Jean Leloup s'est inventé une ville qui a pour nom Paradis City. Il a d'abord écrit la chanson Paradis City qui a donné son nom à un album dont il s'est écoulé plus de 85 000 exemplaires à ce jour. Ne lui restait plus qu'à imaginer un univers auquel rattacher les deux spectacles qu'il s'apprête à créer: Splendeur et chute de Paradis City avec Jean Leloup et son orchestre, dont la première aura lieu au Métropolis le 22 octobre, et Le fantôme de Paradis City avec Jean Leloup en solo, qui verra le jour à la salle Wilfrid-Pelletier le 5 décembre.

Par un bel après-midi d'automne, dans le local où il répète depuis un mois avec ses musiciens et une section de cordes, Leloup s'amuse à construire et à déconstruire Paradis City, «la ville des villes», en nous prenant à témoin.

«Paradis City, qui a été créée après l'explosion des mises à jour en 2057 ou 2058, contient tout ce dont on rêve dans une ville: du rock and roll, de la vie de quartier, de l'ultramoderne mais en même temps du romantique, des petits hôtels miteux dans des recoins», dit-il.

Puis, le chanteur est tombé sur des illustrations d'Yves Archambault, son complice dans cette aventure scénique, et il s'est dit: «C'est ça, Paradis City, c'est exactement ça.»

30 000 voyageurs

Jean Leloup a de la suite dans les idées. C'est lors du lancement de son album, le 2 février au Planétarium, que les passagers se sont «envolés» vers Paradis City, rappelle-t-il. Depuis, ils sont plus de 30 000 voyageurs additionnels à s'être procuré des billets pour l'un ou l'autre des 19 spectacles qu'il donnera à Montréal, à Québec et à Ottawa jusqu'à la mi-février 2016. Plus encore, 10 des 11 shows prévus d'ici la fin de l'année affichent complet.

«Bientôt, ils vont donc arriver sur la planète Pêche où le Sauvage [Leloup lui-même] offre avec son orchestre un grand spectacle à l'agora des Marguerites, raconte l'artiste. Le Sauvage, c'est un des spécimens des galaxies arriérées. Paradis City, c'est les passions humaines, c'est l'amour, la joie, c'est la vie humaine, tu veux que ça n'arrête jamais. Mais, évidemment, ça commence à mal aller. Je pense qu'il y a eu un orage numérique et on ne saura jamais si Paradis City a existé ou pas. Dans le no man's land après Paradis City, il y a un fantôme qui se promène à la recherche de son âme.»

C'est le spectacle solo dans lequel le décor physique d'Yves Archambault fera place à des projections réalisées en collaboration avec la boîte de création multimédia montréalaise 4U2C.

Au bout d'un trip

Leloup se défend bien d'être un mordu de science-fiction. «Paradis City, c'est un personnage, de la même façon que ma Land Rover ou le chien à trois pattes sont des personnages, explique-t-il. Il y a un nouveau personnage qui est apparu, c'est Paradis City.»

Entre deux envolées où il nous apprend que le billet pour Paradis City est extrêmement cher et qu'il faut réserver sa place 20 ans d'avance, Leloup parle du spectacle qu'il peut enfin se permettre, lui qui adore le théâtre contemporain «complètement pété» et qui est encore tout chamboulé par le «show pas croyable» de; qu'il a vu récemment.

«Ça fait très longtemps que je rêve de faire un spectacle complètement théâtral, tout seul avec ma guitare, mais quand les gens viennent me voir, j'aime ça aussi pouvoir leur faire des chansons avec un orchestre, explique-t-il. On m'a dit que je pouvais faire les deux.»

Leloup estime que son album Paradis City est «un tout» qui lui a permis de monter un show dans lequel il raconte pas mal tout ce qu'il veut raconter. Les autres chansons de son répertoire se sont placées tout naturellement dans l'un ou l'autre spectacle: «Il y a deux sortes de chansons: certaines qui vont chercher certains aspects de nous et d'autres qui racontent plus des histoires.»

«C'est juste de la musique»

Raconter des histoires, c'est ce qu'il entend surtout faire dans le spectacle solo: «Oui, je peux complètement me laisser aller, arrêter une chanson en plein milieu et me mettre à parler aux gens ou à raconter une histoire. Je n'avais jamais fait un show tout seul avant. Là, j'en fais deux qui se suivent: je vais raconter deux genres d'histoires, deux façons de voir la vie.»

Que les non-initiés soient rassurés: pas besoin de tout savoir de Paradis City pour apprécier ces deux spectacles.

«Non, non, c'est juste de la musique, c'est du show de rue que je fais, dit Leloup. J'ai séparé ça en deux et je me suis amusé à dire que ça va être deux concepts qui se rebondissent dessus tels les deux soleils de Paradis City. Avec Paradis City, je m'amuse, je m'amusais. De toute façon, je suis rendu ailleurs.»

_______________________________________________________________________

Consultez les dates de tous les spectacles sur roiponpon.ca/spectacles

Suivez le guide

Avec toute l'imagination et le sens poétique qu'on lui connaît, Jean Leloup a accepté de nous ouvrir les portes de Paradis City. Visite guidée, dans ses mots.

PARADIS CITY

Sise au nord-est du continent fleuri de la planète Pêche, Paradis City tire ses revenus pharaoniques du Volcan d'Or et de ses quatre Geysers de Supergaz qui assurent son énergie inépuisable.

