Même en n'étant jamais allé à l'opéra de sa vie, impossible d'y échapper: tout le monde a entendu au moins une fois un passage du fameux Largo al factotum, l'air de Figaro dans Le barbier de Séville, de Gioachino Rossini.

Étienne Dupuis, lui, le chante partout: non seulement dans les maisons d'opéra, mais aussi sur les plateaux de télévision et dans des publicités pour la campagne Movember. Samedi soir, il le fera enfin, pour la première fois, dans une production de l'Opéra de Montréal.

Habitué du Barbier, le jeune baryton québécois a emprunté les habits de Figaro au moins cinq fois dans des productions, entre autres à Montpellier, Avignon et Berlin. Et même s'il a chanté le Marcelo de La bohème encore plus souvent, il a un faible pour Figaro.

«Ce sont deux rôles complètement différents, mais tous deux sont des personnages jeunes et c'est ce que j'aime: leur vivacité, leur impulsivité, dit-il. Je préfère Figaro. Il est impulsif, et malgré tout, réfléchi. Rien de ce qu'il fait, même quand ça semble être un coup de tête, n'est fait sans raison.»

Le chanteur ne se fait pas prier pour vanter le chef-d'oeuvre de Rossini et la production de l'OdM.

«C'est une oeuvre faite pour un public qui a envie de s'exclamer, de rire, d'applaudir. Je me souviens que la dernière fois que je l'ai vue ici à Montréal, j'éclatais de rire à tout bout de champ. C'est un opéra facile à comprendre musicalement et conçu pour captiver. Presque tous les airs sont connus. En plus, nous avons une distribution fantastique. Tout le monde a déjà joué son rôle plusieurs fois. Même que notre ténor en sera à sa 100e représentation.»

À ses côtés, on entendra la mezzo-soprano espagnole Carol Garcia, en Rosina, la mezzo canadienne Mireille Lebel qui devait chanter le rôle ayant annulé sa participation pour raisons de santé. Les autres chanteurs sont Carlo Lepore (Bartolo), Bogdan Mihai (Comte Almaviva), Paolo Pecchioli (Basilio). Les rôles secondaires ont été confiés à des chanteurs en résidence de l'Atelier lyrique, soit Josh Whelan, Dylan Wright, Christophe Dunham et Alexandra Beley.

Oriol Tomas, à qui l'on devait La chauve-souris de la saison dernière, est de retour à la mise en scène. Les décors, réalisés par Robert Prévost, seront les mêmes que ceux utilisés dans les productions antérieures du Barbier.

Movember

Question de rester dans la thématique capillaire tout en soutenant une bonne cause, L'Opéra de Montréal a eu l'astucieuse idée de s'associer à la campagne annuelle de l'organisme Movember, qui recueille des fonds pour la santé masculine, dont le cancer de la prostate. Les membres du personnel ont formé une équipe à laquelle ils ont donné le nom de Mopéra. Étienne Dupuis en est le chef. Il s'est donc engagé, comme les autres participants, à laisser pousser sa moustache pendant tout le mois de novembre.

«Les gens de Movember étaient très contents qu'on leur propose de s'associer avec eux, car c'est la première fois qu'un organisme artistique, classique en plus, leur propose de collaborer, dit-il. Ils ont l'habitude d'avoir des équipes sportives et des entreprises, mais une équipe d'opéra comme celle-là, jamais. Les gens du siège social de Movember sont même venus de Londres nous rencontrer. Avec Le barbier de Séville, on ne peut pas être plus dans le thème.»

Avec un agenda débordant de rôles jusqu'en 2016, Étienne Dupuis passera notamment par Calgary, Berlin, Glyndebourne, Marseille, Zurich, Strasbourg, Avignon et Bruxelles au cours des prochaines saisons. Les amoureux de comédies musicales pourront aussi l'entendre en Capitaine von Trapp dans La mélodie du bonheur, du 26 décembre au 5 janvier au Théâtre St-Denis.

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Le barbier de Séville, version originale en italien avec surtitres, 8, 11, 13, 15 et 17 novembre, 19 h 30, salle Wilfrid-Pelletier.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Étienne Dupuis