Kevin Parent a enregistré son nouvel album pas plus tard qu'en mai, en compagnie de ses musiciens et d'Éloi Pinchaud. Un album «folk-country de gars» imprévu et authentique, dit-il.

Le café Starbucks du Vieux-Port où nous avons rencontré Kevin Parent évoque un tout autre monde que l'univers décontracté dans lequel il a enregistré son nouvel album imprévu, Face à l'ouest.

Kevin Parent comptait sortir un album à l'automne sans trop de plan. L'hiver dernier, il a passé un coup de fil au réalisateur Éloi Painchaud avec qui il avait «jammé dans le temps d'Okoumé». «Je lui dit que j'avais des tounes folk-country avec une bonne vibe. Je lui ai demandé ses disponibilités; on s'est rencontré, puis un album s'est fait plus vite que prévu.»

Entre-temps, Kevin Parent avait rendu plusieurs visites à «un gars de par chez nous», le parolier Nelson Minville. «On avançait des textes en français... de vieux textes qui ne «fittaient «pas sur des albums plus pop-rock.»

Au départ, Face à l'ouest devait être un EP, mais, au final, Kevin Parent s'est dit: «C'est moi qui produis, alors aussi bien faire un album homogène qu'on sortira au printemps.»

Kevin Parent a appelé son distributeur il y a moins de trois semaines, et voilà que Face à l'ouest sort mardi. «Pourquoi pas?», résume son géniteur.

Erreurs bienvenues

«Naturel» est un mot que l'auteur-compositeur-interprète gaspésien a répété souvent lors de notre entrevue. «Il n'y a pas trop eu de «pensage» et le marketing n'a pas pris le dessus sur le processus.»

Les chansons de Face à l'ouest ne portaient pas au calcul et à un enrobage léché. «C'est un album de chums enregistré live sans «traficage»» que Kevin Parent a fait avec Emmanuel Gasse, le réalisateur Éloi Painchaud et Michel Roy, son ami batteur de très longue date. «Les petites erreurs étaient les bienvenues et tout s'est fait dans la bonne humeur», dit-il.

Aux dernières nouvelles, Kevin Parent enregistrait un EP en anglais à Los Angeles et multipliait les contrats comme comédien à la télévision et au cinéma. Mais il tenait à lancer un projet en français. Le musicien est très sensible aux remarques des gens qui veulent des chansons du «vieux» Kevin Parent.

Les textes de Face à l'ouest évoquent le temps qui passe et une certaine nostalgie, mais dans le plaisir et non l'amertume. Normal, puisque certaines chansons datent d'une dizaine d'années, dont une qui rappelle l'époque juvénile où Parent sniffait des «poppers». «C'est tellement colon!», lance-t-il en riant.

S'amuser avant tout

«Amusons-nous» était le mot d'ordre en studio. Kevin Parent le dit d'emblée: il lance un «album d'anecdotes» au premier degré et non «de recherche poétique et de concept».

Il dédie une chanson à son grand-père de 98 ans. Il parle de sa chère Gaspésie et rend hommage à son ami Michel Roy. La pièce Quand je vieillis est née au Japon alors qu'il faisait la promotion du film Café de Flore de Jean-Marc Vallée. Un texte pré-quarantaine où il chante que «le plateau ne lui tente plus» et que les jeunes filles l'appellent monsieur alors qu'il veut leur caresser les cheveux.

Face à l'ouest se veut «un album de gars». On le constate dans certaines tournures de phrases charnelles et dans une chanson comme Faut qu'j'sorte dehors.

De nature timide et réservée, Kevin Parent recherche tout «ce qui n'est pas dans le jugement», donc il a beaucoup apprécié le processus secret de faire un album-surprise. «C'est un risque, mais c'est fait et il fallait que ça se fasse.»

FOLK-POP. Kevin Parent. Face à l'ouest. Trois têtus/Universal.