Peu enclins à se tourner les pouces, les Lost Fingers ont lancé la semaine dernière leur troisième album en autant d'années. Avec Gypsy Kameleon, le trio de Québec revient à un répertoire exclusivement anglophone, où les titres canadiens, de Summer of '69 (Bryan Adams) à Sunglasses at Night (Corey Hart), ont la part belle. Entrevue avec le guitariste Byron Mikaloff.

«Holà le Nouveau-Mexique!» lance le guitariste Byron Mikaloff en décrochant son téléphone portable. Le guitariste qui a grandi en Colombie-Britannique avant de s'installer à Québec est d'excellente humeur. Ces jours-ci, il tourne de l'autre côté de la frontière avec ses compères, passant du Nevada à la Californie, du Nouveau-Mexique à l'Alaska...

Plus qu'une formation qui fait sourire en fondant de vieux succès parfois kitsch dans l'univers gitan, The Lost Fingers est devenu une troupe jazz respectée dans le milieu. Sur le nouvel opus qui abrite des lectures de Sunglasses at Night (Corey Hart), Summer of '69 (Bryan Adams) ou encore Never Gonna Give You Up (Rick Astley), les musiciens ont travaillé avec le guitariste et clarinettiste John Jorgensen (Elton John, Johnny Cash), bien connu pour sa maîtrise des répertoires gitan et country, ainsi qu'avec Robin Nolan, autre étoile du milieu saluée, entre autres, par George Harrison.

En évitant de présenter des duos avec les chanteurs des pièces originales, comme ils l'avaient fait sur Rendez-vous rose, les Lost Fingers ont mis l'accent sur leurs interprétations. Byron, Alex Morissette (contrebasse, choeur) et Christian Roberge (voix, guitare) apparaissent d'ailleurs plus en maîtrise de leur art que jamais. Certes, le genre manouche implique une rythmique spécifique et une approche qui peut se ressembler d'un titre à l'autre. Mais beaucoup d'efforts ont été faits pour éviter de sombrer dans la recette: la bande a imaginé un solo où l'on peut entendre de la claquette dans The Safety Dance (Men Without Hats), la clarinette est omniprésente, une pièce plus sérieuse se profile avec A Criminal Mind (Gowan), des castagnettes apparaissent dans Tom Sawyer (Rush) et le registre country-bluegrass est exploité sur Nine to Five (Dolly Parton). Byron a même amélioré son jeu de trompette... sans souffler dans l'instrument!

«Dans Let's Groove (d'Earth, Wind&Fire), tout le monde croit que ce sont des cuivres qu'on entend, mais c'est la voix humaine. À un moment donné, je cherchais quelque chose et j'ai chanté la ligne. Je perdais du temps dans mon auto en revenant de Montréal et j'ai trouvé comment faire la trompette vocale et, là, on le punche et on l'harmonise. Alors dans les prochains albums on pourrait entendre des arrangements de cuivres faits avec la bouche!»

Gypsy Kameleon est un produit tout chaud. L'album a été enregistré à Québec au cours du mois d'octobre avec un souci d'y inclure une majorité de pièces canadiennes: sept des douze titres ont été écrits par des artistes d'ici. Une façon d'offrir davantage de pistes susceptibles de répondre aux quotas de contenu canadien des radios et de faire de l'oeil au reste du pays.

Dans moins d'un mois, le trio retournera en studio, cette fois pour donner forme à son album américain. Celui-là, prévu pour février 2011, mettrait l'accent sur le hard rock et le métal des années 80 (Aerosmith, Kiss, Iron Maiden, Metallica, etc.) sans omettre une incursion dans la bande sonore de Flashdance. Une parution destinée à la France naîtra de la fusion des albums canadien et américain.