Pour quelqu'un qui serait en âge de prendre sa retraite, Michel Louvain n'a pas l'air de vouloir ralentir. Son nouveau disque, Je n'ai pas changé, est le plus récent chapitre d'un sprint entamé depuis sa tournée «50e anniversaire de carrière», qui a culminé au Centre Bell en 2008.

Le chanteur avait pourtant pensé raccrocher. L'an dernier, quand Nicole Martin lui a offert d'enregistrer un disque aux sonorités latines pour son étiquette de disques (Diva), il s'est demandé s'il avait encore la motivation.

«Je revenais d'une grosse tournée en province. Ils voulaient le disque pour le début de décembre. J'étais fatigué. La tête n'était pas là», explique-t-il de son appartement en Floride, où il passe une partie de l'hiver. «Et puis, il faut être sincère, on ne me fait plus beaucoup jouer à la radio...»

Une fois rentré chez lui, l'idée a quand même fait son chemin. Il s'est dit qu'après tout, le projet de Nicole Martin était «tentant». Que le style latino lui plaisait bien. Et que de nouvelles chansons lui permettraient de renouveler son tour de chant. «Pour un bon concert, dit-il, il faut changer de matériel tous les deux ans.»

Le succès étonnant du documentaire Les dames en bleu, sorti à l'automne 2009, a-t-il été un autre facteur déterminant? Le chanteur a-t-il l'impression que le film de Claude Demers lui a donné un deuxième souffle inattendu?

À lui, peut-être pas, répond-il. Mais à son spectacle, oui. «Ç'a donné un regain. Beaucoup de gens l'ont vu et ça m'a amené des admiratrices plus jeunes. Des gens que je n'avais jamais vus avant.»

Dont acte. Louvain est retourné en studio, où il a enregistré ces 11 nouvelles chansons pour son public «qui aime danser».

Fait intéressant: c'est la toute première fois qu'il interprète des titres pourtant bien connus comme La Paloma, Théo et Antoinette, On ne voit pas le temps passer ou Donnez-moi des roses, qu'il présente comme son hommage à Fernand Gignac.

L'histoire de Qui sait, qui sait, qui sait, (version française de Quiças, quiças, quiças) est encore plus intéressante. Le chanteur avait la partition dans ses boîtes depuis plus de 50 ans, mais ne s'en était jamais servi. Il l'a ressortie pour les besoins de l'album. «Les feuilles étaient tellement vieilles et tellement jaunes qu'elles ont failli casser! Je les avais achetées à mon arrivée à Montréal.»

Petite parenthèse sur sa fibre archivistique («Je garde tout. Qu'ils donnent ça à la Bibliothèque nationale quand je ne serai plus là») avant de revenir à son pianiste et chef d'orchestre «depuis 20 ans», Daniel Piché, qui a donné toute la couleur latino à l'album. Nicole Martin, ajoute-t-il, l'a également conseillé pour le choix des morceaux. C'est le troisième album que Louvain enregistre pour le label que la chanteuse gère avec son mari, Lee Abbott.

Louvain, donc, n'a «pas changé». Cela veut dire que la première pop star du showbiz québécois reprendra la route dès que la saison chaude sera de retour... et que les snowbirds seront revenus. Une vingtaine de dates seraient déjà alignées, dit-il, en nous invitant à consulter son site web.

En attendant, c'est le soleil d'Hallandale Beach, où il a son appart, à 10 minutes de la plage. À la question «Que faites-vous de vos journées?» le crooneur se fait transparent. «C'est comme ma chanson, dit-il. Je ne vois pas le temps passer! Je vais au cinéma, je loue des films, j'ai une vie sociale bien remplie. Le sport? Pas vraiment. Un peu de vélo. Mais surtout pas de golf, même si j'ai un club juste en face. Dans le fond, j'ai ma routine. Comme si j'étais à Brossard...»

CHANSON

MICHEL LOUVAIN

JE N'AI PAS CHANGÉ

MUSICOR

EN MAGASIN MARDI