Découvert sur le web par une maison de disques française, David Giguère amorce ces jours-ci sa carrière européenne en présentant un EP de quatre titres, La noyade, aux publics français, belge et suisse.

« Nous sommes continuellement à la recherche d'artistes, explique Pierre Lavaud, directeur artistique de la maison de disques Beaucoup Music. Nous sommes tombés sur L'atelier  [NDLR: chanson tirée de son premier disque, Hisser haut]. Sa tronche, son timbre de voix, ses textes: on a vite été captés par David. »

Le téléphone a sonné chez Stéphanie Moffatt, à Montréal, qui gère la carrière de l'artiste. « Nous savions que nous allions un jour aller à Paris, mais ça s'est fait plus vite que prévu! », lance-t-elle.

MODESTE ET LUCIDE

Pour son « opération séduction », David Giguère, âgé de 24 ans, a sélectionné des titres de ses albums précédents.

« J'ai travaillé avec l'équipe de Beaucoup Music pour choisir les morceaux. C'est vraiment spécial, ce n'est pas moi qui ai couru pour dire «aimez-moi, aimez-moi»! Ça me donne beaucoup de liberté », nous a confié le chanteur à la sortie du deuxième des trois concerts qu'il a donnés cette semaine à Paris.

Selon Pierre Lavaud, la première étape vise à faire connaître l'univers électro-intimiste du chanteur. Noyade est dans « les bacs » français depuis le 25 mai; David va donner des concerts de poche et faire la tournée de quelques médias: France Bleu, Huffington Post, MadmoiZelle.

En concert, David reprend ses titres (L'atelier, Noyade), mais teste également du nouveau matériel comme la superbe chanson Elle et lui. « Ce que j'aimerais le plus au monde, c'est qu'on sorte un troisième album synchro, ici et au Québec », admet-il.

Le damoiseau est modeste et lucide quant à son développement européen.

Il faut dire que la mère du chanteur est française. « C'est la première fois que je viens en adulte sans ma famille. »

TROP DE QUÉBÉCOIS EN FRANCE?

Pierre Lapointe, Klô Pelgag, Peter Peter, Isabelle Boulay: ils sont nombreux à s'abreuver à la source française. Avec une population de 66 millions (8 millions au Québec), la France représente un potentiel plus qu'appréciable. Mais sont-ils trop nombreux? 

Selon Pierre Lavaud, « les artistes canadiens sont en vogue à Paris. Il y a une mouvance depuis deux, trois ans. Ils amènent une touche de fraîcheur que les artistes français ont moins maintenant ».

Laurence Goubet, de Zamora Productions, a découvert Klô Pelgag à Montréal. « Des artistes comme Lisa LeBlanc, Fred Pellerin ou Klô Pelgag ont tous une singularité. C'est ce qui plaît au public, bien plus qu'un certain «exotisme québécois», comme j'ai pu le lire parfois », explique-t-elle.

Tout aussi jeune que David, Klô Pelgag a du succès en France où elle affiche 96 concerts au compteur.

David Giguère chantera la semaine prochaine en première partie de Karen Brunon au Divan du monde. Il sera de retour à Paris à l'automne en première partie de Cali et peut-être d'Ariane Moffatt qui lancera 22h22 dans L'Hexagone cette année.

« Les gens sont unanimes sur l'aisance de David sur scène, la qualité de ses textes. En espérant que le bouche-à-oreille fasse son effet. Le démarchage d'un nouveau territoire est un travail de maçonnerie qui demande beaucoup d'humilité, une brique à la fois », affirme Stéphanie Moffatt.