Après deux albums indie-rock teintés d'un amour évident pour le classique, Lost in the Trees sort demain un nouveau disque, Past Life, pour lequel la formation de la Caroline-du-Nord mise sur une approche plus conventionnelle et, surtout, sur cette idée que la musique et le plaisir peuvent faire bon ménage. Entrevue avec le chanteur du groupe, Ari Picker.

La production des deux premiers albums, Ari Picker l'a vécue dans la douleur de la perte de sa mère, qui s'est suicidée en 2009. Quatre ans plus tard, quand est venu le temps d'écrire de nouvelles compositions, le chanteur et compositeur attitré de Lost in the Trees n'avait pas l'intention de replonger dans cette tourmente sentimentale. Trop douloureux.

«Je voulais sortir de ce que j'avais vécu, éviter de retourner «à l'intérieur», affirme-t-il. Je voulais me séparer de ce passé.»

C'est finalement lors de la tournée de leur disque précédent, A Church That Fits Our Needs, que le concept du plaisir s'est imposé au chanteur.

«A Church... a été écrit dans une sorte de bulle, indique le compositeur. À cette époque, j'étudiais la musique classique et je n'écoutais pas vraiment ce qui se faisait en musique moderne. Puis, nous sommes partis en tournée et avons fait quelques festivals. Je me suis donc mis à écouter la musique des groupes avec qui nous partagions la scène. Je les voyais avoir tellement de plaisir à jouer, je voulais me sentir dans cet état d'esprit, moi aussi.»

Visite inspirante au musée

C'est au musée, devant des toiles de peintres modernes, qu'Ari Picker a enfin retrouvé le sourire... et l'inspiration. «J'aime m'asseoir devant un tableau et écrire les premières choses que je ressens. C'est de cela que je me suis inspiré pour le nouvel album; je me suis imaginé un poème à propos de deux âmes qui se cherchent, une vie après l'autre, passant d'un tableau à un autre. Ce fut un processus plaisant et spontané.»

Arrivé en studio, Ari Picker a voulu poursuivre sur sa lancée du changement; après deux albums autoréalisés, Lost in the Trees a ainsi confié les rênes de la production au réalisateur Nicolas Vernhes, qui a notamment travaillé avec Deerhunter, Dirty Projectors et Animal Collective. Une décision heureuse pour le chanteur.

«Écrire et enregistrer cet album constitue l'expérience la plus plaisante que j'aie vécue depuis longtemps, indique-t-il. Ça fait du bien de sentir une distance entre mon passé musical et moi. Je suis super fier de ce qu'on a fait avant, mais maintenant, je sens que tout est possible.»

Autre chamboulement: la formation, qui comptait jusqu'alors six membres, est devenue un quatuor au cours de la production de ce nouvel opus. Les sonorités plus classiques, qui avaient jusqu'ici fait la renommée de Lost in the Trees, sont donc restreintes sur Past Life. Cette décision, Ari Picker l'a prise en accord avec son nouveau principe: miser sur le plaisir musical.

«J'imagine que nous avons tous été victimes de ma nouvelle muse! Ce fut vraiment une décision difficile et je suis reconnaissant envers ceux qui ont mis du temps et de l'énergie dans le groupe. Mais nous avions besoin de ce changement.»

C'est cette nouvelle sonorité que Lost in the Trees veut maintenant partager avec le public.

«C'est la première fois que nous jouons tous avec des instruments branchés et que nous sentons vraiment les vibrations des haut-parleurs sous nos pieds. Jusqu'ici, la foule a bien répondu aux compositions. Les gens dansent et sourient. Nous avons du plaisir, et à ce point-ci, c'est très important pour le groupe.»

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Au Il Motore samedi prochain, 20h. L'album Past Life sera en magasin demain.