«Chaque jour est comme un cadeau/Chaque matin est comme une flamme», clame Julien Clerc dans un nouvel album où ce «jeune» homme de 67 ans, dont plus de 45 passés à écrire des chansons, entend montrer qu'il réussit «encore à (s')amuser» avec un piano.

C'est à Londres, où le chanteur français s'est installé en famille pendant trois mois en début d'année, que l'interprète de Ma préférence et Femmes je vous aime est allé glaner les ambiances pop et fruitées qui irriguent les douze titres de son 23e album studio, Partout la musique vient, en vente lundi.

«Quand je fais un album, j'essaie toujours que ce soit une rupture. Le précédent (Fou, peut-être, 2011) était assez symphonique, cette fois-ci, je voulais davantage de chansons up-tempo (avec un rythme plus soutenu)», explique Julien Clerc, souriant dans l'hôtel parisien chic où il reçoit l'AFP.

«Vivre sur le passé, ça ne m'intéresserait pas, du tout! Je veux rester un artiste dont on joue les chansons à la radio», ajoute-t-il pour justifier le rythme soutenu de sa production, avec un nouvel album tous les trois ans.

«Chanteur, c'est le métier que j'ai choisi à 20 ans. Dès l'âge de 21 ans, j'ai eu peur de ne plus pouvoir composer - c'est une peur que je partage avec beaucoup d'artistes, je vous rassure - mais il se trouve que j'ai toujours réussi à conserver une certaine fraîcheur en tant que compositeur. J'arrive encore à m'amuser quand je compose, c'est important, que ce ne soit pas seulement de la douleur».

Pour les textes, Julien Clerc a fait une grande place à Alex Beaupin, auteur des paroles sur sept chansons après en avoir déjà signé une sur l'album précédent. Mais il est aussi resté fidèle à Maxime Le Forestier et à Carla Bruni. Avec Le chemin des rivières, cette dernière offre au chanteur une jolie chanson pleine de mélancolie et d'élégance, en conclusion du disque.

Épaté par le premier film de sa fille

Pour l'énergie, c'est Londres qui a inspiré Julien Clerc, mais «surtout le fait de travailler avec des Britanniques», et notamment le producteur Jimmy Hogarth. Ce producteur, qui a notamment oeuvré pour Amy Winehouse, Suzanne Vega ou James Blunt, a séduit le chanteur «car il m'a semblé qu'il pourrait prendre plus de risques» que les deux autres producteurs testés.

«Il connaissait mon nom, savait que j'avais une longue carrière, mais ce qui m'intéressait surtout, c'était le fait qu'il ne connaissait pas bien mon travail. Je ne voulais pas qu'il soit marqué par mes travaux précédents», sourit Julien Clerc, qui se souvient avoir eu l'impression de passer une véritable «audition» en poussant pour la première fois la porte du studio londonien.

Cultivant son piano et son inimitable vibrato sur des ballades appelées à devenir de nouveaux classiques de son répertoire (Mon coeur hélas, Tout), le crooner français porte par ailleurs un regard bienveillant sur les débuts de sa progéniture dans le monde artistique.

Au sujet de Elle l'adore, premier film de Jeanne Herry, 36 ans, la fille qu'il a eue avec l'actrice Miou-Miou, Julien Clerc reconnaît ainsi être «épaté»: «J'ai trouvé que c'était très bien écrit, très tenu pour un premier film. Sur le plateau, quand j'étais passer la voir, elle m'avait déjà étonné de tranquillité.»

Vanille, une autre de ses filles, âgée de 26 ans, est pour sa part «en train d'enregistrer un disque», se réjouit Julien Clerc, qui reconnaît se permettre parfois quelques conseils «dans une relation artistique» mais jure que celle-ci s'est trouvée une maison de disque sans coup de pouce de son père. «C'est très difficile d'être un fils de, ou fille de, raison de plus pour être inflexible.»