Quand elles mêlent leurs voix, Cindy Doire et Andrea Ramolo font plus que des harmonies vocales: elles créent tout simplement de la beauté. Toujours réunies sous le nom de groupe Scarlett Jane, les deux jeunes trentenaires canadiennes proposent leur deuxième album en trois ans, imprégné de beauté et baptisé... Scarlett Jane, qui sort mardi, quelques jours avant le passage du groupe au Festival d'été de Québec. Entrevue à deux voix mêlées, bien sûr.

L'anecdote est si jolie: en quête de sociofinancement pour produire leur second album, Cindy Doire et Andrea Ramolo, alias le duo Scarlett Jane, mettent en vente quelques objets personnels. Dont leurs paires de bottes de cow-boy respectives, celles qu'elles ont portées sur scène et sur la route pendant la tournée qui a suivi le lancement de Stranger, leur tout premier album (2013).

Et qui a acheté les deux paires? La chanteuse canadienne chevronnée Jann Arden, qui ne manque jamais de leur envoyer des messages d'encouragement. Ces bottes de Scarlett Jane, elles étaient faites pour chanter ou, en tout cas, pour aider leurs ex-propriétaires à le faire!

«On n'a pas une grosse machine derrière nous, explique Cindy Doire dans un français très naturel depuis Toronto où la native de Timmins vit désormais. Alors, on a fait appel à plein de "petites machines", c'est-à-dire à tous ces gens qui nous aiment et nous suivent, dont Jann Arden. Tout cela nous a fait tellement de bien...»

À Cuba, sans téléphone

Pour faire suite à leur premier album Stranger (lancé en 2013 et relancé, en version remixée, en 2014 par Warner, ce qui leur a valu de percer à la radio), Cindy et Andrea ont décidé de s'isoler à La Havane pendant une semaine, pour écrire nuit et jour des chansons «sans téléphone et avec des plumes», comme dit Cindy. À quatre mains et deux voix, alors qu'elles ont pourtant chacune quelques disques solo à leur actif. Mais voilà, ça ne donne pas du Scarlett Jane.

Non, il n'y a pas de couleur «latino» sur l'album - pensez plutôt country, rock atmosphérique, rock up tempo, folk contemporain. Mais l'atmosphère de La Havane se prêtait manifestement bien à leurs écritures croisées: «C'est peut-être à cause de cette ville, de cet amalgame de destruction et de renaissance constante qu'on sent partout à La Havane», dit Andrea.

La jeune native de Toronto parle et comprend de mieux en mieux le français «parce qu'on veut vraiment travailler au Québec», explique Cindy... à moins que ce ne soit Andrea.

D'ailleurs, sur ce deuxième album, il y a une chanson écrite en français, Cours. Non, pas une adaptation (contrairement à leur chanson Mon coeur se brise, sur Stranger, version en français de leur morceau Aching Heart).

Cours est une création en bonne et due forme, dans la langue de Tremblay. Les unes comme les autres, Scarlett Jane les interprétera le 16 juillet, au Petit Impérial, dans le cadre du Festival d'été de Québec.

Deux par deux rassemblés

Pour ce nouvel opus, les membres de Scarlett Jane ont poussé le concept de collaboration encore plus loin.

«On voulait deux réalisateurs, pour qu'ils travaillent ensemble, comme nous le faisons, dit Andrea. Cindy et moi, on est un duo collaboratif. Et même si c'est parfois difficile de négocier tout le temps, il en résulte toujours de meilleures chansons, plus profondes, mieux écrites, parce que nous nous poussons l'une l'autre à aller plus loin. On croit que deux têtes valent mieux qu'une, alors pourquoi ne pas appliquer le même principe pour la réalisation? C'est pourquoi on a fait appel à Colin Cripps, guitariste de Blue Rodeo, et Chris Stringer, qui a travaillé avec Timber Timbre et Tokyo Police Club.»

Les jeunes femmes ont ainsi pu compter sur un réalisateur qui les a poussées à retravailler méticuleusement leurs harmonies vocales, ainsi que leurs mélodies et les structures de leurs chansons (Cripps) et sur un réalisateur qui a créé de magnifiques paysages sonores pour leurs chansons (Stringer), poursuit Cindy.

Le résultat de ce travail, on l'entend clairement. Comme on entend clairement deux femmes qui s'épaulent, pour le meilleur et pour le pire, deux «BFF» (Best Friends Forever) depuis plus de 10 ans.

«Notre premier disque était très inspiré par nos ruptures amoureuses, dit Andrea, et le deuxième... l'est aussi, tout simplement parce que nous sommes toujours sur la route. Ça ne fait pas des vies amoureuses très simples! Sauf que nous avons toutes deux une amie à nos côtés pour nous aider à passer à travers.»

«C'est plus facile, vivre la solitude du métier à deux», ajoute Cindy. Ainsi, la très belle chanson For You, sous des apparences de chanson d'amour, Cindy et Andrea l'ont écrite l'une pour l'autre. Une vraie chanson d'amitié, féminine ou masculine.

Femmes libérées

Délicieusement ambiguës, Cindy et Andrea ont, pour la chanson Cours, fait une vidéo où les paroles sont intégrées à un authentique film d'époque où l'on voit une femme faire un striptease.

Elles ont fait de même pour le premier extrait du nouveau disque, la chanson Little Secret: le texte défile à l'écran pendant qu'une femme des années 40 danse de façon extrêmement expressive.

«Et toutes les vidéos du deuxième album seront présentées de cette façon, explique Andrea, parce qu'on y voit des femmes d'une autre époque qui sont fortes, fantaisistes et qui assument totalement leur corps.» Comme Cindy et Andrea assument pleinement ce «corps» virtuel qu'est Scarlett Jane.

En spectacle le 16 juillet au Festival d'été de Québec.

FOLK CONTEMPORAIN

Scarlett Jane

Scarlett Jane

The Management Trust Ltd./Scarlett Jane Music

Sortie mardi prochain