Il a longtemps travaillé avec d'autres et pour les autres, notamment à la réalisation de l'acclamé Fox de Karim Ouellet. Mais il a toujours su qu'il allait lancer un jour son premier album solo. Entrevue avec Claude Bégin, jadis d'Accrophone et membre du collectif Alaclair Ensemble.

Être reconnu, donner des spectacles... Cela a toujours tenté Claude Bégin. «J'ai fait toutes les formules. En duo, en trio, dans un groupe à sept... Mais voilà un bel essai, avec un bel avenir pour moi si cela marche bien.»

Après l'aventure de son duo rap Accrophone, les folies intellectuelles du collectif Alaclair Ensemble et les projets de réalisation, ce digne représentant de la scène musicale de Québec lance son premier album solo, Les magiciens, qui fait suite à un EP de berceuses pour son fils sorti il y a quelques années.

Claude Bégin a joué un rôle important dans les projets des autres, «mais, pour moi, je n'avais rien en banque, sauf des idées sur mon iPhone», raconte-t-il.

S'est-il senti excité ou angoissé de ne plus avoir à s'adapter aux goûts d'autrui en studio?

«J'ai vraiment tripé, répond-il. Je suis habitué de me démerder avec des contraintes et d'autres personnalités, et là, j'étais avec moi-même à me dire que ceci et cela est une bonne idée. J'avais peur d'avoir à chercher un style et une ligne directrice. [...] Je voulais que les gens me reconnaissent.»

Amour difficile



Dans le rap, surtout au sein d'Alaclair Ensemble, l'interprétation est exacerbée et plus grande que nature. En solo, il faut plutôt révéler un côté plus vrai de sa personnalité.

Aux premières écoutes, Les magiciens nous est apparu comme un album positif, notamment grâce au premier extrait Avant de disparaître. «Tant mieux si c'est l'impression que cela donne, car c'est quand même un amour difficile. C'est ce que je vivais, avant et toujours», lance Claude Bégin alors que la ballade I'll Stand By You des Pretenders envahit l'espace vide du restaurant où a lieu notre entrevue.

Claude Bégin a réalisé les deux albums de son grand ami Karim Ouellet, d'où les similitudes entre leurs univers.

«Karim [Ouellet] faisait le style de musique que j'aspirais à faire, alors cela m'a probablement influencé.»

Les deux complices ont conçu Fox avec l'idée de faire des hits, en réaction au succès d'estime - et non commercial - du premier album de Karim. Mission accomplie. «On ne s'attendait pas à ça, mais c'était le but.»

Pendant ce temps, Claude Bégin s'est dit que s'il pouvait le faire pour d'autres, il pouvait le faire pour lui aussi. «J'avais hâte de travailler pour moi», dit-il.

Le magicien



À défaut de louer un chalet pour enregistrer son album, Claude Bégin a transformé sa chambre en studio. «J'ai fermé les rideaux pendant une semaine. J'ai tué les plantes, relate-t-il en riant. C'était deep, j'étais dans ma bulle, j'ai même pleuré en faisant une chanson... et cela a marché.»

C'était il y a un an.

Entouré de multiples instruments dont une flûte de Chine, Claude Bégin a habillé ses chansons, alors que beaucoup de textes ont pris naissance avec les sonorités de mots abstraits.

Bégin a un grand flair pop. Le musicien à la gueule de Christian Bale sait chanter l'amour en ballades (Collés dans mon lit), comme il peut parler de son studio (le 1036) et du Pays des manettes.

La pièce Les magiciens s'est construite par la superposition de deux petites notes avec un effet de «boîte à musique». C'est le titre le plus accompli de l'album, selon Claude Bégin. «C'est complexe et je l'ai fait sans me casser la tête.»

L'image et le rôle du magicien ont inspiré la pochette de l'album, mais aussi le spectacle en préparation.

Attention: Claude Bégin ne compte pas se cacher derrière un instrument comme il le fait avec Karim Ouellet. «J'ai décidé de ne rien jouer sur scène, mais d'acter... D'être en avant avec rien. De prendre le micro...»

Autodidacte



Fils d'un metteur en scène d'opéra (Marc Bégin) et d'une pianiste de concert, Claude Bégin est aussi le petit-fils de Réjane Marcotte, ancienne pianiste de Radio-Canada.

«Je suis le seul de ma famille qui n'a pas appris la musique. Ma soeur jouait du piano, mais moi, j'étais attiré par la guitare... Le trip de faire des tounes de rock... Puis, adolescent, le rap m'a permis de rapper sur des beats qui existaient déjà.»

Claude Bégin s'est ensuite mis à faire des beats, puis à réaliser. «En autodidacte», précise-t-il.

Claude Bégin a créé Les magiciens en solitaire, mais il retrouvera sa famille musicale en spectacle. «Le band de Karim... même Karim a insisté pour faire la guit'», indique-t-il.

Nommons-les: Guillaume Tondreau, Jessy Caron et Olivier Beaulieu. «En pratique, cela sonne beaucoup plus rock que sur l'album», annonce Claude Bégin.

Ne manque plus que des dates de spectacles à annoncer, outre une prestation prévue dans le cadre de la Nuit blanche.

INDIE-POP

Claude Bégin

Les magiciens

Coyote Records

> Sortie mardi le 3 février

L'image et le rôle du magicien ont inspiré la pochette de l'album, mais aussi le spectacle en préparation.