La chanteuse IMA lance aujourd'hui son nouvel album Love moi, coécrit en grande partie par l'auteur-compositeur-interprète Mathieu Lippé. De retour d'un court séjour en Turquie, où elle a été fort bien accueillie, Marie-Andrée Bergeron - de son vrai nom - revient sur la création de ce septième disque.

«Je rêvais de faire un album comme celui-là depuis le début de ma carrière. Le voilà», a écrit IMA dans le livret de Love moi, qu'elle lance ce soir au Théâtre Corona. Un album où la chanteuse polyglotte de 35 ans dit être enfin elle-même.

«Cet album-là a été le fruit d'une métamorphose, nous dit-elle. J'ai eu la chance, par le passé, de travailler avec des gens extraordinaires, de grands talents en qui j'avais vraiment confiance, dit-elle. Mais je les laissais prendre toutes les décisions parce que je n'avais pas assez confiance en moi.»

Cette fois, IMA a voulu s'assumer totalement. «Je me sens moins dans le désir de plaire et plus dans celui d'exprimer qui je suis. J'ai appris à travers la création de cet album à me faire confiance, à écouter mes idées. C'est comme s'il y avait un éclaircissement qui s'était fait. C'est peut-être simplement la maturité.»

La quasi-totalité des pièces sont des chansons d'amour au dénouement heureux. Clairement un disque écrit par une femme amoureuse. Est-ce bien le cas?

«Oui, c'est l'album d'une fille amoureuse, admet-elle. Même si j'exprime aussi des doutes. C'est sûr que ma vie amoureuse a teinté la création de l'album. J'apprends à me laisser aller, à me laisser être vraie.»

«C'est facile d'écrire dans la douleur, mais on peut aussi être inspirée par des histoires d'amour heureuses, même si c'est un exercice plus difficile.»

IMA a délaissé les rythmes latins que l'on retrouve sur ses albums précédents, notamment Smile et La vida, pour se lancer dans la chanson.

«Le côté latin ressort quand même dans certaines pièces, dit-elle, mais on a fait des arrangements beaucoup plus simples avec Jean Massicotte. C'est vrai qu'on est plus dans la chanson. Je voulais surtout que ce soit un album cinématographique où je pourrais raconter des histoires.»

L'apport de Mathieu Lippé

La chanteuse dit s'être inspirée de la pièce Me amore, de Vanessa Paradis, notamment pour la première chanson du disque: Dis-moi.

«J'aimais la rythmique, détaille-t-elle. Je voulais faire une chanson comme ça, où je raconterais une histoire d'amour. Je voulais que ce soit drôle et cute. J'imaginais une fille maladroite, exactement comme moi, tout en étant dans une poésie légère. Finalement, la fille veut juste se faire dire qu'elle est aimée pour ce qu'elle est!»

IMA confie avoir été nourrie par l'univers musical de Carla Bruni, Manu Chao et même Jay-Jay Johanson, pour l'atmosphère électro.

Mathieu Lippé (qui a fait la première partie de Francis Cabrel récemment) a coécrit presque tous les textes avec IMA, tout en l'accompagnant à la guitare. «Mathieu m'a amenée à mieux écrire, à mieux structurer mes histoires, à trouver les bons mots pour exprimer ce que je voulais. Il était très à l'écoute.»

Frédérick Baron, Andy Dacoulis et Marc-André Lalonde, avec qui elle sortira un album en anglais, ont également participé à la création de Love moi.

La pièce Je reste la même, inspirée de l'univers musical de Pink Martini, est une réponse à ses détracteurs, qu'elle préfère ne pas nommer.

«Peu m'importe que tu me pointes du doigt, même si tes yeux me jugent, je ne m'arrête pas!» écrit-elle dans cette chanson qu'elle cosigne avec Mathieu Lippé.

«C'est une réponse à la médisance, précise-t-elle. Oui, j'ai des détracteurs; on en a tous. On m'a reproché de prendre trop de place, de parler fort, d'être belle et de n'avoir rien à dire. Maintenant, je m'en fous. J'ai juste envie d'être qui je suis.»

IMA admet que certaines de ses pièces sont naïves - on pense entre autres à Boom, qui fait l'apologie de l'amour pour sauver le monde. Mais la chanteuse s'assume totalement.

«C'est magnifique d'être naïf, affirme-t-elle. J'ai une facilité à voir la vie avec les yeux d'un enfant. Je m'émerveille facilement; je vois le bonheur dans toute chose parce que j'ai envie de le voir comme ça. Je suis optimiste, rêveuse et romantique.»

Succès turc

Il y a deux semaines, IMA s'est produite à Istanbul et à Ankara, en Turquie. Un court séjour où elle a présenté deux spectacles qui ont fait salle comble et qui, espère-t-elle, lui donneront accès à de nouveaux publics en Europe. La chanteuse s'est fait remarquer par le producteur de Pasion Turca, Sinan Urgis, qui l'a vue en spectacle en 2011. «Ils ont vu en moi un côté qui leur faisait penser à Dalida, très populaire en Turquie», raconte IMA. Au printemps 2012, la chanteuse a fait une première visite en Turquie à l'invitation de Sinan Urgis. En 2013, elle a donné un premier spectacle à Istanbul avant de retourner en Turquie ce mois-ci pour faire connaître les chansons de son album Precious. Le nouvel album d'IMA, Love moi, a tout de suite plu au producteur Sinan Urgis, qui dit vouloir aider la chanteuse québécoise à se faire un nom en Europe. «Il veut que je puisse me produire en Espagne et en France, nous dit-elle. C'est excitant. C'est un nouveau départ!»