Michel Louvain fait référence à Tony Bennett à quelques reprises lorsqu'il parle de son nouvel album, Gentleman Crooner. Ce grand crooner américain a été sa source d'inspiration tout au long du processus de création. Mais contrairement à son idole, le chanteur québécois jure qu'il arrêtera de monter sur scène lorsqu'il ne sera plus en mesure de «donner son plein rendement».

Dans une chambre d'hôtel du centre-ville de Montréal, Michel Louvain reçoit les journalistes pour parler de son album, qui vient de sortir. Malgré ses 60 ans de métier, il est aussi fébrile que s'il faisait ses premiers pas dans le milieu de la chanson. «Que voulez-vous? C'est ma vie, la musique.»

Avec son équipe, il a décidé d'offrir des chansons que des crooners comme Tony Bennett, Frank Sinatra ou The Brothers Four ont déjà interprétées. «Des chansons que je connaissais déjà par coeur, parce que je les ai toutes chantées au début de ma carrière», dit l'homme à l'aube de ses 80 ans.

«J'ai expliqué à mes réalisateurs que nous voulions ça style Tony Bennett, crooner des années 50. Pas de gros orchestre, peu de violons, pas de trompette, rien qui blaste. On veut ça smooth. C'est ce que nous avons fait. Mis à part un swing, La belle vie de Jean Broussolle et Sacha Distel, ce sont des chansons très douces avec guitares, quelques violons et du saxophone.»

Pour la première fois, Michel Louvain s'est entouré de trois personnes pour réaliser l'album: Scott Price, Guy St-Onge et Daniel Piché. Chacun d'eux a réalisé quatre chansons de l'opus. «C'est mon idée et je suis très content que ce soit ainsi. Je voulais trois réalisateurs pour donner différentes couleurs à l'album.»

Un duo avec Ginette Reno

Sur Gentleman Crooner se trouvent deux duos: Hey! Crooner, avec la formation Tocadéo, et Et maintenant si on dansait, avec son amie Ginette Reno. Un rêve qu'il chérissait depuis des lustres.

«Ginette, c'est l'arc-en-ciel! Ça fait des années que je dis que j'aimerais faire un duo avec elle. Lorsque je l'ai appelée pour le lui demander, j'étais nerveux, tellement nerveux. C'est sûr qu'elle aurait pu me dire non, si elle n'était pas dans le mood. Finalement, elle m'a dit: «Oui, mon amour! Pas de problème!» J'ai raccroché et j'ai commencé à crier comme un maudit fou. J'avais des amis à la maison et mon copain m'a dit: «Mais voyons donc, pensais-tu qu'elle allait refuser?» J'étais excité comme un petit gars qui reçoit un jouet.»

Parmi la douzaine de titres de Gentleman Crooner se trouvent deux chansons originales, dont L'un sans l'autre de Daniel Bélanger.

«Je connaissais Daniel Bélanger comme Daniel Bélanger. Et il connaissait Michel Louvain comme Michel Louvain. Mais mis à part deux ou trois fois où nous nous sommes donné la main, je ne lui avais jamais parlé.»

Il a donc été agréablement surpris d'apprendre que l'auteur-compositeur-interprète voulait lui écrire une chanson. «J'en ai reçu une... C'était beau, mais elle ne me collait pas à la peau. J'ai appelé Daniel pour le lui dire et il m'a répondu: «Je suis content que tu me le dises. Je t'en fais une autre.» Lorsque j'ai reçu l'autre, j'ai dit: «Wow! Wow! Wow! "»

La seconde chanson originale, La mémoire du coeur, est de Nelson Minville et Daniel Piché. L'artiste y chante: «Qu'importe la saison, ma vie, c'est la chanson. La chanson, c'est la mémoire du coeur.»

«Du 100% Louvain. C'est moi, ça. C'est toute ma vie. Ça veut dire que les gens me connaissent bien. Ça veut dire que Nelson [Minville] me connaît bien.»

Louvain sur scène

Une tournée suivra la sortie de l'album. Plus de 40 représentations sont déjà au calendrier du crooner, à partir d'avril prochain.

«Je me stresse beaucoup avec ce qui s'en vient. Peut-être parce que je vieillis. Pourvu que le public soit là et pourvu que je sois en forme pour faire des spectacles, il n'y a pas de problème», dit Michel Louvain.

De nouveau, il est question de Tony Bennett. Michel Louvain était au Cabaret du Casino de Montréal lorsque l'Américain de 89 ans a interprété seulement sept chansons avant de quitter la salle et lorsqu'il a déclaré qu'il était heureux d'être à... Toronto.

«Je ne le comprends pas. Qu'il n'ait plus de voix, d'accord! Mais qu'il dise: «Je suis content d'être à Toronto», c'est un peu bizarre. Ça, c'était une claque. [Silence.] Il est un peu perdu, je pense.»

Le «gentleman crooner» se veut rassurant: «Quand ça ne marchera plus, quand je ne serai plus capable de donner un bon spectacle, j'arrêterai. Ça, je te le promets. Je vais arrêter.»

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MICHEL LOUVAIN. GENTLEMAN CROONER. LES PRODUCTIONS MARTIN LECLERC.