Ils n'ont pas regardé le gala de l'ADISQ, mais ils n'ont rien contre ceux qui y ont été honorés ni contre l'industrie de la musique dont ils font aussi partie. Les gars de Mille Îles font leur affaire, tranquillement, posément, en marge du star system qui rend tellement de monde fou. Ce n'est pas un credo: juste une question de rythme et de personnalité.

«Je fais ce métier depuis 20 ans et je suis encore là: c'est un privilège», lance Benoît Archambault qui s'est fait connaître tant par son «personnage» de l'Irlandais du groupe folk Mes Aïeux - triple lauréat du Félix du groupe de l'année à l'ADISQ - que par son travail de chanteur-conteur auprès de jeunes publics, fans des livres-disques Les Pourquoi.

Un nouveau groupe, Mille Îles? Oui et non... En 1998, au Festival de la chanson de Petite-Vallée, où il a remporté le prix de la chanson SOCAN pour L'effet papillon, écrite par son frère François, Benoît Archambault a rencontré le guitariste Simon Proulx, avec qui il s'est découvert des atomes musicaux doublement crochus. Et ils travaillent ensemble depuis, tant à la scène qu'en studio.

Les années ont passé, nos Aïeux, sans projet immédiat, sont partis en pause, et tout le monde est arrivé dans la quarantaine, avec chacun ses questionnements et sa quête de sens.

Sans contrainte

Pour Benoît, ce passage s'est traduit par un besoin d'introspection et il a lancé à ses comparses l'idée d'un disque où la chanson se déploierait dans un espace de liberté totale. «Un disque que nous-mêmes aurions le goût d'écouter», précise Simon Proulx, arrangeur et multi-instrumentiste, à ne pas confondre avec son homonyme des Trois Accords.

François Archambault, dramaturge de son état premier et adepte du «multitâches», se met donc en mode chanson et commence à livrer à Benoît, qui l'alimente en flashes, des «bouquets» de textes dont le disque tirera son nom. «Je ne m'imposais aucune contrainte structurelle», dira le diplômé de l'École nationale de théâtre, auteur notamment de La société des loisirs et de Tu te souviendras de moi

«Si on ne sentait pas de refrain, il n'y a pas de refrain, et c'est tout...»

Liberté et simplicité volontaire, comme l'évoque la chanson Échelles et serpents, bien que certaines pièces aient progressé au-delà de l'instrumentation de base piano-guitare: ça va, souligne l'arrangeur, de 2 pistes à 107 pistes, pour Réjeanducharme, «chanson ludique que le groupe a souhaitée aussi libre dans sa forme que le célèbre auteur au visage caché».

Et pourquoi ce nom de Mille Îles? Euh... parce que la rivière appelle au calme - magnifique, la photo de la pochette - et que Benoît Archambault habite sur sa rive nord, à Bois-des-Filion où Le bouquet s'est concocté sans le moindre incident... Hors du temps.

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FOLK. Le bouquet. Mille Îles. Les Disques Victoire.