Après Star Académie en février et les plaines d'Abraham cet été, le voici pour deux soirs au Centre Bell. Johnny Hallyday se serait-il réconcilié avec le Québec?

«Réconcilié? Mais je n'ai jamais été fâché! Si je ne suis pas venu plus souvent chez vous, c'est qu'on ne me l'a pas proposé.»

Joint à Los Angeles, où il est en train d'enregistrer son prochain album, Johnny Hallyday se défend d'avoir snobé le Québec. Vrai qu'il s'est fait rare sur nos scènes. Mais il rejette la faute sur son ancien imprésario, Jean-Claude Camus, qui, selon lui, limitait ses tournées au marché français.

«C'est dommage, parce que la musique est universelle, dit-il avec une once de regret. Mais ces gens-là ne le comprenaient pas.»

Cette époque est révolue, ajoute-t-il. Entouré d'une nouvelle équipe depuis 2010, le chanteur a recommencé à sortir de France. Il donnera cet automne des concerts au Québec, mais aussi en Russie, à New York et même au Royal Albert Hall de Londres pour deux soirs complets. «Incroyable qu'en 50 ans de carrière, je n'ai jamais joué à Londres, lance-t-il, étonné. Ce sera la première fois. Mieux vaut tard que jamais...».

On ne peut s'empêcher de penser à Elvis, qui fut toute sa vie confiné aux scènes américaines. Certains disent que le King en est mort d'ennui. Mais Johnny, lui, est toujours bien en vie, merci.

Converti à Twitter

Sorti de l'hôpital à la fin d'août, après de nouveaux ennuis de santé (un problème aux bronches), la vedette a d'ailleurs mis une photo de lui sur Twitter où on le voit, masque de squelette sur le visage, faire un doigt d'honneur à la presse people.

Le chanteur français le plus médiatisé de la planète en aurait-il soupé des paparazzi, «journaleux» et autres pisse-copie? «Il faut le prendre comme un clin d'oeil, dit-il. C'est une façon humoristique de dire à tous ces magazines: arrêtez vos conneries. Vous dites n'importe quoi.»



Avec le temps, certes, Johnny-le-monstre-sacré a appris à vivre avec les magazines à potins. De son propre aveu, ça l'a «autant servi que desservi». Mais avec Twitter, il peut maintenant contrôler l'information... ou mieux faire son autopromotion.

«Je ne suis pas de la génération informatique, lance le chanteur de 69 ans. Ce sont ma femme et mes enfants qui m'ont converti à Twitter. Mais cela m'amuse beaucoup et ça me permet de dire la vérité directement à mes fans.»

C'est par Twitter, par exemple, que Johnny a récemment commenté son duo avec Céline Dion (L'amour peut prendre froid), qui devrait se retrouver sur leurs albums respectifs.

Ce n'est pas la première fois que les deux stars chantent ensemble. Mais cette fois, ils ont enregistré la chanson à distance, elle de Floride, lui de Los Angeles. Johnny assure que cette collaboration virtuelle n'a pas nui à la chanson. Et en profite pour rendre hommage à la chanteuse québécoise («chanter avec elle est un cadeau»), qui est en ville ces jours-ci... et qui pourrait bien - sait-on jamais? - retontir sur la scène du Centre Bell jeudi et vendredi.

Occasion de relancer Johnny sur Nanette Workman, avec qui il a eu une passion tumultueuse au début des années 70. Un duo serait-il aussi envisageable avec la chanteuse d'origine américaine? «Envisageable, oui, envisagé, non», répond-il, diplomate.

Au cinéma

On risque plus certainement de revoir Johnny au théâtre l'an prochain dans Le paradis sur Terre, pièce de Tennessee Williams qui a déjà tenu l'affiche trois mois à Paris. À plus long terme, ce sera le cinéma, puisque le chanteur tiendra le rôle principal dans le prochain film de Claude Lelouch (Salaud, on t'aime), où il incarnera un ancien photographe de guerre. Une première collaboration entre les deux hommes depuis L'aventure c'est l'aventure en 1972, dans lequel jouait aussi Jacques Brel. Autant dire une éternité.

«Je suis très impatient, conclut-il. Et si Dieu le veut, je ferai peut-être un jour un film canadien. Il y a beaucoup de bons metteurs en scène chez vous, non?»

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Johnny Hallyday au Centre Bell, les 4 et 5 octobre.