Lors de notre entretien téléphonique, le chanteur soul Leon Bridges se trouve à la maison, à Forth Worth, au Texas. «Nous faisons quelques répétitions avant de repartir sur la route avec un nouveau batteur», explique-t-il.

L'une des révélations musicales de l'année proposera ce soir un spectacle différent de celui présenté dans l'intimité privilégiée du Quai des brumes, en mai dernier. «Nous avons tous évolué comme musiciens, et le son sera différent par rapport à l'album.»

Le plaisir qu'éprouve Leon Bridges sur scène croît avec l'usage. «C'est une expérience d'apprentissage. Comment être un leader, rester soi-même et passer un bon moment», résume-t-il.

Leon Bridges a une voix d'or, une vieille âme soul, pour ne pas dire une sorte de don. «J'ai toujours su que je pouvais chanter un peu, mais je n'avais pas vraiment confiance en moi avant d'arriver à l'université. Puis un ami m'a dit: "Man, tu as une très belle voix", et je l'ai considéré avec plus de sérieux.»

Cela ne fait que quatre ans que Leon Bridges a appris les rudiments de la guitare pour se produire dans des soirées à micro ouvert dans des cafés. «Je ne me considère pas encore comme un joueur de guitare. Je n'en joue pas en concert. Je me concentre sur mon chant.»

Comment expliquer ce talent de mélodiste, alors?

«Depuis que je suis petit, il y a des mélodies dans ma tête. En vieillissant, j'ai développé cet aspect.»

L'une des premières chansons que Leon Bridges a écrites, Lisa Sawyer, raconte l'enfance de sa mère. «J'étais dans une soirée micro ouvert. J'ai entendu un gars jouer un air à la guitare et la mélodie est restée dans ma tête, raconte-t-il. Ma mère et sa famille ont grandi à La Nouvelle-Orléans, et la chanson est un aperçu de leur vie. Ils avaient peu de moyens, mais beaucoup de force et d'amour.»

Leon Bridges et son tube réconfortant Coming Home ont attiré l'attention de son compatriote texan Austin Jenkins, membre du groupe White Denim. Jenkins et son collègue Joshua Block ont ensuite épaulé Bridges à la réalisation et à l'enregistrement de son premier album, qui a eu le succès qu'on connaît depuis sa sortie avec la major Columbia Records, en juin dernier.

«J'étais chill, car je ne savais pas qui Austin était, raconte Leon Bridges. Je trouvais ça cool qu'il veuille enregistrer mes chansons comme dans les années 50. Je jouais seulement de la guitare et, enfin, mes chansons pouvaient véritablement prendre vie grâce à lui.»

Le soul en lui

Leon Bridges a accouché d'un album au son d'époque authentique. «Tout est allé vite. Les chansons sont très simples et les musiciens m'ont fait oublier que je chantais. Nous avons enregistré huit chansons en quatre jours, puis nous sommes partis en tournée avant de terminer l'album.»

Leon Bridges ne connaissait pas Sam Cooke avant d'être comparé à lui. Le soul a quelque chose d'inné.

«Le soul a toujours été en moi. Beaucoup de musiciens composent des chansons sans connaître toute la complexité du solfège. C'est un cadeau de Dieu.»

Le chanteur de 26 ans a grandi en écoutant Usher. «Aujourd'hui, j'écoute les albums de Fats Domino. C'est cool. Il vient du même endroit que mes grands-parents. Je crois que c'est une affaire de sang.»

La demande est forte pour Leon Bridges, qui se produira à guichets fermés au Corona ce soir. «J'écris des chansons sur la route», signale-t-il.

Que pense-t-il de tout ce qui lui arrive? La pub d'Apple. Les chaleureuses critiques. L'éloge de son look vintage choisi avec soin. «Une bénédiction, lance-t-il. Enfant, je regardais les artistes à la télévision, et jamais je n'aurais pensé que mon chemin croiserait les leurs.»

Quelques jours après notre entretien téléphonique, Leon Bridges devait amorcer sa tournée à La Nouvelle-Orléans. Sa mère, née dans ce terreau musical fertile, allait assister au spectacle. «C'est spécial pour moi. Cela vient confirmer que ce que je fais est légitime.»

Très légitime.

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Au Corona ce soir, 20 h 30.