Catherine Major aime faire «1500 choses à la fois», mais elle n'en a pas moins ses priorités. La première, intouchable, absolue, est de s'occuper de ses filles qui n'ont pas encore l'âge de fréquenter l'école.

L'autre, la musique, la fait courir du piano au studio et l'envoie chanter de Québec à Victo, seule ou avec ses musiciens. Mais jamais plus de quelques jours à la fois, parce que Frédérique et Margot...

«Je n'ai pas deux vies: j'en ai une seule dans laquelle tout est intégré», nous dira Catherine Major, rencontrée cette semaine pour la sortie de son quatrième CD, La maison du monde, qui sera lancé mercredi au Théâtre Plaza.

L'art de la collégialité

De cette vie unique, unifiée par la famille et les proches, sortent les histoires qui forment le monde de la pianiste et chanteuse: sensualité exacerbée dans Rien du tout, écrite par Moran, son compagnon de vie - «Je connais une amande/Qui ne se croque qu'en jambes» -, émotion parentale contenue dans Pupille, premier salut public à Margot, arrivée il y a deux ans dans cette «vie immense».

Des histoires personnelles que la maîtrise des mots et de la musique, l'art finalement, fait accéder à l'universel. Un art que Catherine Major pratique, a toujours pratiqué, en collégialité, dans un esprit d'échange qui commence d'abord avec les paroliers. Dont beaucoup de paroliers «maison», à commencer par Jeff Moran, l'homme de la maison, justement - «une des plus belles plumes d'ici», lance son amoureuse, «et je ne dis pas ça parce que c'est mon chum».

Jacinthe Dompierre, la mère de la chanteuse, lui a donné Vivante tandis que l'ami Christian Mistral signe deux textes dont la belle Chanson urgente: «Ce matin j'étais vieille autant/Que je serai jeune ce soir.»

Avec Black Jack de Richard Desjardins et les deux chansons pour lesquelles Catherine Major a écrit paroles et musique, La maison du monde compte 11 pièces. Assez grand pour accueillir bien des invités à Outremont, son Outremont natal où, elle le déplore, la cohabitation intercommunautaire est devenue bien difficile.

Apprendre à en faire moins

Pour ce CD, la chanteuse dit avoir travaillé «dans les deux sens», c'est-à-dire que certaines chansons ont été construites à partir du texte et d'autres, à partir de la musique, la «méthode Major» habituelle. «Je suis incapable de partir autrement qu'avec la musique...» Qu'elle compose au piano, bien sûr, son instrument avec lequel elle entretient une relation intime et évolutive.

Ainsi, la dernière partie de sa tournée Le désert des solitudes a constitué la première série de spectacles qu'elle donnait en solo. Qu'en a-t-elle tiré? «D'abord, j'ai arrêté de me prendre la tête et de me voir à travers les yeux des autres dont j'étais sûre qu'ils ne voyaient que mes carences et mes défauts. Je suis très exigeante avec moi-même...

«J'ai aussi modulé mon jeu au piano. J'avais tendance à en mettre beaucoup, mais là, seule sur scène pour la première fois, j'ai commencé à épurer: pas besoin de toujours remplir entre deux mots...», ajoute Catherine Major.

La maison du monde témoigne de cette évolution qui, explique encore la jeune dame, correspond à l'approche «moins que plus» de Jean Massicotte, collaborateur des Watson, Jorane, Désilets, Arthur H et autres qui a coréalisé le CD avec elle - de la belle ouvrage. Les crédits rappellent l'apport instrumental de Massicotte aux synthétiseurs, au piano Rhodes et à l'orgue, au beatbox, aux percussions, à la guitare et à la basse. Oui, d'autres musiciens, et des bons, ont participé à l'album...

Sa prochaine tournée devait débuter en janvier, mais Catherine Major a repoussé la date pour pouvoir participer au spectacle Fioritudes, cet hommage à Serge Fiori auquel elle est associée depuis sa création aux FrancoFolies de 2014.

Elle continue d'écrire des arrangements pour d'autres artistes et elle est présentement engagée, comme interprète, dans ce disque-hommage à Diane Dufresne que réalise Marc Pérusse, avec qui elle collabore fréquemment. Partout à la fois, Catherine Major, mais calme et pas du tout «busy body»: tout est intégré...

La tournée de La maison du monde, ce n'est pas une grosse surprise, commencera en mars à l'Outremont, «son» théâtre. Elle y a lancé ses deux dernières tournées alors qu'elle était enceinte... «Pas cette fois...»

_____________________________________________________________________________

CHANSON. CATHERINE MAJOR. LA MAISON DU MONDE. SPECTRA MUSIQUE.