Patrick Norman avec des musiciens associés à Karkwa, Fred Fortin, Plaster et compagnie? Des musiciens genre François Lafontaine, Jocelyn Tellier, François Plante, Marie-Pierre Arthur ou Joe Grass? Genre. Ensemble, ils ont enregistré le 29e album du gentleman-chanteur et guitariste country. Juste à temps pour marquer les 45 ans de carrière de Patrick Norman!

Le résultat? Un album totalement Patrick Norman et totalement dans l'air du temps, baptisé Après la tombée du rideau. C'est aussi le titre de la toute première chanson de l'album, magnifique, écrite par Bourbon Gautier, arrangée avec brio par la dizaine de musiciens et le réalisateur-batteur Samuel Joly (Samuel a 28 ans, Patrick, 68 ans) et interprétée avec ce timbre de voix inimitable, celui de Patrick Norman.

Une chanson écrite juste pour lui, qui parle de sa vie sur scène et de sa vie hors scène, dans des orchestrations qui évoquent le voyage et la route, mais aussi le ciel et l'infini au-dessus de la route.

C'est le claviériste François Lafontaine (Karkwa, Marie-Pierre Arthur, Galaxie, etc.) qui résume le mieux l'affaire quand on lui demande pourquoi il a voulu travailler avec Patrick Norman: «Parce que c'est le fun d'essayer de casser les stéréotypes de la musique country, de travailler avec un artiste qui ose de nouvelles avenues musicales après 45 ans de carrière, d'être dans un studio à jouer de la musique (et à boire du vin!) avec des musiciens fabuleux. Et puis parce que c'est «f***ing PATRICK NORMAN!» »

Vraiment Norman

Oui, c'est, euh, «formidabling» Patrick Norman. Intègre. Vulnérable. Et résilient. Ses fans de longue date ne seront pas déçus par cet album country, les amateurs de musique en général non plus.

Comme il en a l'habitude, le chanteur-guitariste au «picking» fou fait côtoyer chansons d'amour et chansons de «soutien moral», avec juste plus de «oumf», de puissance, d'énergie, de «wave» et d'arrangements fouillés, qui vont du R&B au quasi-gospel, avec parfois des cuivres (incroyable Richard Beaudet!), parfois un harmonium, parfois des couleurs Beatles ou Vince Guaraldi!

«Je suis toujours porté à faire dans le dépouillé, explique le chanteur qui assume désormais fièrement son crâne chauve. Mais je suis un grand fan de Mark Knopfler (Dire Straits, Notting Hillbillies, etc.), qui fait des albums remplis d'atmosphère et de musiciens. Alors, j'ai eu envie, moi aussi, de me payer un vrai trip en studio avec de jeunes musiciens qui se boostent l'un et l'autre - c'est pas un hasard s'ils sont tous des réalisateurs, ces gars-là! Avec eux, j'ai vécu le paradis à un rythme d'enfer.»

Car Patrick Norman est heureux, c'est manifeste. On est loin du Patrick de 2011, celui qui avait enregistré l'album L'amour n'a pas d'adresse - «après mon burnout et avant mes trois pontages», pour reprendre ses mots.

Depuis, Patrick Norman a divorcé, rencontré un autre amour, retiré son bandana pour nous montrer son beau crâne nu, continué à donner des tas de spectacles. Et puis, il a sorti une de ses chansons à lui de ses tiroirs et a eu envie de l'enregistrer, juste pour voir: «Je doute toujours de mes chansons à moi. C'était une chanson en anglais, très rhythm'n'blues, très Al Green. Mon ami Bourbon [Gautier] m'a mis en contact avec Samuel, et on l'a enregistrée avec ses copains musiciens. Et ça sonnait, ma fille! Wow! Après ça, on en a enregistré deux autres, deux chansons de Nelson Minville, et ça marchait encore.»

L'une de ces dernières, C'était l'été, s'est carrément retrouvée au palmarès, pendant la belle saison! Ça n'était pas arrivé à Norman depuis La guitare de Jérémie, en 2000.

Dialogue intergénérationnel

La toute première chanson travaillée n'a finalement pas été retenue pour l'album: «Elle ne fittait pas dans l'ensemble, alors j'en ai mis une autre des miennes» (l'excellente et joyeuse Babe).

Car Patrick a décidé de continuer à travailler avec ces jeunes musiciens doués qui passent leur temps à se relancer dans la joie.

«Je suis habitué à faire mes affaires pas mal tout seul; je suis plutôt dans le mode "monologue". Avec eux, je suis passé en mode "dialogue"! Ça donne un disque très cinéma, très atmosphère, avec beaucoup de lumière...», détaille Patrick Norman.

Une lumière qui met particulièrement en valeur la voix de Norman: «Patrick, c'est vraiment un grand interprète, dit Bourbon Gautier [qui signe quatre chansons de l'album]. Quand j'ai entendu sa version de Je fais pleurer mes amis, eh bien, j'ai pleuré. Même si c'est moi qui ai écrit la chanson! C'est dire!» La journaliste a fait comme Gautier en entendant cette chanson.

C'est Samuel Joly qui a suggéré que la pochette montre Patrick Norman «tel quel»: «Avec mes rides, mon parcours clairement inscrit sur mon visage: j'ai l'air vintage, hein?», dit avec humour celui qui se décrit également comme «un modèle 1946».

Chose certaine, tous les modèles, de 1946 à 1986 (et même plus récents), seront réunis sur la scène du National, rue Sainte-Catherine, le 30 octobre: Samuel, François, Marilou et les autres seront avec Patrick Norman pour le spectacle-lancement d'Après la tombée du rideau, qu'ils interpréteront dans son intégralité.

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Billets pour le spectacle-lancement du 30 octobre: patricknorman.ca

COUNTRY. Patrick Norman. Après la tombée du rideau. En magasin le 28 octobre, déjà en vente sur iTunes.