Éthier et L'Allier, cela ferait un excellent nom de duo, mais Emmanuel Éthier et Thomas L'Allier ont plutôt voulu faire voler leurs compositions au sein du groupe Passwords. Un quatuor montréalais qui plaira aux amateurs de folk des années 70, d'arrangements de cordes riches et d'harmonie vocales parfois psychédéliques.

«Je les ai achalés un bon bout de temps pour jouer avec eux. C'est la dimension créative du groupe qui m'attirait», explique le bassiste Maxime Castellon, dernier membre à compléter le groupe montréalais Passwords.

L'arbre généalogique de Passwords? Emmanuel Éthier est ami avec Thomas L'Allier depuis le secondaire, époque où il a aussi rencontré la pianiste Carmel Scurti-Belley dans un parc. «C'était ma blonde», lance le jeune homme de 23 ans.

Éthier et Castellon sont les musiciens de tournée de Jimmy Hunt. Emmanuel Éthier a aussi beaucoup partagé la scène avec Coeur de pirate. Mais il a hâte d'être plutôt associé à Passwords. «Sans Coeur de pirate et Jimmy Hunt en parenthèse après mon nom, dit-il en riant. Passwords existait avant que je commence à faire des shows avec Coeur de pirate. En même temps que la tournée avec elle, j'enregistrais l'album de Passwords», précise le multi-instrumentiste.

Le disque éponyme de Passwords est en chantier depuis deux ans. «On l'a commencé en juin 2009 et on l'a terminé l'automne suivant», indique Thomas L'Allier.

Et pourquoi toute cette attente avant la sortie? «On voulait les bonnes circonstances, explique Emmanuel Éthier. On est un peu sélectif et perfectionniste sur les bords.»

Nouvelle étiquette de disque

En tournée en France, Emmanuel Éthier a rencontré Anthony Ayotte, gérant du groupe Chinatown, qui réchauffait la salle pour Coeur de pirate. «Il nous a approchés pour faire la première partie de Chinatown au Rialto pendant Pop Montréal.»

Entre-temps, l'idée de fonder une étiquette de disque a germé dans la tête d'Anthony Ayotte (qui gère aussi la carrière de Jean Leloup). Après réflexion, c'est le premier disque de Passwords qui allait jeter les bases indie rock anglophones de Mercy Records. «C'était attrayant pour nous qu'il lance un label, souligne Emmanuel Éthier. La direction du label part avec notre album. Ce n'est pas safe, mais excitant!»

En entrevue, il y a deux semaines, Anthony Ayotte nous avait dit vouloir s'inspirer des «labels-boutiques des années 60 et 70». C'était dans la mise en marché plus que dans la musique, mais les huit premières chansons de Passwords respirent justement le rock de cette époque. «C'est une synthèse de tout ce qu'on fait. Il y a des pièces plus folk à la Neil Young, d'autres plus David Bowiesques. L'album est très chargé, il y a beaucoup de cordes», note Emmanuel Éthier.

«On a tellement tourné nos chansons maintes et maintes fois. On a vraiment beaucoup d'idées et on a tendance à "sur-penser". Il y a des pièces qui auraient pu virer hip-hop», poursuit à la blague Thomas L'Allier, mentionnant que la chanson Life After Summer, par exemple, a eu ses premières notes il y a environ quatre ans.

«Thomas a une approche plus traditionnelle de songwriter et moi, je fucke le chien! lance Emmanuel Éthier. Je ne suis pas un fan des bands qui font leur album exactement pareil live

En studio, Simon Landry -guitariste à temps partiel des Cowboys fringants et ex-moitié de Beluga- a donné un coup de main à la réalisation, assisté de Sébastien Blais-Montpetit à l'enregistrement et au mixage. «À un moment donné, Le Husky m'a approché pour un spectacle pour jouer du clavier et Simon joue avec Le Husky, raconte Carmel Scurti-Belley. Après, Simon a écouté nos démos sur MySpace.»

«Il était super relax en studio, dit Thomas. Il n'a pas touché à notre son, mais il tranchait quand on sur-pensait trop.»

«C'était comme un coach de vie», renchérit Emmanuel.

Le lancement du disque éponyme de Passwords aura lieu jeudi à la Sala Rossa. Un spectacle au Divan orange est aussi à l'agenda, le 19 mai, et une participation au festival Osheaga. Les membres du groupe ne s'en cachent pas: il sont prêts à partir en tournée en Europe et aux États-Unis. «Live, c'est moins calculé que sur l'album. Il y a un côté jam band», conclut Emmanuel Éthier.