Blue Rodeo a entrepris le mois dernier une tournée qui, comme en 2014, en 2013 et en 2010, s'arrêtera à la salle Wilfrid-Pelletier, jeudi prochain. Même si cette nouvelle virée hivernale fait suite au lancement de l'album Live At Massey Hall, le groupe torontois n'a pas l'intention de nous servir uniquement ses chansons les plus connues.

«On veut donner un peu de répit à nos grands succès et faire d'autres chansons», nous disait au téléphone Greg Keelor juste avant de renouer avec ses vieux copains le mois dernier. Jusqu'ici, les fans du groupe ont entendu quelques-unes de ces «autres chansons», qui devraient être du prochain album de Blue Rodeo, prévu pour l'automne.

Ce nouveau disque serait peut-être déjà terminé n'eût été un accident bête qui a immobilisé l'autre auteur-compositeur-interprète et guitariste du groupe, Jim Cuddy.

Un mois après avoir chanté avec Kevin Parent et l'OSM à la Maison symphonique, Cuddy a trébuché dans l'escalier menant à son sous-sol et il a subi une déchirure d'un ligament du genou. On lui a retiré son attelle il y a un mois à peine.

«On n'a pas pu enregistrer autant qu'on pensait le faire, mais on va s'y remettre après la tournée», confirme Keelor.

«On a répété environ dix nouvelles chansons jusqu'à maintenant et je dirais que sept d'entre elles vont probablement se retrouver sur le nouvel album. On va en apporter d'autres en studio.»

Une chanson contre Harper

L'automne de Blue Rodeo a également été marqué par Stealin' All My Dreams, une chanson contre la réélection de Stephen Harper que le groupe a mise en ligne sur YouTube. «Je ne voulais pas en parler, donc j'ai écrit une chanson sur le sujet», avait dit Keelor à l'époque.

Ce n'était pas la première chanson d'actualité de Blue Rodeo, mais c'est certainement celle qui a fait le plus de vagues.

«La mère de notre claviériste, une ardente partisane de Harper, a juré qu'elle n'assisterait plus jamais à un concert de Blue Rodeo, raconte Keelor. Curieusement, plusieurs personnes comme elle se sont senties attaquées personnellement par cette chanson, alors que ce n'était qu'une liste des choses qui m'agaçaient à propos de son gouvernement, de sa manière de façonner le pays et de la perception du Canada qu'avait le reste du monde.»

Les réactions positives à Stealin' All My Dreams ont été 10 fois plus nombreuses, précise toutefois Keelor qui se réjouit de voir «une seconde Trudeaumanie balayer le pays». Il a lui-même opté pour le vote stratégique, lui qui appuie habituellement le Parti vert d'Elizabeth May.

«J'aime ce qu'elle dit et son sens de l'humour, explique Keelor. Mais je vis dans l'Ontario rural et, dans ma circonscription, on élisait toujours un conservateur. Cette fois, j'ai décidé de voter pour les libéraux et leur candidate a gagné.»

Un mois plus tard, Keelor et Cuddy ont été faits officiers de l'Ordre du Canada à Rideau Hall.

«Ça fait un peu bizarre d'être admis dans cette auguste société, dit le rockeur ontarien. Comme je l'avais dit quand on nous a remis le prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle il y a quelques années, si un gars comme moi peut gagner l'un de ces prix, il y a encore de l'espoir pour ce pays!»

Prolifique, le monsieur

Comme son ami Cuddy, Keelor est un auteur-compositeur prolifique qui, chaque fois qu'il renoue avec Blue Rodeo en studio, a plus de chansons dans son sac qu'il n'en faut pour faire un album.

«Certaines chansons m'apparaissent faites sur mesure pour Blue Rodeo, mais je propose également au groupe des chansons plus étranges pour voir ce qu'ils vont en faire.»

Keelor n'a pas changé sa façon d'écrire depuis qu'il ne joue plus de guitare électrique sur scène en raison de ses problèmes auditifs.

«Mes oreilles sont en bien meilleur état qu'il y a quatre ou cinq ans, mais, même quand je pouvais jouer de la grosse guitare, ça n'influait pas vraiment sur mon écriture, dit-il. Les chansons ont leur propre identité, elles se définissent d'elles-mêmes et puis arrive un moment où je sens que ça serait meilleur avec un bon solo de guitare électrique.»

Quand paraîtra le prochain album du groupe, il y a fort à parier qu'on y trouvera à peu près à parts égales des chansons de Keelor et de Cuddy et que Blue Rodeo reviendra nous les jouer sur scène à l'hiver 2017.

«Ce sera notre première tournée d'adieu, lance Keelor, pince-sans-rire.

- La première de combien?

- Oh, on va probablement en faire six.»

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À la salle Wilfrid-Pelletier le 11 février, 20h.