Sans son groupe Chocolat, Jimmy Hunt est plus posé, mais surtout plus folk que rock... et même plus fleur bleue. Entrevue avec l'artisan de l'un des meilleurs albums francophones de l'automne.

Mardi midi ensoleillé, à la Casa del Popolo, jour de sortie de l'album éponyme de Jimmy Hunt. «On vient d'apprendre que c'est le troisième meilleur vendeur sur iTunes», se réjouit le musicien de 33 ans avec un plaisir de gamin qui ne sait pas trop ce que cela veut dire.

On ignorait à quoi s'attendre avec de rencontrer l'homme à l'image «de bête indomptable et de tête brûlée» - dixit un collègue -, qui s'est fait mettre dehors de Grosse Boîte avec sa bande de Chocolat après des frasques au FME et aux Îles-de-la-Madeleine.

La réputation de Jimmy Hunt le dépasse, mais il est avant tout un gars de Québec qui s'est pointé à Montréal en 2001 avec une seule idée en tête: gagner sa vie avec la musique. «Quand je suis arrivé, j'étais tout seul. Je jouais de la musique à la station de métro Sherbrooke et j'allais prendre une bière après au comptoir dans un bar», se souvient-il.

Mais rapidement, Jimmy Hunt a rencontré des gens, a sorti un EP en tant que one man band, avant de former le groupe Chocolat en 2007, groupe encensé par les critiques dont il était le chanteur et principal auteur-compositeur. «Avec Chocolat, j'avais envie d'être en groupe. J'aimais l'esprit de gang, de meute, mais bon... On avait du fun au point d'être des enfants terribles.»

À l'inverse, c'est un gars calme, sympathique et presque à l'heure qui s'est présenté devant nous en entrevue. Et à l'écoute de son album éponyme, on comprend très bien pourquoi Éli Bissonnette a accepté de le reprendre dans sa boîte.

Avec la complicité de Martin Chouinard à la réalisation et aux arrangements, Jimmy Hunt propose 13 chansons folk et countryesques avec une touche de chanson française. Des pièces qui parlent du sujet «le plus commun et plus vieux de l'unanimité»: l'amour. «Il y a un patchwork de clichés, c'est parfois fleur bleue. Il y a presque du Joe Dassin dans certaines pièces», lance Jimmy Hunt.

A-t-il l'impression de dévoiler sa vie amoureuse au grand jour? «Je me sens tout nu dans la rue, les gens sont dans ma chambre, blague-t-il. C'est au je, mais c'est aussi l'histoire de personne... c'est fait pour que les gens se voient là-dedans.»

Dans les textes, on retrouve l'humour décalé, les histoires d'amour/haine et le style direct - parfois baveux - de Jimmy Hunt. Mariane doit partir tout l'été travailler dans le Wisconsin/J'vais devoir me masturber tous les jours en rêvant à ses mains, chante-t-il.

Avec sa voix de bluesman dandy, Hunt fignole une poésie aussi belle que simple, et il parle parfois de la vie avec beaucoup de justesse, notamment quand il aborde le thème de la jalousie. Je suis jaloux des moineaux pis des loups/Qui te trouvent belle parce que t'es belle.

Les arrangements du refrain de Ça va de soi sont un petit bijou, tout comme ceux d'Innocence et d'Erzuli Freda, une belle évasion instrumentale. Les claviers sombres et rythmés de Sois belle sont aussi un moment fort de l'album, sans compter Mathilde, une ballade un peu gypsie où Hunt met son coeur sur la table.

Musicalement, l'enveloppe sonore des textes est de l'école minimaliste, avec des arrangements et des orchestrations néanmoins très soignés. En studio, Jimmy Hunt a obtenu ce qu'il voulait. «Je voulais un album avec plus d'arrangements. Je suis content parce qu'on aurait pu se perdre là-dedans.»

Que souhaite Jimmy Hunt à son album éponyme? «Je voudrais qu'on ait une bonne année de spectacles, et qu'on puisse aller en France.»