«Depuis longtemps, j'avais cette idée d'écrire des musiques inspirées de mes voyages...»

Torontois de naissance, Montréalais d'adoption, le pianiste John Roney a fait le tour du monde - seul, avec sa compagne Louise ou en tournée. Enfin, le tour de quelques bouts du monde où les gens s'intéressent à la musique en général et au genre particulier qu'est le jazz, qui restera toujours pour lui «une musique de participation».

«À Tel-Aviv, avec [le bassiste] Alain Caron, nous avons joué devant une salle pleine de 500 personnes, mais il y avait 2000 personnes dans un parc attenant qui écoutaient le concert retransmis sur écran géant. On sentait l'énergie à travers les murs... C'était merveilleux!»

Samedi soir, il n'y aura personne dehors sur la place des Festivals pour suivre le concert que John Roney donnera juste à côté à L'Astral, accompagné du super-octette JazzLab. La petite salle n'en vibrera pas moins à la musique du CD World Colors que Roney a enregistré l'été dernier avec la formation de cracks de l'étiquette Effendi (du contrebassiste Alain Bédard).

Dans son studio-maison de Saint-Henri - quartier qui a donné son nom à son CD de 2012 -, le pianiste parle avec chaleur de ses sidemen d'un soir qu'il retrouvera dans le cadre de ce concert-bénéfice au profit de l'OSBL Jazz Services, producteur du festival printanier Jazz en rafale qui a commencé jeudi.

Sur scène samedi soir, les Alarie, Leroux et leurs comparses du JazzLab à qui se joindront la pianiste d'origine coréenne Min Rager et le pianiste d'origine suisse Félix Stüssi, «Le Malcommode». Le piano est l'instrument vedette de ce 14e Jazz en rafale.

«Tous les musiciens du JazzLab sont compositeurs, arrangeurs et leaders de leur propre groupe, dira Roney. À cet égard, JazzLab est un «all-star band».» World Colors est le deuxième CD dont la musique a été entièrement composée par un membre du groupe; le premier avait été Portraits d'ici d'Alexandre Côté, en 2013.

Là où la suite québécoise du saxophoniste amenait l'auditeur du Bic à la Beauce et du Labrador à la Laurentie, les musiques de John Roney évoquent les Cascades de la côte ouest américaine et les Prairies canadiennes, la très réelle Agadir et la fictive Anatevka que nous a fait connaître le musical Fiddler on the Roof. Nara aussi, ville du Japon où John Roney a déjà travaillé pendant un mois comme accompagnateur de la soprano Natalie Choquette. Toutes les musiques... pourvu qu'il y ait un bon piano.

Pérégrinations pianistiques

Dans son studio que lui a construit le jazzman Richard Gagnon (Trombones Actions), John Roney joue sur son nouveau piano Fandrich & Sons - une entreprise familiale de Seattle représentée ici par Oliver Esmonde-White.

Fait plutôt rare, ce «piano man» conjugue ses activités de représentant des ventes à ses talents de musicien et d'accordeur. Que recherche d'abord John Roney dans un piano? «La musicalité. La possibilité de transposer mes idées en musique sans avoir à me battre avec l'instrument.»

Ainsi, il ne prévoit pas trop de bagarre le 4 avril alors qu'il jouera ses Préludes en jazz sur le magnifique Fazioli de la chapelle du Bon-Pasteur - sauf erreur, le seul piano de la célèbre maison italienne à Montréal. Préludes, donc, d'après les oeuvres de Chopin, Bach, Debussy et Gershwin et le fameux Prelude to a Kiss de Duke Ellington, la seule pièce jazz de ce programme en tous points original.

Deux jours plus tard, il sera à Shawinigan avec son comparse Matt Herskowitz pour le concert Piano Caméléons, une série produite par Esmonde-White qui sera aussi présentée à la salle Pauline-Julien du cégep Gérald-Godin le 12 avril. Le 8, il est au Saguenay avec Alain Caron et le Quatuor Alcan.

Entre-temps, John Roney joue samedi soir sa propre musique de jazz avec un autre orchestre sorti du haut de la gamme. Toutes les musiques, un bon piano... «Le bonheur...»

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Concert-bénéfice Pianos en rafale, samedi soir, 20 h, à L'Astral, dans le cadre de Jazz en rafale, qui se poursuit jusqu'au 29 mars.