendant Montréal en lumière», rappelle Luis.

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ÉLECTRO. Oobopopop. Valaire. Indica.

Photo David Boily, La Presse

Le groupe procède à l'essayage de ses costumes de scène dans un atelier du Mile-End avec le styliste et concepteur de costumes Yso.