Après avoir lancé un premier album solo et vécu la consécration aux Grammy l'an dernier, la Néo-Zélandaise Kimbra vit de surprise en surprise. Mais elle sait aussi en causer. À 24 ans, la chanteuse a lancé lundi dernier un deuxième opus qui renverse les courants conservateurs de la pop moderne.

Si son visage vous semble inconnu, sa voix vous est sans doute familière. Kimbra avait été invitée à collaborer au tube Somebody I Used To Know du chanteur australien Gotye, en 2011. Deux ans plus tard, le duo repartait du gala des Grammy avec les statuettes de l'enregistrement de l'année et de la meilleure performance pop en duo.

Pour une jeune artiste comme Kimbra, de tels éloges auraient pu marquer le point culminant du début d'une carrière, la laissant rêver à une longue route vers la gloire. Mais elle fut davantage marquée par la suite des choses.

«Au lendemain des Grammy, j'ai trouvé une petite ferme urbaine à louer en banlieue de Los Angeles. Il y avait une brebis, un coq et un four extérieur, explique-t-elle. Comme j'ai toujours vécu près de la nature en Nouvelle-Zélande, j'avais besoin d'un endroit comme celui-là pour décrocher et laisser aller ma créativité.»

Vision d'ensemble

Après avoir bâti un studio de fortune dans son nouveau havre, la chanteuse a exploré de nouveaux univers musicaux avant d'entreprendre la composition de son deuxième album. Épaulée par le réalisateur Rich Costey (Muse, Interpol, Foster the People), elle a collaboré avec plusieurs artistes de son choix, dont le DJ/rappeur Flying Lotus et Dave Longstreth, chanteur du groupe rock Dirty Projectors.

Ce deuxième effort, intitulé The Golden Echo, a été bâti à partir de 60 compositions. Au final, seules 12 pièces ont été retenues par la chanteuse. Elle a aussi tenu à prendre part au montage des morceaux et au choix de l'ordre des pièces.

Dans plusieurs entrevues, le réalisateur Rich Costey a vanté la vision d'ensemble qu'a eue Kimbra. La chanteuse a également participé au processus créatif de chaque vidéoclip. «C'était important pour moi de surprendre avec des éléments visuels qui frappent», explique-t-elle.

Les limites de la provocation

À la première écoute, The Golden Echo peut déstabiliser par son large éventail musical, qui nous fait passer du funk à l'électro-pop et du hip-hop à la ballade au piano. Ce choix est destiné à provoquer l'oreille de l'auditeur. «Je crois que c'est intéressant quand l'art provoque le débat. Quand je compose, j'essaie donc de susciter des rebondissements.»

Avec ses tenues parfois affriolantes et son look qui rappelle certaines icônes pop (Gwen Stefani, Katy Perry), Kimbra n'est plus surprise qu'on l'associe aux stars qui multiplient les scandales. «En tant que femme, il y a moyen de séduire sans tomber dans la provocation.» Sans condamner certains récents dérapages, la chanteuse dénonce l'impact négatif que suscite un petit nombre de comportements troubles.

«Lorsqu'on est artiste, il ne devrait pas y avoir de limites à la provocation. C'est notre rôle, pourvu qu'il y ait toujours une visée derrière chaque action, explique-t-elle. Le show-business reste un gros spectacle. Il y aura toujours des dérapages.»

POP

Kimbra

The Golden Echo

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The Golden Echo est le deuxième album de la chanteuse néo-zélandaise.