L'ARRIVÉE

Vous atterrissez sur la planète Pêche, à l'aérogare flottant de Paradis City, au-dessus des canopées de la Forêt des Rosiers. Admirez la vue, appréciez l'accueil enthousiaste des babouins nains qui peuplent la piste translucide.

Dans le sas, vous remarquerez immédiatement combien l'air de la planète Pêche est pur.

Ensuite, laissés à vous-mêmes, vous serez libres. Ne soyez pas inquiets. Il sera 8 h p.m. Juste le temps de vous rendre au sommet des Marguerites, afin d'admirer au milieu des nuages le coucher des deux soleils.

Trouverez-vous un hôtel ou coucherez-vous près de la fontaine, sous les trois lunes du ciel?

Quelle importance?

ATTRAITS TOURISTIQUES

Ah! ces soirées parfaites, sur les plages roses de la Mer des Coraux, où s'ébattent les poissons perroquets!

Ah! ces après-midi dans le Souk des Errants, ces longues siestes dans les pagodes, au Jardin des Orangers!

Le jour, main dans la main, vous hélerez les marchandes de fruits qui vous présenteront des mangues fraîches et des bleuets de mer que vous dévorerez sur place. Et vous embrasserez passionnément votre amour en vous écrasant mutuellement des framboises sur le visage pour le fun. Joie! Paradis City.

Et pourquoi pas un mariage passionné dans les canaux de Vénizia, au Lac des Diamants?

Vous naviguerez dans les jonques de paille qui abriteront vos ébats. Et après avoir canoté d'une île à l'autre, vous trouverez un petit hôtel sur pilotis, où vous prendrez une chambre minuscule et inconfortable. Puis vous sauterez ensemble à l'eau, du balcon de votre fenêtre, et nagerez parmi les anémones vertes, les étoiles d'eau douce orangées et scintillantes.

Vous ferez des feux sur le bord des plages de la Perfection, sous les trois lunes du soir.

Ajoutons à ces merveilles la canopée foisonnante de lierres et de fougères géantes qui assurent le renouvellement continuel de son célèbre oxygène aux effluves de roses.

Avez-vous imaginé les levers et couchers de ses deux soleils, ses arcs-en-ciel enchevêtrés, la magie de ses trois lunes qui se suivent à la queue leu leu ? Comment imaginer le trop parfait ? Comment témoigner de l'inexprimable?

Paradis City: infiniment plus qu'une simple destination, la destinée des destinées.

À NE PAS MANQUER

- Les baignades aux plages de champagne

- Le kite-surf extrême sur les lacs d'or bouillants

- Les mariages aux grands murs de marguerites

- Les voiliers de flamants roses au-dessus de la mer salée

SPORTS ET AVENTURES

À l'est de Paradis City, de l'autre côté du Volcan d'Or, s'étend le Continent Végétal qui constitue la moitié de la planète des Deux Soleils, restée à l'état sauvage, et abritant une variété infinie d'espèces vivantes.

Marcher en expédition, ouvrir le chemin à travers les lianes à coups de machette, rencontrer les babouins roses, les perroquets albinos, les zèbres sauvages, installer vos campements dans les branches pour éviter les scorpions et serpents venimeux de jour en jour sera l'épreuve qui vous permettra peut-être d'atteindre les tribus Hölis, dans leurs nids suspendus au centre des grands eucalyptus.

Issus des migrations saturniennes au cours de la Guerre des Réseaux, les Hölis forment une peuplade hétéroclite de grimpeurs sylvestres, frugivores et insectivores. Leurs principales activités? Coudre des broderies sur leurs nids de feuilles, sculpter de magnifiques Kïs de terre battue et étudier les astres en préparation de leurs migrations continuelles en quête de la Forêt Ultime des écrits sacrés.

Vous serez émus par les motifs en spirale de leurs peintures et leurs vêtements, des couleurs vives ornant leurs demeures, de leur sens pictural époustouflant, de leur hospitalité légendaire. Vous essaierez leur alcool de framboise en dégustant l'omelette aux sauterelles, leur mets principal. Et le soir, en sirotant leur thé au miel, vous regarderez avec eux le coucher des deux soleils au-dessus des canopées.

Avis aux sportifs: munis d'ailes faites de plumes d'aras cousues, les Hölis sont extrêmement agiles et volent de branche en branche à une vitesse effarante. Les accompagner dans ce sport vertigineux parmi les arbres n'est pas suggéré aux voyageurs de constitution fragile. Pour ceux qui tenteront l'aventure, gare aux grands pumas qui fauchent les sportifs en vol: les Hölis vous préviendront d'une attaque possible par un sifflement rapide: cessez immédiatement l'activité et suivez les indications de vos hôtes.

CROYANCES ET LÉGENDES DES HÖLIS

Au milieu du Volcan d'Or se trouve la nymphe hermaphrodite qui médite dans son oeuf de cristal bleu.

Une fois par an, durant les aurores boréales, l'oeuf s'ouvre et elle nage vers la surface, pour marcher ensuite vers la mer Mauve.

Couverte d'or liquide, elle plonge afin de retrouver sa jeunesse éternelle.

On dit qu'ensuite elle se promène sur les plages pour trouver un(e) amant(e) et se reproduire. Et que ses conquêtes deviennent folles d'amour et meurent en plongeant dans le cratère du volcan pour la retrouver.