Avec un deuxième album qui s'attire des adjectifs flatteurs, Angel Olsen fait son chemin comme artiste solo en enterrant son passé de choriste. En vue de son spectacle ce soir au Il Motore, entrevue avec la chanteuse folk-rock qui peut plaire aux fans de Cat Power et Roy Orbison.

Angel Olsen est à la tête d'un cortège de chanteuses qui ont récemment branché leur folk sur des amplificateurs rock en suivant les pas de Nancy Sinatra.

Son deuxième album, Burn Your Fire For No Witness, sorti en février dernier, vibre avec fragilité, féminité et un aplomb viscéral. De quoi changer la donne pour son spectacle de ce soir au Il Motore, qui sera plus incisif que celui présenté l'automne dernier dans le cadre de Pop Montréal.

Notre entrevue avec Angel Olsen a eu lieu il y a un mois. La chanteuse profitait de quelques jours de congé dans sa résidence d'Asheville, en Caroline-du-Nord, une semaine avant de partir en tournée.

«Mon spectacle comprendra des prestations avec mon groupe, mais je continuerai à faire des chansons en solo», annonce-t-elle.

Angel Olsen a jeté les bases de son deuxième album avec une volonté bien précise. «Je voulais que les chansons restent simples, mais que ce soit enregistré avec un son live et plus fort. J'avais aussi des idées d'harmonies», raconte-t-elle.

Sous les conseils d'artistes de son label Jagjaguwar, l'auteure-compositrice-interprète a confié la réalisation de Burn Your Fire For No Witness à John Congleton, qui a travaillé avec St. Vincent, The Walkmen et The Polyphonic Spree. «Je ne voulais pas un réalisateur qui crée un son pour moi. J'aimais le fait que John ait travaillé autant avec des groupes hip-hop que rock, et j'admirais le travail qu'il avait fait sur l'album de Bill Callahan Sometimes I Wish We Were An Eagle

«John m'a ouverte à de nouveaux trucs sans faire trop de suggestions et il a aussi facilité ce que j'avais en tête. J'avais une feuille d'instructions pour chaque chanson, mais je ne voulais pas arriver avec quelque chose de trop réfléchi. C'était un match parfait», ajoute-elle.

Burn Your Fire For No Witness a permis à Angel Olsen de se tailler une place enviable sous les projecteurs indie-rock. Dans les médias, l'étiquette «plus rock» a collé à son deuxième album. «Beaucoup de gens disent que mon album est plus rock, mais je considère qu'il est aussi doux et contemplatif», dit la principale intéressée.

Miser sur l'interprétation

Avant de chanter en solo, Angel Olsen a servi Bonnie Prince Billy comme choriste. «J'ai appris à utiliser ma voix selon ce que la chanson commande.»

Sur sa pièce Unfucktheworld, la jeune femme parle de «sauver sa vie». Sur l'irrésistible Forgotten/Forgiven, elle décrit la peur de croiser son ex.

Angel Olsen chante avec ses tripes, mais son interprétation ne s'inscrit pas dans une démarche «cathartique». «Je ne revis pas des expériences. Peu importe les faits qui ont inspiré une chanson, ils ont été tellement révisés dans le temps qu'au final, l'inspiration première est difficile à retrouver.»

«J'ai beaucoup d'imagination. Quand j'écris quelque chose, je m'en détache, mais, en même temps, quand je l'interprète, j'entre dans la peau d'un personnage pour incarner le propos.»

Adoptée à l'âge de 3 ans, Angel Olsen a grandi à Saint Louis, dans le Missouri. La jeune artiste avait soif d'un environnement plus créatif, alors elle a fait ses valises pour Chicago. «J'ai rapidement rejoint la scène DIY [do it yourself] de la ville», raconte-t-elle.

Entre deux tournées avec Bonnie Prince Billy, la chanteuse a bricolé son premier album solo, Half Way Home, à temps perdu. «La démarche m'a permis d'acquérir de la confiance pour présenter mes propres chansons à un public.»

Entre-temps, Angel Olsen a déménagé en Caroline-du-Nord pour écrire Burn Your Fire For No Witness et pour se réfugier dans un lieu paisible entre les tournées. «J'ai eu enfin du temps pour moi et j'étais soulagée de voir que j'écrivais encore avec un grand appétit créatif.»

Angel Olsen peut aujourd'hui compter sur un groupe fidèle composé du batteur Joshua Jaeger, du guitariste Stewart Bronaugh et de la batteuse Emily Elhaj. «Nous sommes un jeune groupe, donc il a fallu travailler fort, surtout que nous nous préparons à neuf tournées.»

«Maintenant, je peux dire que suis officiellement à la tête d'un groupe et que je ne suis résolument plus une choriste», conclut-elle.

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Au Il Motore, ce soir. En première partie: Promised Land Sound.