Pourquoi tant de jeunes musiciens et amateurs de nujazz s'intéressent-ils à Dirty Loops? Parce que ce groupe suédois suggère à la fois une forme pop connue de tous et une exécution instrumentale nettement au-dessus de la moyenne.

«Notre musique est un mashup de ce que nous avons écouté. Cela est venu naturellement. Nous avons mélangé ce que nous aimions, et voilà. J'imagine que notre musique est attractive parce qu'elle est pop, électro, jazz», résume Jonah Nilsson, joint à Stockholm il y a quelques semaines.

De concert avec le bassiste Henrik Linder, 29 ans, et le batteur Aron Mellergårdh, 28 ans, le claviériste et chanteur, 27 ans, a formé Dirty Loops en 2008.

«Avant de nous lancer dans cette aventure, nous étions tous trois inscrits à la Kungliga Musikaliska Akademien (Académie royale de musique de Suède), à Stockholm. Nous avons tous trois étudié le jazz et la production musicale. Au départ, nous avons fait cette musique pour le plaisir. Lorsque nous avons réalisé un premier enregistrement maison, les choses sont devenues plus sérieuses. Nous nous sommes consacrés à ce groupe, nous avons joué d'abord en Scandinavie. Et ça s'est mis à aller très vite lorsque l'album Loopified est sorti, au printemps dernier.»

Pop pas normale

De prime abord, la musique de Dirty Loops est archi pop. Au programme, que des tubes archi prévisibles fondés sur des rythmes furieusement binaires. Lorsqu'on prête attention aux chansons de Loopified (sous étiquette Verve), on observe qu'il ne s'agit pas exactement de pop normale. Comme si Justin Timberlake ou Bruno Mars, dignes successeurs de Michael Jackson, étaient à la barre d'un groupe nujazz, sorte d'Uzeb du nouveau millénaire.

Demandons à Jonah Nilsson de préciser davantage les formes et les couleurs de cette soul-pop-jazzy-électro. Les artistes cités en disent long sur le son de Dirty Loops.

«Nous sommes tous fans de Michael Jackson. Nous aimons des musiciens de jazz électrique tels Pat Metheny, Allan Holdsworth ou le groupe Tribal Tech. Pour moi, cependant, l'influence originelle demeure la musique classique. J'y puise encore mon inspiration. J'aime la musique de Prokofiev et Rachmaninov, j'aime aussi le chant choral, par exemple le travail du compositeur John Rutter. J'aime les lignes mélodiques belles et accrocheuses, j'aime les harmonies bien construites. J'aime aussi l'électronique, Wolfgang Gartner, par exemple. Je suis également touché par les musiques électro-ambient; ces fresques sonores ont aussi marqué mon travail de réalisation pour notre premier album.»

Improvisation

En tournée, Dirty Loops s'adjoint un second claviériste afin d'en épaissir les moquettes harmoniques et timbrales et d'ainsi laisser Jonah Nilsson plus libre de chanter ou d'improviser sur les ivoires.

«Sur scène, assure-t-il, nous improvisons beaucoup plus que sur notre album. Notre musique prend de l'expansion!» 

Chose certaine, Dirty Loops réintroduit le plaisir de la virtuosité et de l'improvisation en temps réel dans un contexte pop. Pour un public jeune, cette approche est peu commune.

«Il fallait oser le faire, souligne fièrement Jonah Nilsson. Nous avons mis le temps nécessaire pour y parvenir, imaginer les arrangements et la réalisation. Nous y sommes parvenus, car nous aimions ce que nous faisions. Nous l'avons fait d'abord pour nous-mêmes. La prochaine étape? Nous développer sur les bases que nous avons posées. Prendre des risques. Ne pas trop réfléchir! Assurément, nous souhaitons encore découvrir de nouvelles voies.»

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Dirty Loops se produit aujourd'hui, 20 h, au Théâtre Corona, précédé de Gazoline.