«Notre union est très dynamique, la musique et la chanson en sont le prolongement. Cette dimension de notre relation ne peut être dissociée des autres. Si nous ne faisions pas de musique ensemble, si nous n'étions pas créatifs, il y aurait mésentente entre nous.»

De la relation fusionnelle que Sean Lennon vit avec sa tendre et spectaculaire moitié, Charlotte Kemp, est né un fantôme: The Ghost of a Saber Tooth Tiger, plus communément désigné par son acronyme, The GOASTT, c'est-à-dire le couple et ses accompagnateurs.

Quelques douzaines de mois se sont écoulés après la parution de la chanson Jardin du Luxembourg, réalisée par Mark Ronson, et de l'album Acoustic Sessions. Entièrement fait maison, le tout frais Midnignt Sun allonge le couple Lennon/Kemp dans un lit de psychédélisme assumé (bed in d'un autre type...), mais soucieux d'actualisation. Voilà ce dont il est question dans cette conversation téléphonique, puisque l'opus Midnight Sun est la matière principale d'une nouvelle tournée de The GOASTT.

Du passé au présent

Album déjà étiqueté psychédélique et postmoderne, peut-on lire un peu partout sur la Toile et dans les médias anglo-américains. Vraiment? Calme et posé, Sean Lennon apporte quelques nuances. «Je ne sais trop quelle étiquette choisir, en fait. Dans toutes les formes d'art, les créateurs ne sont pas très à l'aise avec ça. Il faut toujours être prudent avec ces expressions qui ne signifient pas la même chose pour tout le monde. Chose certaine, nous n'avons pas souhaité la résurrection de Sgt. Pepper!

«On peut dire postmoderne, convient-il, car on y a fourni un effort très contemporain, surtout dans le texte, mais aussi dans le son arrangements plus actuels, effets plus actuels, techniques d'enregistrement, etc. Bien sûr, nous aimons l'époque psychédélique et autres périodes antérieures à la nôtre. Dans cette optique, nous enregistrons avec plusieurs équipements vintage, mais aussi avec des technologies numériques. Soyez assuré que nous regardons devant, que nous n'essayons en rien de recréer le passé. C'est là que le postmodernisme opère!»

Ainsi, Sean Lennon et Charlotte Kemp souhaitent «transcender les éléments du passé» qu'ils aiment, «créer une nouvelle alchimie», «suggérer des idées neuves» dans ce contexte.

«Bien sûr, nous courons le risque d'être perçus comme nostalgiques et d'ainsi être faussement étiquetés par des observateurs aux idées préconçues. Avec mes antécédents familiaux, vous savez, je me suis vite habitué aux gens qui disent n'importe quoi. Je m'en fiche! Cela dit, je ne me plains pas, car je ne sens pas que nous avons été victimes d'étiquetage erroné. Charlotte et moi avons réalisé cet album dans notre petit studio. Nous avons enregistré des pistes de base sur bande. Nous avons ensuite conservé les meilleures parties pour ensuite les numériser. Combiner ainsi le vieux et le neuf en quelque sorte... En termes d'instrumentation, cela tend à être plus ancien, je crois guitare, basse, batterie, orgue, cuivres, anches, cordes, synthés analogiques.»

Pour un «fils de», Sean Lennon pourrait en beurrer épais; il préfère visiblement l'humilité. Non seulement il évite le piège du patrimoine familial malgré un organe vocal qui n'est pas sans rappeler celui de son mythique paternel, mais encore il ose imposer sa musique et ses chansons sans surfer sur sa réputation familiale. Enfin... un peu, tout de même!

«Charlotte et moi, raconte-t-il, avons réalisé cet album dans notre petit studio. Nous avons enregistré des pistes de base sur bande. Nous avons ensuite conservé les meilleures parties pour ensuite les numériser. Combiner ainsi le vieux et le neuf en quelque sorte... En termes d'instrumentation, cela tend à être plus ancien, je crois - guitare, basse, batterie, orgue, cuivres, anches, cordes, synthés analogiques.

«Mais nous avons aussi utilisé des instruments électroniques dernier cri. En fait, nous ne cherchons pas à savoir si ces instruments sont neufs ou vieux, mais bien s'ils peuvent bien servir notre musique. Le mix a été réalisé par Dave Fridmann, un type vraiment formidable qui a beaucoup ajouté à notre travail. Nous lui devons une fière chandelle.»

Évolution

Est-ce à dire que Midnight Sun est complexe et plus achevé que les enregistrements précédents de The GOASTT?

«Vous savez, répond Sean Lennon en toute élégance, nos premières chansons étaient plus complexes, mais moins chargées. Maintenant, c'est le contraire; les arrangements et la réalisation habillent des chansons plus simples dans leur construction. Nos idées sont plus succinctes et nous sommes aujourd'hui meilleurs en studio.»

Et de quoi parlent les chansons de Midnight Sun?

«De nos impressions et récriminations sur le monde actuel. L'étrangeté de certaines activités humaines et autres problèmes de la vie moderne apparaissent dans nos textes lorsqu'on les lit attentivement. Il faut dire que nous préférons l'évocation poétique; nous ne sommes pas des activistes comme Patti Smith ou John & Yoko! Nous aimons traiter de contre-utopie humaine, mais nous ne partons pas en campagne.»

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The GOASTT se produit ce soir, à 20h, à la Sala Rossa. Le groupe sera précédé par Syd Arthur.