Propulsée par le rythme et les performances incendiaires, la machine Buckwheat Zydeco débarque au Festival international du blues de Tremblant. Gros party en vue!

Stanley Dural, alias Buckwheat Zydeco, célèbre ses 30 ans en tant que groupe avec un nouvel album, son vingtième, Lay Your Burden Down. Avec, en toile de fond, Katrina, la vilaine briseuse de digues.

 

«Les chansons de Lay Your Burden Down me semblent appropriées en regard des changements vécus en Louisiane depuis l'ouragan Katrina et les mettre en perspective, c'est un peu pour éviter que cette tragédie ne sombre dans l'oubli», dit Stanley Dural, le roi incontesté de la musique créole louisianaise.

Né il y a 62 ans dans le sud-ouest de la Louisiane, Dural anticipait depuis longtemps, comme ses semblables, cette vision apocalyptique. «Les dommages dans mon patelin n'ont pas été aussi répandus qu'à La Nouvelle-Orléans ou au Mississippi. Mais la vérité, c'est que plusieurs années après les événements, plusieurs personnes sont encore sans abri malgré l'aide de gens venus de partout.»

Vingt albums

Ce vingtième disque, donc. Des chansons de Memphis Minnie (When the Levee Breaks, popularisé par Led Zeppelin), Bruce Springsteen (Back in Your Arms), Jimmy Cliff (Let Your Yeah Be Yeah), Captain Beefheart (Too Much Time) et J.J. Grey and Mofro (The Wrong Side). Du coup, on est surpris de la sélection de son vingtième opus, puis l'instant d'après, on l'est moins.

Passée à la moulinette Buckwheat, toute interprétation semble plus humide et caniculaire. Plus transcendante aussi: jadis, sa version épique de Hey Joe magnifiée à l'accordéon et au frottoir (washboard) est devenue aussi nécessaire que celle de Jimi Hendrix.

Buckwheat Zydeco, c'est beaucoup ça: une formation de party huilée au quart de tour qui ne mise pas que sur le riche patrimoine musical de ses prédécesseurs et ses hymnes archi-connus, les Hey Good Lookin', Waitin For My Ya Ya et autres brûlots dansants.

«Ma philosophie en tant que musicien est que tu n'as pas de raison d'être triste, et si tu l'es, que ça ne se reproduise plus!»

Joueur de claviers et d'orgue jusqu'en 1979 avec le pionnier Clifton Chénier, il refuse la couronne qu'on lui prête: «Clifton était le roi de la musique zydeco, il n'y a pas de raison d'avoir un successeur. C'est un peu par hasard si j'ai joué deux ans avec lui et c'est dans ce contexte que j'ai décidé de ne vraiment jouer que de l'accordéon. Je lui dois ça.»

La langue française de la Louisiane, distincte même entres Cadiens et Créoles est, comme tous le savent, menacée. «Les nouvelles générations ne parlent plus le français et le créole est appelé à disparaître. Tandis que ce n'est pas le cas avec ma génération. Si vous n'avez plus votre culture et vos racines, vous êtes foutus. L'identité, c'est très important», plaide Dural.

Mercenaire de la route, répondant à l'incessante demande des promoteurs de festivals partout sur la planète, la carrière de Buckwheat Zydeco semble sans date de péremption. «J'adore faire des tournées pour voir les visages des gens qui ont du plaisir et qui dansent, je carbure à cela.»

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Buckwheat Zydeco, ce soir, 21h, scène Molson Ex, au Festival international du blues de Tremblant.

 

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