Après avoir accompagné plusieurs artistes connus, Laurence Lafond-Beaulne et Camille Poliquin s'unissent en un duo qui allume déjà des antennes sur la scène internationale. Entrevue pour un premier album, Little Mourning, lancé mardi.

Deux jeunes femmes au teint de pêche et aux longs cheveux noirs. Deux amies. Deux chanteuses. Deux claviéristes. L'une est cartésienne, organisée, impatiente. L'autre, douce, dissipée, émotive.

Camille Poliquin et Laurence Lafond-Beaulne ont fait connaissance au cégep de Saint-Laurent, où elles étudiaient dans le programme de musique. Leur amitié musicale est née plus tard, pendant une tournée de David Giguère.

Si les noms des deux femmes de 22 et 24 ans ne vous disent rien, elles cumulent beaucoup de temps de scène. Choristes et musiciennes de tournée, elles ont partagé la scène ou le studio avec Jason Bajada, Sébastien Lacombe, Alex Nevsky, Elliot Maginot, Fanny Bloom, Les Soeurs Boulay, Karim Ouellet et Ariane Moffatt.

Une expérience précieuse. «C'est un plus. Oui, tu apprends plein de trucs à l'école, mais beaucoup avec le live», souligne Camille. «On a l'expérience du live et de la business», ajoute Laurence.

C'est maintenant à leur tour de se retrouver sous les projecteurs. Non seulement les deux musiciennes savent dans quoi elles s'embarquent, mais elles saisissent toutes les occasions qui passent. Et ces occasions sont nombreuses.

Le duo Milk & Bone revient d'un spectacle-vitrine express à Paris et ira à Austin, au festival South by Southwest (SXSW), après un spectacle pour le lancement de son premier album, Little Mourning, qui sortira dans deux semaines aux États-Unis. En parallèle, Laurence accompagne Ariane Moffatt en tournée.

L'été dernier, le magazine Nylon a mis en écoute la chanson Coconut Water de Milk & Bone. Le journal Libération a vanté la «pop électro à la fois poignante et onirique» du duo. Au cours des derniers jours, Noisey a offert en écoute Little Mourning. Son titre Pressure frôle le cap des 350 000 écoutes sur SoundCloud.

«Nous avons une bonne réponse à l'international depuis le début, dit Camille. Ce sont vraiment de bonnes nouvelles pour nous.»

La cadette du duo souhaitait faire le saut sous les projecteurs depuis longtemps. «J'ai aimé être musicienne de show, mais cela a toujours été un but d'être à l'avant-scène.»

Ce grand saut demande plus d'adaptation pour Laurence, qui aimait bien rester dans l'ombre. «Je suis contente d'être avec Camille. Cela m'apporte beaucoup de sécurité. Je ne suis pas certaine que j'assumerais un rôle solo. Camille me donne la force qui me manque pour le faire.»

La suite des choses

Le chemin de Milk & Bone semble tracé d'avance, mais le duo a franchi des étapes de façon naturelle et non précipitée.

Le nom Milk & Bone est apparu pour la première fois quand Misteur Valaire a demandé à Laurence et Camille de prêter leurs voix à la chanson Known by Sight. «À partir du moment où on avait un nom de groupe, cela s'est fait un peu tout seul, raconte Camille Poliquin. On avait chacune des débuts de chansons, on travaillait ensemble et on discutait pour savoir avec qui on voulait travailler l'arrangement.»

«C'était naturel, facile et super agréable dans les moments de création, même si ce n'était pas toujours bon au début!», poursuit Laurence, alors que son acolyte éclate de rire.

Une session musicale dans un chalet de campagne a confirmé la chimie musicale des deux chanteuses et claviéristes.

Sans réfléchir, elles ont échangé des parcelles de chansons, guidées par leur instrument principal, leur voix.

Électro-pop minimaliste

Minimalistes, les fondations de leurs compositions sont constituées des textures sonores de leurs claviers et du souffle profond d'une batterie électronique.

«Les voix d'abord», résume Camille. «Des harmonies vocales et des mélodies, ajoute Laurence. C'était évident pour notre réalisateur Gabriel Gagnon (bassiste d'Alex Nevsky) de mettre juste cela en avant.»

Même approche sur scène. Les voix prennent toute la place même si les filles tiennent à garder leurs mains occupées aux claviers.

Charnels et chargés d'émotions, les textes de Milk & Bone résument deux années de vie. New York raconte une histoire d'amour. Elephant traduit chaudement le désir d'une dernière nuit. «Un exutoire», explique Camille.

«Depuis cinq ans, il y a plus de place pour des artistes féminines qui font de la pop de qualité avec des textes plus poignants et audacieux», souligne Laurence.

«Plus vrais, ajoute Camille. Sans compromis.»

«Un projet 360»

Réalisé par Mégane Voghell, le clip de New York illustre à quel point l'univers musical, le look et l'esthétique visuelle en noir et blanc de Milk & Bone forment un tout magnétique.

«Un projet 360 où tout fonctionne ensemble, dit Camille. Les gens ont de plus en plus besoin d'un groupe avec une personnalité propre.»

Engagées dans toutes les étapes de production et de marketing, Laurence et Camille parlent avec enthousiasme du spectacle-lancement qui aura lieu mardi au Centre Phi avec des projections signées Félix Gourd et Mégane Voghell.

«Nous sommes complémentaires, lance Camille. Moi, je suis plus business et cartésienne, alors que Laurence a beaucoup d'émotions... Elle est là pour me réguler quand je pogne les nerfs.»

«Un vieux couple!», lance Laurence.

Un vieux couple qui se réserve des soirées en tête à tête au restaurant où il est interdit de discuter du travail.

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Au cours des prochaines semaines, Milk & Bone assurera plusieurs premières parties pour Ariane Moffatt, notamment lors du spectacle au Métropolis, le 22 mai. Le Centre Phi débordera mardi pour le lancement de Little Mourning si les 1800 personnes qui ont confirmé leur présence sur Facebook se présentent.

ÉLECTRO-POP VOCAL. Milk & Bone. Little Mourning. Bonsound.