La série de concerts que donne depuis peu Michel Rivard devait être une affaire acoustique en trio lui permettant de piger selon ses humeurs dans son répertoire pour faire de chaque soirée un moment unique. Mais voilà, ils seront six ce soir et demain à l'Astral, qui iront «de l'acoustique le plus pur à l'électrique dans le tapis». Explications.

Assis dans son studio personnel parmi sa trentaine de guitares et ses autres «bebelles», Michel Rivard est tout sourire. Happé au cours des dernières années par ses «activités parascolaires» - Star Académie, le téléroman 30 vies, Les filles de Caleb, les Douze hommes rapaillés et d'autres spectacles moins médiatisés - il renoue enfin avec sa vocation première d'auteur-compositeur-interprète d'une manière imprévue qui le ravit.

Résumons. Rivard a exprimé le désir de renouer avec Rick Haworth et Mario Légaré, avec qui il joue d'instinct depuis toujours. D'où la formule acoustique à la carte à laquelle il a d'abord songé. Puis il a eu le goût d'intégrer à ce noyau dur son batteur Sylvain Clavette, qui jouait avec eux dans Les filles de Caleb. Et à force d'écouter des disques de «vraies harmonies vocales» - les Fleet Foxes, Bon Iver et ses vieux vinyles de Crosby, Stills and Nash - il a voulu revenir à cette manière qu'il avait un peu négligée depuis les belles années de Beau Dommage. Ce soir à l'Astral, les quatre musiciens seront donc accompagnés de deux chanteuses: Adèle Trottier-Rivard, sa fille aînée, et Lana Carbonneau, une habituée du Festival en chanson de Petite-Vallée, en Gaspésie.

Cette nouvelle configuration lui impose de chanter les 25 mêmes chansons soir après soir. «Quand on décide de mettre des harmonies de voix, ça demande un peu plus de travail de fignolage; à l'automne, ça va être autre chose», promet Rivard. Par contre, elle lui permet de ressortir les versions électriques de chansons comme Méfiez-vous du grand amour, Rive-Sud et même Je voudrais voir la mer. «Pour moi, c'est comme un retour à l'espèce de sonorité de base country-folk, folk-rock, qui est mon langage premier», dit-il.

Rivard va nous servir une nouvelle chanson - il en a quelques autres en chantier destinées à un album qui devrait sortir plus tôt que tard - et interpréter à sa façon des choses qu'il a écrites pour Éric Lapointe (Avalanche, «un de mes beaux textes», dit Rivard), Maxime Landry (Paulo), et une autre qu'il a cosignée avec Bori (Toute la lettre). Il reprendra aussi des chansons à lui confiées à d'autres voix dans Les filles de Caleb.

Du bonheur

«Adèle m'a suggéré une vieille toune de Beau Dommage que je ne jouais pas souvent, ajoute Rivard. Je me promène autant dans des choses que les gens n'ont pas vraiment entendues que dans des gros classiques pour me faire plaisir et faire plaisir au monde. Dans la deuxième partie, je ne dis presque pas un mot: ce sont des tounes, des tounes, des tounes. Et c'est un bonheur!»

L'auteur-compositeur en lui s'est-il senti vidé après avoir pondu une trentaine de chansons pour Les filles de Caleb? «C'est exactement ce que je craignais, mais finalement je n'ai pas eu le temps d'être épuisé. J'ai vraiment terminé d'écrire ça sur la peau des fesses parce qu'il y en avait des chansons là-dedans, mais le fait de passer de l'écriture au local de répétition avec mes chums musiciens et les chanteurs, et de faire le show, ça m'a réénergisé.»

Tous les projets dans lesquels il s'est investi depuis trois ans l'ont nourri, assure-t-il: «J'étais à l'aube de Star Académie quand on m'a appelé à la dernière minute pour 30 vies. J'étais déjà fatigué et je savais que j'aurais un horaire de fou, mais j'ai dit oui pareil. J'ai pensé à mon père: Robert aurait dit oui parce que c'est un rôle intéressant et qu'il ne reviendra pas. Mon père était un petit peu workaholic aussi, j'ai dû hériter ça de lui.»

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Michel Rivard à l'Astral, ce soir et demain.