Personne ne sait vraiment qui ils sont et pourtant, les foules se déplacent en masse pour les voir. Plus populaire que jamais en France, la formation parisienne FAUVE est à Montréal ce soir pour nous raconter à coeur ouvert ses hantises, ses regrets et ses espoirs à travers des textes que l'on reçoit comme une gifle.

Sur scène, impossible de les reconnaître. Les cinq membres «permanents» de FAUVE, qui se décrivent comme «un collectif ouvert», se cachent derrière des projections multimédias en utilisant leur corps comme écran.

Mais en les écoutant, malgré les éclairages qui les dissimulent, on comprend rapidement la complicité qui les unit.

«Nous étions amis avant de devenir FAUVE», explique l'un des membres (anonyme, bien sûr) en entrevue téléphonique avec La Presse. Depuis un an, nous sentons que notre groupe a une réelle cohésion, et que nous créons et pensons davantage dans le même sens. On se tient les coudes. [...] C'est vraiment la direction que nous voulions donner au projet.»

De l'école à la gloire

Les cinq «permanents», comme ils s'appellent, se sont rencontrés au lycée.

En vieillissant, ils ont connu le même mal de vivre, qui les a menés à l'écriture de textes évocateurs pour raconter leurs maux quotidiens. Leur premier album, Vieux frères, paru au début du mois, réunit 11 titres qui font écho à ces angoisses.

Si les textes de FAUVE sont plutôt intimes, leur image publique abonde dans ce sens: leurs visages demeurent inconnus. D'ailleurs, jamais ils n'apparaissent à la télévision.

Pourquoi tant de mystère? «FAUVE est avant tout un projet personnel et jamais nous n'aurions cru qu'autant de gens allaient s'intéresser à nous. [...] Nous parlons avec nos voix, mais ce qu'on veut mettre en valeur, ce sont nos textes, pas nos personnes», précise l'artiste.

La puissance des mots

Avec FAUVE, on récite les mots, on ne les chante pas: «C'est important qu'il n'y ait aucun filtre», explique-t-il.

Bien qu'on l'associe souvent au slameur français Grand Corps Malade, le collectif qualifie plutôt son art de spoken word.

«On ne fait aucune poésie; on utilise des mots de la vie de tous les jours, explique-t-il. Parfois, ça peut paraître grossier ou vulgaire, mais c'est pour représenter notre manière d'être au quotidien.»

La montée en puissance de FAUVE en a étonné plus d'un. Nul besoin d'un grand label ou d'un concours de chant pour devenir l'un des groupes les plus en vue de France. Tout ce qu'il leur a fallu est une bonne dose de talent, de culot et, air du temps oblige, une aide appréciée des médias sociaux.

«Au début du collectif, tout le monde avait un boulot, mais n'était pas nécessairement heureux dans sa réalité.» Un buzz s'est rapidement créé au fil des prestations.

«À un moment, on devait donner un spectacle dans une petite salle. Les gens se sont présentés en trop grand nombre. C'était quelque chose comme trois fois la capacité de la salle», raconte-t-il.

Aujourd'hui, FAUVE fait parler de lui en France et ailleurs dans la Francophonie. Suivi par plus de 290 000 abonnés sur Facebook, le collectif parisien n'a pas que des amis: plusieurs ne se gênent pas pour critiquer certains textes jugés trop naïfs. Mais l'engouement créé par les médias sociaux aura certainement contribué à les faire rayonner jusqu'ici.

«On trouve ça fabuleux de faire voyager notre projet», conclut notre interlocuteur anonyme.

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Demain, 20h, au Club Soda.