Ça y est, le duo montréalais Solids s'apprête à faire le grand saut. Aujourd'hui, c'est la dernière journée de travail du batteur Louis Guillemette, après 10 ans de loyaux services chez un fabricant de sabots de Denver établi à Dorval. Le guitariste Xavier Germain-Poitras reviendra pour sa part au Québec après un mois de vacances en Thaïlande pour «recharger ses batteries» avant des tournées américaine, canadienne et européenne.

Mardi, le premier album officiel de Solids, Blame Confusion, a droit à une réédition mondiale avec le label Fat Possum, après être sorti de façon indépendante l'automne dernier. L'album est actuellement en écoute sur l'influent webzine Pitchfork. En musique, c'est l'équivalent d'obtenir la bénédiction du pape.

Ajoutez à cela des louanges dans des médias comme Spin, Fader, Brooklyn Vegan et les Inrocks, et tous les espoirs sont permis pour Solids.

Manger ses croûtes

Assis devant nous dans un café de Verdun, le fort sympathique batteur Louis Guillemette est tout sourire et reconnaissant par rapport à tout ce qui arrive à son groupe. «Nous n'aspirions pas à ça, et tout est arrivé graduellement, dit-il en toute humilité. Mais ça fait tellement longtemps qu'on fait ça pour ça, dans le fond.»

Xavier Germain-Poitras et Louis Guillemette jouaient jadis ensemble dans le «groupe de défonce» Expectorated Sequence, puis les deux musiciens ont décidé en 2009 de créer un autre projet.

Solids a reçu son baptême scénique à l'Escogriffe en 2010, avant de multiplier les spectacles avec un premier EP, Generic Dogs.

Le duo montréalais incarne la vieille école du rock'n'roll: il faut manger ses croûtes avant de même songer à gagner sa vie avec son rock. «Avoir 20 piasses américaines pour ton show de sous-sol», raconte Louis Guillemette.

Soixante-cinq spectacles en trois mois

Depuis les débuts de Solids, on compare sa musique au son noise mélodique nineties de Sonic Youth et Dinosaur Jr. «Mais on ne s'en allait pas nécessairement là. Autant l'album peut être catchy, autant les gens peuvent être surpris, car les shows sont agressifs», dit Louis Guillemette.

Pour son premier album officiel, Blame Confusion, Solids a travaillé avec le réalisateur Adrian Popovich (We Are Wolves, The Dears, Sam Roberts). «Il a compris qu'on voulait y aller dans la vibe discord à la Fugazi avec un son live dans ta face. Il nous a aidés beaucoup avec nos voix.»

Solids fait partie de ces duos dont on ne peut croire qu'ils sont responsables à eux deux d'un mur de son aussi puissant. «Nous ne voulions pas nécessairement être un duo au départ, mais on s'est rendu compte que nous avions le power d'une basse. On veut faire le plus de noise possible avec des lignes de son différentes. »

Blame Confusion a vu le jour sans label et sans subvention. «On ne se casse pas la tête et on ne veut pas attendre après personne», dit Louis Guillemette.

Aujourd'hui, c'est plutôt Solids qui suscite des attentes. Le duo compte sur l'éditeur européen Domino UK, alors que son agence de tournée nord-américaine est The Agency Group.

Mercredi prochain, c'est le grand départ. D'abord pour une tournée nord-américaine, puis Solids repassera par Montréal le 28 mars avec un spectacle au TRH-Bar, avant de s'envoler pour l'Europe. Oubliez les chambres d'hôtel: «On va se la garder punk-rock, car on ne peut pas trop se gâter», dit Louis Guillemette. Au total: quelque 65 spectacles en trois mois.

Et ce n'est qu'un début: «On va en manger, de la route, jusqu'à ce que les gens soient tannés d'entendre l'album.»