Le Centre Bell a beau carburer au bleu-blanc-rouge en ces temps de séries éliminatoires, il n'aura jamais été aussi vert que ce soir, alors que les Cowboys Fringants y organisent le concert Un arbre pour tous au profit de leur fondation pour l'environnement. Planter les Bruins, le soir même à Boston, oui - des fans leur ont même «demandé de diffuser la partie» -, mais surtout planter des arbres.

Et 40 000, plus précisément.

«On est à peu près assurés de dépasser notre objectif», se réjouit Jérôme Dupras, bassiste du quatuor et fraîchement docteur en économie de l'environnement. Chacun des billets écoulés à 15$ permettra la plantation d'un arbre, tandis que les plus chers, vendus à 55$, feront cadeau à la région métropolitaine de cinq nouveaux végétaux. Seulement 5$ par tête serviront à payer les frais de location, de sécurité, d'administration, etc.

«Et ça, c'est aussi grâce à nos partenaires, dit la multi-instrumentiste Marie-Annick Lépine, nouvelle porte-parole du programme Scène écoresponsable. La Fondation David Suzuki, le Jour de la Terre, evenko, Bell, Astral, La Tribu: tout le monde a mis du sien.»

En parlant avec Louis-José Houde

L'idée de ce grand concert musicoécologique a germé en France, où le quatuor a croisé la route de l'humoriste - et batteur à ses heures - Louis-José Houde ces dernières années. «À force de discuter de notre fondation avec lui, il nous a manifesté son intérêt de faire un spectacle pour la cause», explique le guitariste Jean-François Pauzé, devant une bouteille de Bleue.

Le Club Date, rue Sainte-Catherine, a servi de décor à la rencontre puisqu'un autre groupe invité, Les Trois Accords, faisait frémir ses guitares dans l'enceinte du National, où l'entrevue devait avoir lieu. «Nous avons eu une rivalité amicale avec eux au début des années 2000, parce que nous étions les deux groupes à avoir du succès au Québec. Depuis, on est devenus des amis et c'était naturel de les inviter», poursuit JF. L'ouverture de la soirée sera, elle, confiée à l'humoriste Patrick Groulx, qui poursuivra la soirée guitare aux mains.

Engagement

Si la critique sociale fait partie de leur ADN, les Cowboys ont voulu pousser leur engagement au-delà des paroles de leurs chansons. C'est pour cette raison qu'ils ont créé la Fondation Cowboys Fringants en 2006.

Le quatuor semble immunisé contre le cynisme, voyant dans l'inaction des gouvernements la possibilité pour les citoyens de prendre les choses en main. Pendant que les pelles mécaniques piochent en trombe dans les sables bitumineux de l'Alberta, il y a moyen, croient les Cowboys, de laisser une trace positive à moindre échelle.

«On ne peut pas se fier aux autorités pour les questions environnementales, déplore le chanteur Karl Tremblay. C'est pour ça qu'on fait un spectacle bénévole, qu'on inscrit notre musique dans un projet-citoyen».

«Dans un monde idéal, notre fondation n'existerait pas, puisque la politique s'en serait chargée», renchérit JF.

Jérôme Dupras admet tout de même que des politiciens ont été d'une aide précieuse. Six cabinets à Québec ont été sollicités pour mettre sur pied le Mouvement ceinture verte, dans lequel la Fondation Cowboys Fringants s'engage avec sept autres organismes, et qui vise la préservation de la biodiversité dans le Grand Montréal. Avec l'arrivée des libéraux, «tout est à refaire», mais il paraît que le ministre de l'Environnement, David Heurtel, sera dans les gradins ce soir.

Compenser le chemin parcouru

Outre ce concert-bénéfice, les joyeux lurons continuent de compenser l'empreinte carbone de leur tournée par la plantation d'arbres. Ils enjoignent d'ailleurs à leurs collègues scéniques le mouvement. Louis-José Houde y pense sérieusement.

Pourquoi pas Patrick Groulx et Les Trois Accords? L'appel est lancé. Avant que les Cowboys abandonnent leur bière afin de les rejoindre au National pour une répétition collective, impossible de ne pas s'enquérir de leur projet d'album. Le band n'a rien livré de neuf depuis Que du vent, en 2011. Regard triple et légers sourires dirigés vers l'auteur et compositeur Jean-François Pauzé. «On s'enligne pour être en studio en janvier et livrer un album au printemps», tranche-t-il.

Son équipe semble l'apprendre du même souffle. D'ici là, une vingtaine de shows sont au programme l'été prochain. Des shows écoresponsables, évidemment.

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Au Centre Bell ce soir.