Jimmy Hunt lancera son deuxième album solo, intitulé Maladie d'amour, le 1er octobre, huit jours avant de se produire au Cabaret du Mile End. Nous l'avons rencontré pas très loin de là, dans un café de l'avenue du Parc, pour discuter de cet album dont nous avons eu le privilège d'entendre plusieurs chansons.

Nommé deux fois au gala de l'ADISQ en 2011, Jimmy Hunt n'a aucunement considéré «sa carrière» en créant son deuxième album solo, Maladie d'amour, qui sortira le 1er octobre. Au contraire: il s'est donné carte blanche.

Ce sentiment d'abandon s'entend d'une pièce à l'autre. «Il y a quatre albums en un, dit le principal intéressé. Mon premier disque était beaucoup moins réfléchi. Cette fois-ci, c'est beaucoup plus expérimental, presque comme une école. L'album a été mon lifestyle pendant un an. On a passé beaucoup de temps en studio à essayer des choses...»

> Écouter un extrait

La première partie de l'album est née dans un chalet situé près de Saint-Élie-de-Caxton. Pendant un mois, Jimmy Hunt est parti à l'aventure musicale avec Christophe Lamarche-Ledoux, d'Organ Mood et Rock Forest. Il a enregistré une autre séance, seul avec sa guitare, puis une troisième avec son ami réalisateur, Emmanuel Éthier. Le tout s'est soldé par des nuits blanches au studio Victor avec François Régis Pagé.

«On a eu du fun, résume Jimmy Hunt. C'est un disque qui m'a permis d'apprivoiser le studio. J'ai essayé tout ce que je voulais.»

Disco et piano ragtime

Les nouvelles chansons se démarquent du premier album solo de Jimmy Hunt par l'éclectisme de leurs arrangements et la texture des sonorités.

Rêver souvent s'envole sur des arrangements synthétiques pour faire des plongées guitaristiques. Nos corps est dotée d'une mélodie dream-rock à l'efficacité redoutable. Et l'introduction au piano de la ballade Antilope fait flotter l'auditeur dans un univers cinématographique proche de celui de Jon Brion.

On entend des airs disco ici, des guitares pop-corn là, du fuzz, du piano ragtime et de vieux instruments qui sonnent comme à la belle époque. Pour raccrocher le tout, Jimmy Hunt parle toujours de filles et de ses divagations nocturnes.

La grande nouveauté: des arrangements de claviers sur certains titres. «Christophe est un beau fou qui crée des sons grâce à un Modular, souligne Hunt. Je ne voulais pas tomber dans les sonorités eighties. On a ajouté du drum and bass sur les claviers.»

Amour malade

Le son est tantôt ambitieux, tantôt épuré. La pièce-titre acoustique a même été enregistrée à 2h du matin, alors que Hunt ne faisait qu'un essai. «Manu a insisté pour la garder, même si je me plante dans une ligne.»

Les paroles de Maladie d'amour sont l'incarnation parfaite du romantisme mi-fleur bleu, mi-obsessif de Jimmy Hunt. «La nuit, je fume devant chez toi/Sans que tu me vois/Je veille sur ton sommeil/C't'une maladie mentale», fredonne-t-il.

«C'est la version creepy d'une chanson d'amour. Ça parle d'un stalker, lance l'auteur-compositeur. C'est quand même un album moins romantique que le premier. Il y a aussi des trucs spirituels de quête d'absolu, mais c'est toujours tourné en dérision.»

En attendant la sortie

Deux mois avant le lancement de son album, Jimmy Hunt doit prendre des décisions difficiles avant de laisser le projet voler de ses propres ailes. «Je pense que je vais me trouver un job!», dit-il à la blague.

Satisfait de son album, il ne tient pas à retourner au gala de l'ADISQ; l'expérience de «compétition» l'a rendu mal à l'aise. «Je n'ai pas fait de compromis pour entrer dans le créneau radio. Si ça vient, je vais peut-être acheter de nouveaux souliers.»

Jimmy Hunt refuse de voir sa musique comme une «carrière». «Dès que ma vie, c'est de la marde ou que je m'ennuie, mon réflexe est de faire de la musique. Ce n'est pas un plan de vie, mais tant mieux, car j'aime ça.»

Jimmy Hunt sera en spectacle le 9 octobre au Cabaret du Mile End. Une amie, Estelle Fredette-Franière, lui donnera un coup de main à la mise en scène. «Je ne veux pas de couleurs sur la scène. Simplement s'inspirer du cinéma noir pour jouer avec les lumières et les ombres.»

Mixé par un anglophone

Emmanuel Éthier a conseillé à Jimmy Hunt de faire mixer Maladie d'amour par Chris Moore, qui a travaillé avec des groupes de la trempe de TV on the Radio et les Yeah Yeah Yeahs.

«Je lui ai juste parlé par mail et c'était le fun de travailler avec lui, indique Jimmy Hunt. L'album a une direction étrange, donc il fallait qu'il embarque et qu'il joue avec le lo-fi et le hi-fi

Chris Moore n'avait jamais mixé un album francophone. Il a même confié à l'imprésario de Jimmy Hunt qu'il trouvait étrange de ne pas comprendre les paroles.

C'était justement le but recherché. «Dans les mix francophones, on a tendance à trop miser sur le propos et la voix. L'idée était d'avoir une personne qui prenne ma voix comme un instrument... Ce n'était pas du tout pour se la jouer big aux States.»