Cette année, James Blunt a ajouté La Baie à la liste des villes québécoises qui l'accueillent en héros. Conversation avec le chanteur de charme britannique qui prépare en douce son alunissage au Centre Bell.

Chaque fois qu'il met les pieds au Québec, ce qu'il a fait souvent depuis un premier passage au Café Campus en 2005, James Blunt trouve les gens très relaxes. C'est ici que sa carrière nord-américaine a démarré avec le supersuccès You're Beautiful. Le chanteur de charme anglais ose même une comparaison avec l'Irlande, un autre territoire conquis dont il a déjà dit que sa population avait la musique dans le sang.

«Il y a des endroits dans le monde qui apprécient ce que je qualifierais de musique dépouillée d'auteurs-compositeurs-interprètes par opposition à la musique électronique générée par des ordinateurs qu'on entend à la radio partout ailleurs, dit-il au téléphone. Le Québec, l'Irlande, la France aussi, ont ce genre de relation avec la musique qui vient de l'âme.»

S'il ne vend plus autant de disques qu'à l'époque de son premier album, Back to Bedlam, Blunt attire toujours des foules considérables en Allemagne, en Suisse et en Autriche et il en était à sa troisième visite en Chine quand il y a lancé sa tournée Moon Landing, le 31 décembre dernier.

Il n'est pas du tout question d'alunissage dans ce Moon Landing. L'unique chanson au titre spatial, Satellites, traite par la bande d'un phénomène pas tout à fait nouveau: la technologie qui accentue parfois l'isolement.

En entrevue, Blunt reprend à son compte l'exemple de gens assis à la même table d'un restaurant qui se parlent à peine, occupés qu'ils sont à pitonner sur leurs téléphones intelligents et à prendre des photos de leurs plats qu'ils mettront en ligne et qu'ils seront probablement les seuls à regarder.

Moon Landing, explique-t-il, fait plutôt référence au «voyage» qu'il a fait en créant ce quatrième album.

«Sur mon album précédent, j'écrivais pour remplir des arénas en utilisant des mots que le public aimerait entendre. Cette fois, j'ai écrit ce que j'avais besoin de dire. En plus, j'ai renoué avec le réalisateur Tom Rothrock qui avait travaillé avec moi sur mon premier album, quand j'étais un artiste indépendant sous contrat avec un label indépendant avec un réalisateur indépendant qui travaillait avec des artistes indépendants comme Beck, Elliott Smith et Badly Drawn Boy. À l'époque, on n'avait pas un public en tête. Je voulais enregistrer mes nouvelles chansons très personnelles de la même façon.»

Roi de l'autodérision



En cours de route, James Blunt a écrit Miss America, une rare chanson de son cru qui parle d'une personne que tout le monde a connue: Whitney Houston. «J'ai été touché par sa triste histoire, explique-t-il. Je peux m'y identifier parce que cette chanson porte sur la relation entre le public et une chanteuse. Quand tu écoutes les mots qu'elle chante, tu as l'impression de voir un peu à l'intérieur d'elle. Mais il arrive que le public veuille en savoir de plus en plus sur la personne qui est sur son déclin et que ça devienne un spectacle malheureux.»

Dans Bones, James-le-charmeur donne dans l'autodérision souriante: «I've never been a beautiful boy/Never liked the sound of my own voice». «Personne n'aime le son de sa propre voix. Et puis, heureusement, Photoshop m'est très utile», dit-il en pouffant de rire.

On reconnaît bien là le James Blunt drôle et vite sur ses patins qui s'amuse parfois à répondre sur Twitter à ses détracteurs.

«Les gens prennent Twitter très au sérieux, mais ce ne sont que des opinions. Je ris de moi-même et je ris de tous ceux qui se prennent trop au sérieux», dit l'artiste qui compte plus de 700 000 abonnés à son compte Twitter.

Blunt est bien placé pour savoir que l'instantanéité des réseaux sociaux n'est pas un gage de rigueur, lui dont on a déjà annoncé la mort sur Twitter.

«J'ai répondu: ''Si c'est ça la vie après la mort, ça ressemble remarquablement à Londres!''»

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Au Centre Bell le 23 avril

Questionnaire spatial

Q: Aimeriez-vous, comme votre compatriote Sarah Brightman, voyager dans l'espace ?

R: On doit se sentir très seul là-haut. Je suis probablement plus heureux au Québec dans mon car de tournée avec mon groupe et mon équipe.

Q: Votre chanson spatiale préférée ?

R Walking on the Moon de The Police. Mais Space Oddity de David Bowie a toujours été une de mes chansons préférées. 

Q: Un film sur le même thème ?

R: Gravity est assurément un très bon film. Mais la scénographie de notre spectacle actuel, avec ses modules lunaires, s'inspire beaucoup de 2001: l'odyssée de l'espace de Stanley Kubrick.