«Nous ne voulons plus être considéré comme un groupe indie rock. J'aime encore la musique indie, mais une bonne part de ses acteurs ont atteint leur seuil d'incompétence. Nous préférons être incapables de nous définir», pose Dan Scheuerman, leader de Deleted Scenes qui s'amène ce samedi à Montréal.

Encore peu connu malgré cinq ou six années d'intenses tournées sur les continents riches, la formation issue de la région de Washington DC poursuit sa route, maintient le cap et gagne en crédibilité. Des hommes de studio renommés s'intéressent au travail de ses membres: leurs deux derniers albums ont été réalisés par Brian McTear et Jonathan Low, à qui l'on doit plusieurs pistes de Kurt Vile, Sharon Van Etten, The National et The War on Drugs. Ce n'est rien.

«Depuis ses débuts, Deleted Scenes était un groupe qui jouait fort, qui faisait beaucoup de bruit», rappelle Dan Scheuerman. Paradoxalement, l'opus Lithium Burn (lancé ce printemps sous étiquette Park the Van Records) est à la fois le moins léché et le plus complexe des trois albums et du maxi sortis depuis 2007 - les autres étant Deleted Scenes EP, Echelon Productions, Birdseed Shirt , What Delicate Recordings, Young People's Church of the Air, Park the Van Records.

Le chanteur résume la progression:

«Auparavant, nous tentions de mettre l'accent sur les éléments artistiques de notre musique et de nos arrangements, les moments les plus délicats. Cette fois, nous n'avons pas voulu faire les choses ainsi en studio. Nous avons choisi de rester nous-mêmes, enfin tels que nous sommes sur scène ou dans un local de répétition. Finalement, c'est plus fort, plus émotif, plus intense.

«En revanche, soulève-t-il en outre, la composition de nos musique est plus évoluée même si le tout semble plus cru d'entrée de jeu. Harmoniquement, rythmiquement, c'est plus difficile à jouer! Ce qui nous mène à conclure que notre personnel s'améliore sans cesse. Il faut dire que notre guitariste, Dominic Campanaro, pèse plus lourd dans la création musicale.

«Dominic, Matt (Dowling) et moi, en fait jouons ensemble depuis notre adolescence vécue au Maryland. Dominic manifestait déjà un talent d'auteur-compositeur supérieur au nôtre, mais il a laissé le groupe pendant un moment, son rôle se limitant plus ou moins à l'accompagnement du groupe en tournée. Plus précisément, il a étudié la composition à la Berklee School of Music à Boston avant de nous retrouver. Assurément, sa contribution à l'album Lithium Burn a mené notre groupe à atteindre un autre niveau. Matt et Ricardo (Lagomasino) sont moins éduqués musicalement mais ils savent ce qu'il font. Personnellement, je suis autodidacte... je ne me considère pas exactement comme un musicien. Au fond, il importe de continuer à avoir des idées.»

Quels sont les objectifs atteints par Deleted Scenes dans ce chapitre qui pourrait s'avérer celui de la consécration?

«Nous avons réalisé l'unité. J'ai rempli mon rôle de leader, c'était un défi. J'ai voulu que tous les membres du groupe soient totalement impliqués dans le projet. Et nous avons eu droit à l'étroite collaboration de tous. Avant de créer Lithium Burn, nous traversions une zone difficile, il faut dire. Pendant huit semaines, nous nous sommes retrouvés dans une maison de Nashville, nous avons essayé de déterminer si nous avions encore une identité en tant que groupe, si nos propres individualités pouvaient encore s'harmoniser avec l'identité de ce groupe. Nous ne savions même pas si nous voulions faire un nouvel album... Le déclic se produisit néanmoins.»

Puis les quartes membres de Deleted Scenes ont eu une rencontre avec le tandem de réalisateurs, Brian McTear et Jonathan Low, soit un mois avant les séances d'enregistrement prévues à Philadelphie: «Nous nous sommes entendus avec eux afin qu'ils ne retouchent pas les sons une fois enregistrés. Ils ont respecté notre demande et se sont concentrés à extirper le meilleur de nous-mêmes. Attentes élevées, bas niveau de pression.»

Et voilà l'album. Et voilà le show.

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Deleted Scenes se produit ce samedi, 21 h, au Petit Campus. Close Talker en première partie de programme.