Malajube n'avait pas l'air très impressionné de partir en tournée aux États-Unis, en janvier 2007. «The Sainte Catherines l'a déjà fait», disait-il en substance, d'un ton un peu blasé. Après avoir visionné The Soda Machine, documentaire consacré au quasi mythique groupe montréalais, on comprend mieux pourquoi Julien Mineau et sa bande refusaient de se péter les bretelles: The Sainte Catherines possède une feuille de route pour le moins impressionnante et son histoire est un véritable feuilleton punk rock.

Oui, The Sainte Catherines a tourné aux États-Unis. Une dizaine de fois, disent-ils. En Europe aussi, trois fois. Hugo Mudie et Fred Jacques, les deux seuls membres originaux du groupe, ont plus de 600 spectacles dans le corps. Taillés dans le punk rock pour de vrai, ces deux gars-là. Il le faut pour avoir survécu à autant de tournées effectuées dans des conditions qu'ils disent abominables (on les croit), à une foule de changements de personnel et à autant de problèmes mécaniques avec leur camion de tournée.C'est l'opiniâtreté des Sainte Catherines qui est mise en valeur dans le documentaire de Sophie Fortier et Audrey Gauthier, même si les chansons occupent une grande place. L'approche chronologique, bien que classique, permet de montrer clairement l'évolution musicale du groupe, alors que ce n'est pas le sujet du film. Ce qui compte, ce sont toutes ces entrevues soigneusement juxtaposées, où plusieurs acteurs de l'histoire - dont plusieurs anciens musiciens - racontent leur version de l'histoire.

Une constante: ce n'est pas facile et ce n'est pas payant. Même une fois signé sur une grosse étiquette punk rock, Fat Wreck Chords (NOFX, Against Me, etc.), Hugo n'a pas honte de raconter qu'il n'a pas une cenne. Il y a des gars qui sont partis parce qu'ils étaient «tannés de manger des raviolis froids dans une cacanne». Il y en a qui ont voulu étudier ou faire des enfants. Vu de si près, la vie rock'n'roll paraît encore romantique, mais vraiment pas glamour. Un regard intéressant. (DVD en magasin mardi prochain)

Faut que ça sonne!

The Sainte Catherines a commencé sa carrière sous le nom Concrete Fungus. Eux, ils trouvaient ça drôle. Les autres trouvaient souvent que c'était un très, très mauvais nom de groupe. Dans Rock Formations, David Wilson montre que Hugo Mudie n'a pas été le seul à errer en voulant trouver un nom qui sonne. Pearl Jam a failli s'appeler Mookie Blaylock, d'après un joueur de basketball. Daft Punk a commencé à se produire sous le nom Darlin'.

Ces deux groupes auraient-ils conquis la planète avec ces noms s'ils n'avaient pas changé d'idée? Impossible de le savoir. Mais il est clair qu'un bon nom de groupe (ou d'artiste), c'est une bonne carte de visite. Metallica, ça sonne métal. Jorane, c'est pas mal plus original que Johanne. Même sans en avoir jamais entendu parler, on est plus tenté d'écouter les chansons d'un groupe qui possède un nom qui palpite, comme Loco Locass, qu'un nom aussi ennuyeux que Longue Distance.

Ne m'écrivez pas pour me dire que Rock Formations a été publié il y a quatre ans, je sais. Mais on ne me l'a offert qu'il y a deux semaines et, depuis, je passe mon temps à le feuilleter. Pour y découvrir des infos cocasses (Ugly Kid Joe a choisi son nom pour se moquer de Pretty Boy Floyd, dont il faisait la première partie) ou corriger des choses que je croyais vraies. Saviez-vous que Nine Inch Nails n'est pas une référence à la taille de l'engin de M. Reznor?