Dimanche matin, 4h30, au club branché Watergate, situé dans le quartier Kreuzberg, à Berlin. Alors que le soleil se lève sur la rivière Spree, Guillaume Coutu-Dumont est derrière son ordinateur et devant la baie vitrée qui donne une vue magnifique sur l'eau.

Le musicien, compositeur et producteur est à Montréal, cette semaine, mais nous l'avons rencontré dans sa ville d'adoption, jeudi dernier.

Guillaume Coutu-Dumont a beau faire danser les foules jusqu'aux petites heures du matin, il nous donne rendez-vous à 9h dans un café situé près de son studio. Il a l'habitude d'être matinal. «Lundi, il fallait que j'aille porter mon petit à la garderie», souligne-t-il.

L'homme-orchestre passe plutôt inaperçu dans les rues de Montréal, mais il est depuis longtemps l'un des ambassadeurs de sa scène électro, que ce soit en duo avec Julien Roy au sein d'Egg, à l'époque, ou avec ses deux albums solos, sortis sous le nom de Guillaume&The Coutu-Dumont. En mai, le musicien s'est produit à Paris et à Londres. Au cours des prochaines semaines, ce sera au Costa Rica, en République dominicaine, à Ibiza, à Amsterdam et en Irlande.

Guillaume Coutu-Dumont n'est pas un DJ, car il fait jouer ses propres morceaux, mais sa carrière n'a rien à voir avec celle d'un rockeur ou d'un chanteur. «Je ne jouerais pas au Costa Rica et en République dominicaine si j'étais dans un groupe rock. Mais si je joue devant 4000 personnes, ce n'est pas juste à cause de mon nom», dit-il.

À Montréal comme dans les villes d'Amérique du Nord, la scène électro a ses limites en raison de l'heure hâtive de la fermeture des bars. «Avec un club qui est obligé d'arrêter de vendre de l'alcool à 3h et des gens qui ne sortent pas avant 1h du matin, c'est mathématiquement impossible d'avoir une bonne programmation internationale», explique Guillaume Coutu-Dumont, qui songe à faire des heures d'ouverture des bars une «croisade» quand il reviendra vivre à Montréal avec sa petite famille - ce qui est dans ses plans.

Prolifique, le musicien mène de front plusieurs projets: son duo Chic Miniature avec Ernesto Ferreyra, Destination Danger avec Oleg Poliakov, de même que sa collaboration avec le groupe The Side Effects, composé de Nicolas Boucher, Sébastien Arcand-Tourigny, Marc-André Charbonneau et du chanteur san-franciscain Dave Aju. Un album est par ailleurs en chantier avec The Side Effects.

Avec un diplôme en percussions latines et classiques, en plus d'études en composition électro-acoustique, Guillaume Coutu-Dumont peut musicalement toucher à tout. «C'est ce que j'aime le plus: être en studio pour faire ma musique. Tout ce qui fait des sons, ça m'intéresse», dit-il.

Il a par ailleurs un autre projet audiovisuel, baptisé Muséum, avec son frère, le photographe et artiste multidisciplinaire Gabriel Coutu-Dumont. «C'est assez cinématique», annonce celui qui aimerait un jour composer de la musique pour le cinéma et la télé. «Le boum boum, c'est l'fun, mais à un moment donné...»

«Le dance floor est un format que j'adore, mais je mixerais mes morceaux différemment si ce n'était pas fait pour les clubs, précise-t-il. Il reste que j'essaie de faire des trucs qu'on peut écouter dans d'autres circonstances. Faire juste de la musique de club, je ne pense pas en être capable.»

Le facteur Berlin

Passer plusieurs jours à Berlin, c'est comprendre pourquoi tant d'artistes décident de s'y installer. Les loyers sont raisonnables, l'urbanisme est en pleine mutation, les lois sont peu sévères et il y a une forte communauté artistique. C'est une ville de grands remous historiques et de liberté, où tout semble possible.

Il y a quatre ans, Guillaume Coutu-Dumont et son frère ont fait partie d'une cohorte d'artistes montréalais (Mike Shannon, Deadbeat, The Mole, Ernesto Ferreyra) qui ont décidé d'élire domicile dans la capitale allemande. «Le bassin de population est plus grand en Europe, donc on peut survivre dans l'underground», explique le musicien. Il y a également une grande «culture du club», avec des boîtes de nuit de renommée internationale, comme le Fabric, à Londres, ou le club Amnesia, à Ibiza. Et en habitant à Berlin, c'est plus facile de partir et revenir les week-ends «sans 12 heures d'avion».

Le musicien québécois songe néanmoins à revenir vivre à Montréal. En attendant son retour, il vante l'importance du festival MUTEK, dont la 12e présentation aura lieu très bientôt, du 1er au 5 juin. «Le travail qu'ils font pour attirer des gens, c'est incroyable. Pour moi, MUTEK a été l'un des instigateurs de ce que je fais.»

En rafale

> Le rappeur Lil Wayne sera en spectacle au Centre Bell, le 17 août, avec Rick Ross, Keri Hilson et Far East Movement comme invités. Les billets seront mis en vente samedi.

> Le producteur Blue Skies Turn Black a aussi annoncé trois spectacles: Peter Bjorn and John à La Tulipe le 5 septembre, James Blake au Club Soda le 2 octobre et Explosions In The Sky le 6 octobre au Métropolis.

> Rufus Wainwright prendra un virage pop sur son prochain album, lui qui entrera sou peu en studio à New York avec le réalisateur Mark Ronson (Amy Winehouse, Lily Allen, Adele).

> Les 14 élèves de dernière année de l'École nationale de la chanson de Granby se produiront vendredi soir à L'Astral, avec un spectacle qui s'intitule Quand les refrains s'emmêlent.

Sorties de la semaine

> Ma petite Mam'zelle de chemin, Ingrid St-Pierre

> Born This Way, Lady Gaga

> Diva Latina, Arielle Dombasle

> Diamonds&Plastic, Ian Kelly

> Ring N' Roll, Catherine Ringer

> Director's Cut, Kate Bush

> Strictly Whatever, Harry Manx et Kevin Breit

> Éponyme, NKOTBSB

> Torches, Foster The People

> Demolished Thoughts, Thurston Moore

> Valleyheart, She Wants Revenge

> Pala, Friendly Fires