Elle n'a que 32 ans, mais déjà six albums à son actif, dont What We Saw From The Cheap Seats, sorti au printemps dernier. Regina Spektor se produit au Métropolis, mardi soir, avec des comptines d'adulte chantées au piano.

Au bout du fil, elle a une voix de petite fille, cultivant une sorte d'imaginaire où se mêlent art et fantaisie. Il n'y a pas que le visage et le doigté au piano de Regina Spektor qui ressemblent à ceux de Fiona Apple et Tori Amos: son esprit libre aussi.

Depuis la sortie de son album, en mai, Regina Spektor dit avoir atteint un bel équilibre entre «la tournée» et «faire de l'art». «J'ai tellement de chansons, dit-elle. À un moment donné, je sens que c'est le bon moment de les sortir, mais c'est un processus naturel.»

Regina Spektor n'est pas archiviste de nature. Prolifique, celle qui joue souvent de nouvelles compositions en spectacle peut heureusement compter sur la mémoire de ses fans.

«Je n'ai pas de cahiers de notes, confie-t-elle. J'oublie des chansons et je les redécouvre quand des gens enregistrent mes shows et les mettent sur YouTube.»

Sur Oh Marcello, pièce qui figure sur son dernier album, Spektor laisse encore davantage libre cours à la théâtralité de ses «comptines d'adulte». Sur le sens du texte (La Madonna she tell the truth/She's been saying I'll have a baby/When he grow up he become a killer), la chanteuse répond: «Mes paroles vont toujours dans tous les sens. L'autre jour, pendant Yom Kippour, j'écoutais une vieille chanson russe avec mes parents. Je disais à ma mère que les paroles étaient illogiques et elle m'a répondu: regarde qui parle!»

Parents juifs

Regina Spektor vante l'inspiration et le soutien de ses parents juifs, avec qui elle est arrivée de Russie à l'âge de 9 ans pour mener une nouvelle vie dans le Bronx, juste avant la chute de l'Union soviétique.

«Ma mère était musicienne et m'a toujours beaucoup soutenue», raconte la musicienne qui a suivi gratuitement des cours de piano classique avec Sonia Vargas, une professeure réputée de la Grosse Pomme.

«J'ai commencé à écrire mes chansons à 17 ans, poursuit-elle. Et, aujourd'hui, mes compositions misent davantage sur le chant que le piano.»

N'empêche, avec son tempérament bien à elle (et des comparaisons de la part ses détracteurs avec le personnage de Phoebe dans Friends), Regina Spektor s'est taillé une place enviable sur la planète indie-rock au cours des 10 dernières années.

Au début de sa carrière, elle a fait ses classes en assurant la première partie de son groupe «préféré», The Strokes. Aujourd'hui, elle est échantillonnée par Jay-Z, elle se produit devant Barack Obama dans une soirée privée de la communauté juive et elle remplit le Métropolis.

«Pour moi, chaque spectacle compte, car c'est une expression de moi-même», dit Regina Spektor, qui a préservé son charme de jeune ingénue.

Regina Spektor se produit au Métropolis, mardi.